Togo - Il a été l’une des déceptions des organisations de défense des droits de l’Homme au Togo. Yacoubou Hamadou, après 7 ans passés au gouvernement, vient d’être évincé.
Président de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH) avant son entrée au gouvernement en septembre 2008, M. Hamadou, considéré comme un fin défenseur des droits de l’Homme, s’est vite mué en griot du régime qui l’a débauché.
Aux premières heures de sa nomination, ses collègues de la LTDH, scandalisés, ne lui ont pas fait de cadeau en matière de critiques. Mais l’homme, sachant la mission (griotisme) pour laquelle il a été appelé, avait fait fi de toutes ces critiques.
« Je suppose que ceux qui me critiquent sont de bonne foi et qu'ils ont été réellement déçus par mon départ, mais je tiens à les rassurer. Si j'ai accepté d'être ministre c'est parce que je sais qu'à ce poste je pourrai mieux défendre la cause des associations de défense des droits de l'homme », avait-il déclaré sur la télévision nationale en décembre 2008, trois mois après sa nomination.
A la LTDH, Yacoubou Hamadou était parmi ceux qui critiquaient le pouvoir pour les situations de non respect des droits de l’Homme dans le pays. Mais quelques jours seulement au gouvernement lui avait fait changer d’avis.
« Le Togo a fait des progrès remarquables en matière de droits de l'homme, même si du chemin reste encore à parcourir », avait-t-il indiqué. Des propos qui ont été des signes annonciateurs de la nouvelle personnalité de M. Hamadou dans ses aventures avec le régime RPT/UNIR.
Et depuis, l’homme est devenu méconnaissable, surtout pour ses amis d’hier qui luttaient avec lui pour le respect des droits de l’Homme.
Sa nouvelle tâche, c’est de prendre partie pour sa « nouvelle maison ». On l’a plusieurs fois vu dans ses prises de positions face aux revendications des travailleurs. Le pseudo défenseur des droits de l’Homme trouvait que les travailleurs n’ont pas le droit de faire de la grève pour revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail.
Son intervention qui a scandalisé l’opinion nationale et internationale, surtout les défenseurs des droits de l’Homme, reste sa déclaration sur l’assassinat des deux élèves à Dapaong, Anselme Sinandare et Douti Sinalengue. Pour Yacoubou Hamadou, Douti Sinalengue était décédé des soins que lui administrait le médecin.
Alors que tout le monde savait que cet enfant est mort après avoir reçu des coups de bottes des éléments des forces de l’ordre dans l’abdomen. Même le rappel à l’ordre de grands professeurs et docteurs en médecine n’a pas suffi à faire descendre l’homme de son piédestal.
Il a continué ses bourdes. Il est même versé dans le négationnisme, niant les évidences qui sautent aux yeux de tous.
Aujourd’hui, Yacoubou Hamadou est loin du gouvernement. Il n’a pu être reconduit dans la nouvelle équipe que dirige Selom Klassou. Faure Gnassingbé a-t-il eu assez de son zèle ?
En tout cas, les mauvaises langues indiquent qu’il trouvera à faire, puisqu’il est après tout un avocat. Peut-être que ses collègues l’attendent au barreau.
