Togo - L’information est pratiquement passée inaperçue, et pourtant un événement majeur a eu lieu le 22 juin dernier au sein de la prison civile de Lomé. Des chants de guerre entonnés en Ibo, Yorouba et en anglais par des détenus de nationalité nigériane, ont retenti au sein de la prison civile de Lomé le 22 juin.
Les détails nous sont donnés par l’une de nos sources introduites au sein de cette maison de détention de Lomé. « Le mardi 22 mars 2015 peu avant midi, le personnel de l'administration pénitentiaire et les éléments de la Sécurité de l'administration pénitentiaire (SAP) ont été attirés par des chants guerriers qui fusaient de l'intérieur de la prison civile de Lomé, précisément à l'avant de la cour menant la porte de sortie», indique notre source, témoin oculaire de ces événements.
Ces chants entonnés en langue Ibo, anglais et Yorouba exprimaient à la fois la douleur et la colère. Les détenus de nationalité nigériane, avaient décidé de s’insurger contre la mort de l’un des leurs des suites d’une « banale » maladie.
Il s’agit du détenu EJIKÉ MARTIN'S, gardé à la prison civile de Lomé sans jugement depuis le 12 décembre 2013. « Tombé malade, il a fallu deux semaines de tracasseries administratives et de négociations avant qu'il ne soit évacué vers le CHU Sylvanus Olympio le 19 juin 2015 au lieu-dit Cabanon. Et pour pouvoir être évacué, la communauté nigériane de la prison a dû procéder à la cotisation de la somme de 10 000 F cfa pour que les premiers soient puissent lui être administrés. Mais arrivé au cabanon, faute de place il se retrouva à même le sol. Le lendemain, la communauté procéda à une nouvelle quête de 40 000 F cfa pour que des analyses soient faites et pour qu'il puisse payer les médicaments prescrits. Mais malheureusement, il rendit l’âme ce même jour du 22 juin sans avoir pu rencontrer un médecin depuis son admission au cabanon. Il est le 7ème Nigérian décédé à la prison civile de Lomé », rapporte notre témoin plein d’amertume.
Les manifestants ont exigé à rencontrer l’ambassadeur du Nigéria au Togo, ce qui fut fait ce mercredi 23 juin peu avant 13h. L’ambassadeur en poste à Lomé depuis seulement quatre mois a eu des échanges avec ces détenus en présence des autorités de l'administration pénitentiaires.
Il a promis de faire de son mieux pour intervenir auprès des premiers responsables togolais pour qu’une « solution humaine puisse être apportée à leur condition de vie ».
La prison civile de Lomé est régulièrement pointée du doigt par des organisations de défense des droits de l’Homme pour les conditions de vie difficiles des détenus et le taux de mortalité qui y est très élevé.