De plus en plus de jeunes togolais sillonnent des dépotoirs, à la recherche des débris de ferrailles. Un travail qui n’est pas sans conséquences.
Il ont pour la plupart entre 12 et 15 ans, leur activité, recourir aux dépotoirs sauvages à la recherche des ferrailles ; une matière très recherchée par certains opérateurs économiques au Togo. Ils sillonnent plusieurs dépotoirs surtout publics où des sociétés privées qui remplacent la voirie viennent déverser des tas de monticules.
Les dépotoirs sauvages, on en découvre dans la capitale togolaise et dans les centres périphériques de la capitale. L'un des plus visités se trouve à la sortie Nord-Est de la Capitale, Agoé. En approchant ces immondices, il est difficile de respirer, puisque l'odeur qui s'y dégage est trop nauséabonde. Mais, les habitués, comme ils s'appellent désormais, sans cache-nez ni aucun autre accessoire de protection, n'en craignent pas pour autant. Ils fouillent dans les décombres à main nue sans se soucier de quoi que ce soit.
« Vous parler d'odeur ? Moi je suis un habitué du lieu. On vit de ça. Il n y a pas de problème. Chaque jour, j'arrive à trouver pas mal de ferrailles. Que ce soit des câbles ou des fils des appareils électroniques, je ramasse », raconte Séna, 16 ans, orphelin de père et de mère.
Le jeune garçon qui dit vivre avec sa belle-mère, n'hésite pas à faire savoir qu'il est obligé de recourir à la recherche de la ferraille pour subvenir à ses besoins de la vie quotidienne. « Grâce à mon petit job, j'arrive à donner une partie de ce que je gagne dans la vente des ferrailles à ma belle-mère, et on survit », dit-il.
A peine a-t-il fini de nous raconter son histoire, que deux camions biens remplis arrivent pour déverser un tas de saleté. Séna doit nous quitter puisque voyant d'autres jeune accourir pour se servir.
Outre les enfants, on n'y rencontre des femmes âgées, des pères de familles, bref, c'est la jungle.
Alors que Séna qui vient de nous quitter rejoint ces compères pour s'emparer des décharges d'un camion, deux gaillards, très sales, visiblement les maîtres du coin, sortent derrière un tas d'immondices.
« Hé, quitter là-bas », ordonne l'un des gaillards à un enfant visiblement plus âgé que Séna. Comme une blague, le gaillard retire le butin minutieusement emballé dans un vieux sac de riz, à un ami de Séna. Alertés par les pleurs du jeune homme, les autres n'ont d'autre choix que de quitter les lieux en courant.
Nous avons essayé de rattraper un parmi eux afin de comprendre la raison de leur fuite. « Eux, ils viennent pour chercher les débris de fer que nous cherchons aussi. Mais, ils ont pris l'habitude de nous taper dessus et prendre notre butin. Dès qu'ils arrivent, nous devons quitter les lieux », raconte Noel, un élève en classe de CMI.
Selon Ali, 22 ans, qui sillonne les dépotoirs il y a 3 années déjà, faire ce travail est lamentable. Toutefois, dit-il, c'est un gagne-pain.
« On respire tout, sans aucune protection. Imaginez ce que les camions déversent comme décharge : Tessons de bouteilles, des objets qu'un homme normal, qui vit bien ne voudra jamais approcher, c'est ce que nous autres on côtoie. Contre combien ? », s'interroge le jeune homme, qui, faute de moyens financiers a dû abandonner ses études.
Si pour certains comme Ali les conditions de travail sans difficile, il n'en est pas de même pour d'autres qui préfèrent évaluer le travail à sa finalité.
« Depuis que je fais ce travail, je gagne par jour, 500 voire 1000 fcfa. Avec ce bénéfice, je ne me plains pas. Je profite pour faire Tontine, je cotise 300fcfa/jour », nous raconte Séna que nous avons pu rattraper.
La vente
Sur le marché, un kilogramme de ferraille revient à son propriétaire à 100 fcfa si c'est le fer pur. Mais, s'il s'agit des boîtes de conserves, un Kilo revient à 50 FCFA ; 200 à 300 fcfa l'unité lorsqu'il s'agit des chaises en plastiques cassées. Le produit récolté est ensuite vendu à des grandes qui, soit les revendent sur place, soit se chargent de son exportation en direction des pays comme l'Inde, la Chine et l'Arabie Saoudite.
A la base, elles n'étaient qu'environs une vingtaine de sociétés à s'intéresser à l'achat du produit proposé par les jeunes chercheurs. Mais depuis 2009, on les compte à plus d'une centaine. Elles ont des ramifications partout sur le territoire togolais pour acheter la ferraille.
« Notre société peut récupérer jusqu'à 850 tonnes de ferrailles par mois et fait des cargaisons en direction des pays comme l'Inde, la Chine et l'Arabie Saoudite etc », nous a fait savoir Mawubedjro, qui travaille pour le compte de son père.
Aujourd'hui, le business de la ferraille attire de plus en plus de jeunes. De nombreux élèves ayant déjà fini les examens, ne perdent pas de temps. Ils se lancent trop tôt dans cette activité qui n'est pas sans conséquence en termes de santé.
Afin de freiner l'aventure des enfants qui font recours aux dépotoirs à la recherche de ferrailles, les autorités (Ndlr: les ministres du Travail, de la Santé et de la Protection de l'Enfance) avaient pourtant décider de monter au créneau, évoquant les risques de maladies que courent les jeunes mineurs en fouillant dans les dépotoirs et en rappelant aux parents la législation togolaise sur le fait de laisser travailler des enfants.... suite de l'article sur Autre presse