Togo - La dernière apparition publique de Faure Gnassingbé remonte au 5 juin. Deux semaines plus tard, la situation du chef de l’État demeure un mystère, tandis que le Togo et la sous-région bruissent de rumeurs alarmistes.
«Informez-moi si vous parvenez à avoir des éléments sur la localisation du président. Moi-même je suis sans nouvelles depuis deux semaines », a confié le 22 juin à Jeune Afrique un très proche conseiller du chef de l’État togolais. De fait, les spéculations sur la santé actuelle de Faure Gnassingbé vont bon train. Surtout sur les réseaux sociaux, mais pas seulement.
Vu pour la dernière fois en public le 5 juin 2015 – il était alors à Accra où il a rendu visite aux rescapés de l’explosion d’une station d’essence -, le chef de l’État réélu fin avril pour un troisième quinquennat reste invisible plus de deux semaines après. Même certains de ses pairs de la sous-région commencent à s’inquiéter.
Inquiétudes en Afrique de l’ouest
«Plusieurs chef d’États ouest-africains ont tenté en vain de joindre leur collègue togolais, surtout depuis son absence au 25e sommet ordinaire de l’Union Africaine qui n’est tenu les 14 et 15 juin 2015 à Johannesburg », indique à Jeune Afrique une source diplomatique haut placée. De fait, dans une zone qui a affronté plusieurs crises majeures, comme celle du Mali, aucun dirigeant ne souhaiterait revivre le stress de la succession d’Eyadema Gnassingbé en 2005.
Le 16 juin pourtant, Victoire Dogbé, directrice du cabinet présidentiel, assurait que tout allait pour le mieux. « Le président se porte bien et a travaillé avec certains collaborateurs toute la journée ». Quelques jours après, l’édition en ligne de Focus Info, un journal local généralement bien informé des nouvelles du palais de Lomé II, revenait sur les rumeurs alarmistes concernant Faure Gnassingbé, et indiquait que ce dernier était non seulement présent dans la capitale togolaise, mais qu’il avait fait son habituel footing avec un de ses proches amis, patron de la succursale d’une grande multinationale à Lomé.
Nouvelles rassurantes ?
Une source proche de la famille présidentielle assurait également lundi 22 juin à Jeune Afrique que Faure Gnassingbé était bien à Lomé et « en très bonne santé ». Aucun commentaire n’a néanmoins filtré, même en off, sur les rumeurs d’AVC dont il aurait été victime. Ailleurs, on indique que le « Patron » aurait fait passer le message à ses proches collaborateurs de ne rien communiquer sur sa situation pour « laisser les adeptes des rumeurs fantaisistes poursuivre leur oeuvre macabre ». Certains ministres, contactés par nos soins, refusent même d’aborder le sujet, expliquant qu’il ne s’agit là que « de bassesses de certaines personnes qui souhaitent affronter le mort plutôt que le vivant ».
Aux abords du palais présidentiel de Lomé II, « le dispositif de sécurité est le même et des éléments de la garde rapprochée du chef de l’État sont présents », indique un journaliste togolais, « signe que le maître des lieux est bien présent à son bureau », croit-il savoir. Si cette présence s’avérait exacte, Faure Gnassingbé saura-t-il expliquer à ses compatriotes sa subite disparition ?
Maladie, vacances, retraite spirituelle… Le feuilleton peut connaître très vite son épilogue… ou de surprenants rebondissements. Ce n’est pas la première fois que des bruits alarmistes circulent sur la santé du président togolais. Fin novembre 2012, alors qu’il effectuait un voyage d’État en Israël, des rumeurs persistantes, toujours relayées par les réseaux sociaux, avaient annoncé son décès « après une brève hospitalisation dans un hôpital de Tel Aviv ».
Une destination qui pouvait alimenter les fantasmes puisque feu le président Eyadema Gnassingbé avait l’habitude de s’y rendre pour soigner ses yeux. Mais le 1er décembre, moins d’une semaine après le début de la polémique, Faure Gnassingbé était « rentré triomphalement » à Lomé, accueilli par des centaines de partisans en liesse. « Je me porte bien. Je suis désolé qu’ils soient déçus », avait-il lancé à l’endroit des théoriciens de son décès. Reste qu’en 2012, le silence radio du chef de l’État n’avait duré que quelques jours.