Le photo-reportage Les ébouillantés me replonge plus de 25 ans en arrière, lorsque je découvre le Togo à l’occasion d’un voyage humanitaire. J’y fais alors la rencontre d’autochtones à qui je décide de rendre visite l’année suivante. Lors de ce second séjour, à l’été 1989, je rencontre une infirmière psychiatre qui me fait découvrir une alternative africaine aux soins apportés aux pathologies mentales.
Dans un village près de Sokodé, nommé Tchalo, nous rencontrons un marabout qui nous explique que ces maladies sont dues à la possession des individus par des démons appelés djinns. Là bas, le combat entre les possédés et leurs djinns fait rage et l’on y emploie des moyens radicaux pour faire fuir les mauvais esprits du corps possédés.
Ce village, en lisière d’une forêt de teck, regroupe non seulement les malades mais aussi leurs familles, en charge du bon déroulement de la thérapie (soin, nourriture etc.), le tout sous la houlette du marabout qui veille à ce que les soins rituels soient chaque jour consciencieusement appliqués.
C’est ainsi que des mois durant, les patients de Tchalo s’aspergent matin et soir d’eau bouillante afin d’obliger le djinn à quitter ce corps devenu inhospitalier, au risque de contracter de graves brûlures. Les plaies sont ensuite soulagées et soignées par des onguents et décoctions, que seuls des Peuls (ethnie togolaise) savent concocter.
Cette série de photographies a été rendue possible grâce l’assentiment du marabout initiateur de la thérapie pratiquée à Tchalo, ainsi qu’à la gentillesse des familles de ce village unique.