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Bataille autour de l’argent dans les confédérations syndicales, cas du CSTT
Publié le mardi 23 juin 2015  |  icilome


© AfreePress par DR
Sébastien Tévi Ayikoué, secrétaire général de la Confédération des Syndicats des Travailleurs du Togo (CSTT)


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Togo - La société togolaise se caractérise et se particularise aujourd’hui par l’abandon des valeurs morales au profit des comportements pernicieux qui, malheureusement, se répandent dans les relations. Les gens prennent plaisir à normaliser ce qui est anormal, au point de rendre tout confus.

Le Togo, sur les plans politique et social, est montré négativement du doigt. Face à la démission des politiques qui sont incapables de rendre heureux le peuple, les regards sont tournés vers les syndicats. Mais là aussi, grande devient la déception du Togolais. Le syndicalisme est devenu une bataille pour les intérêts. Personne ne semble se préoccuper des conditions de vie et de travail des syndiqués.

Sous d’autres cieux, le syndicalisme a contribué à l’épanouissement des travailleurs, et par ricochet, des populations. Il constitue une force crédible en face des pouvoirs (peu importe leur nature) qui les respectent et même les craignent. Mais ici (Togo), c’est à tout le contraire qu’on assiste. Les responsables syndicaux ont « vendu » la force syndicale pour le ventre.

Dès qu’ils sont mis à la tête de ces organisations, ils n’ont l’idée que sur l’argent des partenaires, sur la caisse du syndicat et les nombreux voyages en Europe, au point d’oublier l’objectif pour lequel ils sont arrivés à la tête de ces organisations, la défense et la protection des droits des travailleurs ou des syndiqués.

C’est le cas de la Confédération syndicale des travailleurs du Togo (CSTT) où on s’occupe plus aujourd’hui à mener une guerre autour du détournement d’une somme de 300 millions de F CFA qu’à se pencher sur les problèmes des membres de ce syndicat. Le Conseil syndical extraordinaire convoqué le mercredi 20 mai dernier s’est transformé en pugilat où ceux que le bureau syndical aime appeler « les rebelles » (on les appelle encore le Groupe 2) et qui réclament la tête du Secrétaire général Sébastien Ayikoué Têvi n’ont pas voulu qu’on perde du temps à écouter le rapport de la Commission spéciale mise en place au Conseil syndical du 13 août 2014 pour faire la lumière sur l’affaire de détournement.

Le Groupe 2 indique que ce rapport ne reflète pas véritablement les malversations financières orchestrées à la tête du syndicat par le Secrétaire général. A l’en croire, le comptable aurait caché des documents relatifs à ces malversations lors de l’audit. Et donc, le rapport que s’apprêtent à publier le Secrétaire général et son groupe est inutile à l’étape actuelle des choses.

A contrario, ils préfèrent qu’on aille à l’essentiel, la présentation du rapport d’audit financier et des systèmes de la CSTT effectué par le cabinet international Deloitte de Belgique. Il faut préciser que c’est suite à un accord signé en janvier 2015 entre le bureau confédéral, les frondeurs et le partenaire CNV International que cet audit a été effectué.

Après avoir longtemps nié les détournements, le bras droit de Têvi Ayikue, Komlanvi Agbo, reçu dans une émission sur la TV7 avec l’un des « frondeurs », Emmanuel Agbenou, sous la pression des contradictions a lâché le morceau. Les documents brandis à l’écran par son contradicteur, attestent que le Secrétaire général de la Cstt a reçu de la caisse de la Confédération de l’argent de façon fantaisiste au nom de certains syndicats membres notamment la FTBC, le SYNPHOT, SYNPHOCA pour financement des projets de formation. Et face aux preuves apportées, le secrétaire adjoint qui, dans un tâtonnement a laissé croire que ces fonds retirés fantastiquement sont au fait, des jonglages que le Secrétariat général, se donne la peine de faire pour pouvoir prendre en charge les frais du personnel. Et c’est justement par une plainte d’un syndiqué que le comptable qui n’en pouvait plus de cautionner la forfaiture du successeur d’Adrien Béléki, qui a mis le feu aux poudres.

Les violentes altercations survenues entre le groupe 2 et l’autre groupe favorable au Secrétaire général au Conseil fédéral du 20 mai qui n’a pu aller à son terme, n’augurent pas de bons lendemains pour ce syndicat. La crise à la Confédération syndicale des travailleurs du Togo reste donc entière. Le dénouement n'est pas pour aujourd'hui.

Il y a quelques jours, le groupe, face aux médias, a prononcé la destitution du bureau de Sébastien Ayikoué. Selon ce groupe, la CSTT n’a plus de bureau, et il se prépare pour une nouvelle assemblée générale pour l’élection d’un nouveau bureau.

