L’enthousiasme et l’émotion étaient au rendez-vous, dimanche soir à Turin, lors de la rencontre du Pape François avec les jeunes qui lui ont posé leurs questions. Le Saint-Père est descendu de la tribune pour saluer des enfants et des handicapés qui lui ont offert des bracelets colorés et des dessins. Ils étaient quelque 90 000 sur la Piazza Vittoria, la plus grande d’Europe, où le Pape François avait déjà rencontré le monde du travail dans la matinée.
Dans un discours improvisé, plusieurs fois interrompu par les applaudissements, il a condamné une fois encore l’hypocrisie de ceux qui parlent de paix et qui fabriquent ou vendent des armes. Citant des exemples dramatiques, il a appelé les jeunes à « vivre pleinement plutôt que de vivoter, comme ces jeunes qui vivent comme des végétaux, qui vont à la retraite à 20 ans. »
Le Pape s'est fait le porte-voix des questions de la jeunesse sur les erreurs de leurs aînés, notamment dans certaines situations historiques. « Pourquoi les alliés n’ont-ils pas bombardé les lignes de chemin de fer qui conduisaient aux camps où on tuait les juifs, les homosexuels et les roms ? Et pourtant ils avaient des preuves.
Pourquoi les grandes puissances n’ont-elles pas arrêté le massacre des arméniens, plus d’un million de personnes », s’est interrogé le Souverain Pontife en dialoguant avec les jeunes. « Et les chrétiens tués par Staline alors que les grandes puissances se partageaient l’Europe comme un gâteau ?»
« Aujourd’hui nous vivons une guerre mondiale par morceaux, et il y a des jeunes désespérés qui sont tentés par le terrorisme », a-t-il rappelé avec tristesse. François comprend la défiance et le découragement des jeunes à l’égard du monde contemporain. « Si on ne fait confiance qu’aux hommes, on a perdu d’avance. »
Le Saint-Père a par ailleurs demandé aux jeunes de « faire l’effort de vivre de manière chaste, même si c’est une parole impopulaire dans un monde hédoniste, où la publicité vante le plaisir. Mais l’amour est un service et il ne faut pas profiter de son partenaire. Il faut avoir le courage d’aller à contre-courant.» Le Pape ne veut pas « passer pour un moraliste mais il doit dire la vérité, que ce que l’on essaye de nous vendre est du verre et pas des diamants. » Le Pape a enfin exhorté les jeunes à ne pas être naïfs, mais courageux et créatifs, à sortir, à ne jamais s’arrêter et à aller toujours de l’avant.