L’ambassade d’Allemagne au Togo : Volker Berresheim dans la récidive

Politique

Publié le dimanche 21 juin 2015 | Togo Online

© aLome.com par Parfait
Günter Nooke, Représentant spécial de la chancelière Angela Merkel a effectué une nouvelle visite à Lomé où cours de laquelle il s’est entretenu avec le président Faure Gnassingbé.
Lomé, le 31 mai 2015. Ambassade d`Allemagne au Togo. Conférence de presse de Günter Nooke pour détailler les contours de son nouveau séjour diplomatique, en présence de plusieurs membres du corps diplomatique accrédité au Togo.

Vos outils

REAGISSEZ

Vidéos

L`UFC attend l`amélioration sensible du quotidien des Togolais durant le 3ème quinquennat de Faure Gnassingbé, dixit Jean-Luc Homawoo

- 6/5/2015

Dans le dossier

Activités des partis politiques 2015

«Où en Afrique vous avez sur le plan de la gouvernance politique, de la paix, du processus de démocratisation, du développement économique un seul pays qui fait mieux que le Togo ». On se rappelle encore de cette déclaration du diplomate allemand au Togo. Une délégation du Combat pour l’Alternance Politique en 2015 (Cap 2015) conduite par Jean-Pierre Fabre et Me AbiTchessa a rencontré le 16 juin dernier l’ambassadeur de l’Allemagne au Togo, Volker Berresheim.

Cette rencontre qui a duré 2 heures d’horloge était l’occasion pour Cap 2015 « d’élever une vive protestation et de marquer une totale désapprobation » de ses propos du diplomate allemand tenus le 31 mai dernier en marge de la réception offerte à Gunter Nooke à la résidence de l’Ambassade à Lomé.

«La délégation a exprimé au diplomate allemand combien les populations togolaises sont choquées, scandalisées et blessées d’entendre des responsables politiques de la République Fédérale d’Allemagne (RFA) citer le Togo comme le modèle pour la démocratisation en Afrique et affirmer qu’il n’y a aucun pays en Afrique qui fait mieux que le Togo; quand le monde entier sait que le parti Rpt/Unir au pouvoir se maintient de père en fils par le coup de force électoral, la violence politique, le tribalisme, l’arbitraire, la violation de la Constitution et des lois, l’instrumentalisation des institutions de la République, le pillage des ressources nationales, la corruption », lit-on dans un communiqué du Cap 2015.

Malgré les vives protestations que cette réaction a pu susciter au sein de l’opinion, l’homme qui voit, plus que les citoyens, le Togo comme le meilleur des mondes où tout va pour le mieux, récidive. Mercredi dernier les diplomates occidentaux accrédités au Togo étaient à Lomé en terre européenne dans les locaux de la délégation de l’union européenne pour une rencontre avec la presse.

L’Europe célébrait la journée de la diplomatie du climat. Volker Berresheim, ambassadeur de l’Allemagne au Togo était aussi là aux côtés de ses pairs de la France et de l’Union européenne pour parler aux journalistes des changements climatiques et de la COP 21 de Paris.

Des changements climatiques, l’Allemand a voulu « corriger » les anomalies de sa déclaration scandaleuse. Visiblement, il réitère ses propos. «Après la présidentielle, j’ai fait comme c’est le devoir d’un ambassadeur d’avoir les contacts avec toutes les forces politiques de ce pays, que je n’ai pas fait dans la période avant les élections pour accusé d’être que l’Allemagne ne soit partisane de tel ou tel. La démocratie ne peut pas être déterminée par les autorités, elle est toujours déterminée par la qualité de l’opposition.

Si l’on veut que le Togo avance sur le plan de la démocratisation, c’est important que tout le monde puisse en jouir. J’ai eu une rencontre avec une délégation du CAP 2015 chez moi. Tout d’abord j’ai dû expliquer et corriger, les impressions qui ont été créées, et des choses que j’ai répétées ; j’ai parlé du point de vue allemand (pas de point de vue togolais) d’un observateur qui regarde le continent aujourd’hui. Après les expériences, la dernière présidentielle au Togo n’était pas pareille à des élections dans le passé.

Ça a été constaté par les observateurs de la CEDEAO avec un résultat dont on ne peut pas douter. Les résultats de la présidentielle nous donnent l’impression que le Togo avance sur le plan de la démocratisation. Au cours de ce processus encourageant d’un point de vue de l’étranger, je constate et je le dis, on a l’impression que le Togo est sur le chemin de devenir un modèle, si ça continue comme ça, sans ébullition, sans qu’on ne brûle le parlement. Je n’ai pas dit que le processus était idéal, peut-être qu’il y a des choses qui sont critiquées, et qu’il faut tenir compte dans d’autres occasions dans l’avenir ».

Tout ce que l’on sait, c’est que la chancelière allemande n’a pas été élue à l’issue d’une élection où les procès-verbaux sont falsifiés, les bulletins de vote et spécimens prévotés et les urnes bourrées. Aux pays des grands penseurs de la chose politique à l’instar de Hegel, de Kant, de Jürgen Habermas, la succession au pouvoir ne se fait pas de façon héréditaire. Mais par voie consensuellement démocratique.

Ce n’est pas parce que la dernière élection présidentielle s’est déroulée sans heurts, sans violence que c’est démocratique. Sinon que peut-on dire du forcing de Taffa Tabiou au soir du 28 avril qui donnait des chiffres qui ne tombaient presque pas. Sur la chaîne nationale le monde entier a assisté la scène spectaculaire, lorsque le vice-président de la Ceni a fait son apparition sur l’écran en direct pour tenter d’empêcher l’arbitraire. Soutenir qu’un Togo sous les clans des Gnassingbé est un modèle, un pays classé comme la première dictature en Afrique, le pays le plus misérable au monde, c’est peut-être dire même sous Hitler, l’Allemagne était Etat démocratique.

En tout cas la délégation du Cap 2015 « n’a pas manqué de rappeler à l’ambassadeur que c’est le même régime Rpt qui a tiré sur les manifestants pacifiques à Lomé en présence d’un ministre allemand de la Coopération, abattu un diplomate allemand en poste au Togo, incendié l’Institut Goethe de Lomé et massacré les populations togolaises (au moins 500 morts selon les Nations Unies) pour conserver » le pouvoir en violation des accords, même si 85% des Togolais veulent l’Alternance. Décidément, pour ce diplomate Allemand « il ne reste à l’opposition, à la société civile comme au Burundi à exiger son départ », peste un observateur.

PCK
L’ALTERNATIVE – N°433 du 19 Juin 2015 ... suite de l'article sur L'Alternative

Commentaires