Hier, le Secrétaire général, de retour d’un voyage qui l’a conduit à Génève, remet cette décision du groupe 2 en cause et l’accuse de verser dans le dilatoire. « Au nom de quoi ce groupe peut-il se permettre de destituer le bureau confédéral ? Le CSTT est composé des organisations syndicales et non de personne ou d’individus », a-t-il pesté. Et il a ajouté, voulant ridiculiser les frondeurs : « Je me demande s’ils savent lire un rapport financier ».

Ainsi, au lieu de faire profil bas et apporter les preuves de son innocence (s’il l’est vraiment), le Secrétaire général se plaît dans des menaces et autres à l’encontre de ses contradicteurs. C’est au Togo qu’on peut voir cela, comme l’a fait remarquer un observateur.

Et pendant que les uns et les autres se battent pour de l’argent et d’autres intérêts inavoués, des membres des syndicats affiliés à cette confédération souffrent des conditions dégradantes et inhumaines qu’on leur inflige sur leurs lieux de travail. Les employés de la société de fabrication des mèches Nina continuent d’être brimés, opprimés et maltraités par l’employeur. Tout récemment, un employé, jeune femme d’à peine la trentaine, Agbalégnon Ayawa, a succombé (le 30 janvier 2015) des conditions pénibles à elle imposées par son supérieur.

Et pourtant, ces employés ont un syndicat qui est membre de la CSTT. Mais cette dernière ne fait presque rien pour venir en aide à ces pauvres. Le décès de cette jeune femme n’a visiblement pas interpellé les responsables de la Confédération, ne serait-ce que pour soutenir le syndicat membre, afin que ces employés puissent obtenir un minimum de conditions acceptables pour leur quotidien au travail. Comme ces employés de Nina, beaucoup d’autres syndicats d’employés de la zone franche sont membres de la CSTT.

Mais ils continuent d’être marginalisés ou traités comme des bêtes de somme par leurs employeurs, au nez et à la barbe des responsables de la confédération qui sont plus attirés par l’odeur de la caisse.

Cette situation n’est pas typique à la CSTT. C’est malheureusement ce qui se passe au sein des syndicats au Togo. Des groupes d’intérêts se créent et n’ont d’autres objectifs que de se hisser au sommet, là où l’argent des partenaires passe. Souvent, ces groupes d’intérêts se heurtent à ceux qui sont déjà perchés au sommet et dont les délices leur ont enlevé toute envie de quitter la gestion calamiteuse installée dans ces organisations. C’est ce qui déclenche les conflits et fragilise l’action de ces syndicats auprès des employeurs.

On connaît aujourd’hui les conditions dans lesquelles travaillent les ouvriers dans les sociétés minières. Visiblement, on se rend compte que le syndicat auquel ils appartiennent, le Syndemine, n’a pas de voix face aux employeurs qui sont pour la plupart des expatriés qui viennent soumettre les Togolais à l’esclavage. La réalité est là, palpable dans le Vo avec les phosphates, Tabligbo avec le calcaire, Bangéli avec le fer, pour ne citer que ces exemples. Dans toutes ces localités, les ouvriers émettent des cris de détresse que personne ne semble entendre.

Et pourtant, ils appartiennent à des syndicats qui se retrouvent membres des confédérations syndicales, CSTT surtout, qui disent lutter pour leur bien-être. Parfois, ces confédérations lancent des préavis de mots d’ordre qui n’ont d’effets que le jour où ils en parlent. On se rend compte souvent plus tard que ce sont des chantages que ces confédérations orchestrent pour se faire appeler ensuite par l’employeur ou l’Etat pour la manne.

Celle-ci tombe en effet. Les préavis de grève, on n’en entend plus parler. Les choses reprennent comme si de rien n’était. Et les employés, eux, reprennent avec leur calvaire, puisqu’entre-temps, l’employeur ne trouvant pas un interlocuteur valable en face, redouble d’ardeur dans les mauvais traitements à l’endroit des employés.

C’est cette situation qui a entraîné la naissance de la Synergie des travailleurs du Togo (STT) qui se trouve être un interlocuteur de taille en face du gouvernement. Ce dernier ayant mis tous les syndicats dans un panier à crabes, la STT est devenue une force incontournable, dont les responsables ont été plusieurs fois objet de tentatives de corruption mais tiennent bon pour le moment.

Il est clair aujourd’hui que ceux qui n’ont plus aucune crédibilité aux yeux de l’employeur (gouvernement) se bousculent dans l’ombre pour mettre des bâtons dans les roues de la synergie et veulent l’entraîner dans le panier de la honte.

Voilà comment fonctionnent les syndicats dans ce pays. On assiste au Togo à syndicalisme d’intérêts, du ventre où la lutte se fait autour de la caisse de l’organisation au détriment du bien-être des membres. Pendant ce temps, la misère prend en otage les syndiqués qui subissent quotidiennement des traitements inhumains et dégradants sur leurs lieux de travail.

I.K.

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