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Le Togo, champion de l’évasion fiscale en Afrique
Publié le mardi 30 juin 2015  |  Le Temps


© aLome.com par Parfait
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Lomé, le 26 juin 2015. Quelques mutations que l`on ne peut pas manquer dans le nouveau visage que présente la capitale togolaise.


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Un rapport du Global Financial Integrity (GFI) considère le Togo comme le pays où il y a le plus d’évasion fiscale en Afrique et la tête de pont du libéralisme sauvage et criminel en Afrique. Plus de 1824 millions de dollars US en 9 ans. Les chiffres donnent le tournis, car l’évasion fiscale dépasse chaque année le budget de l’Etat estimé à seulement 816 milliards CFA. La situation togolaise est jugée « alarmante « par GFI. Le gouvernement togolais ne fait aucun effort crédible pour contrer cette grande criminalité financière.

Sur 42 pays africains, le Togo est le plus affecté par les flux financiers illégaux qui atteignent une valeur représentant 76,3 % de son PIB, 2435,9 % de son budget en matière d’éducation et 1088,7 % de son budget de santé. Le pays a perdu de 2003 à 2012 plus de 1824 millions de dollars US.

Plus de 1200 milliards CFA s’échappent du Togo selon GFI chaque année, la plupart du temps du fait des multinationales.

Quel est le modus operandi des multinationales ?


Une compagnie étrangère publie de faux chiffres d’affaires pour payer le moins d’impôts possibles. Et elle rapatrie dans son pays d’origine un maximum de profits. Comment ? En mettant en place, par exemple, un système de fausses facturations… Un modus operandi aussi fréquent que confidentiel qui prive le pays hôte de multiples ressources issues des taxations, écrit notre confrère Jeune Afrique.

Ces chiffres représentent des estimations réalisées par des économistes sur la base des données fournies par les grandes institutions financières internationales. Les montants en millions de dollars USD sont établis à partir d’une moyenne des années 2003 à 2012. Les ratios du PIB, du budget de l’éducation et de la santé sont calculés à partir d’une moyenne des années 2008 à 2012. Le système de fausse facturation des grandes entreprises représente la majorité des flux financiers illégaux.

A la lecture du rapport, on tire une première leçon : le Togo est la tête de pont du libéralisme sauvage et criminel qui s’installe en Afrique. Selon plusieurs experts, le pays est un laboratoire du libéralisme en Afrique. La situation géographique du pays- à mi chemin entre les pays de l’hinterland comme le Niger, le Burkina et le Mali, et en moins de 24 heures entre les pays côtiers que la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin et le Nigéria, l’existence d’un seul port en eau profonde dans le Golfe de Guinée, et l’abondance de ressources minières, le Togo suscite la convoitise des requins de la finance et de l’industrie. Bolloré par exemple est arrivé à mettre la main sur le port autonome dont la construction d’un troisième quai aura coûté 300 milliards CFA. Une infrastructure que les contribuables togolais rembourseront pendant 30 années. Le citoyen togolais n’a aucun moyen de contrôle et de vérification des dépenses d’investissements ni sur les activités du Groupe Bolloré. Les ressources minières (Clinker, or, fer) sont exploitées par des sociétés étrangères et la plupart du temps ne figurent pas au budget de l’Etat. Des rumeurs font état du trafic de l’or alors qu’il n’y aucune traçabilité dans le budget.

L’ampleur de l’évasion fiscale suscitait déjà l’inquiétude des bailleurs de fonds et des institutions onusiennes. Au milieu de la première décennie du troisième millénaire, le Pnud avait commandité une enquête du Patronat togolais sur l’évasion fiscale. Le rapport du Patronat l’estimait à 300 milliards CFA, très loin des estimations du FMI et de la Banque mondiale.

Ces fuites de capitaux énormes obèrent le développement économique et social du Togo. Les mesures prises par le gouvernement pour corriger voire annihiler le phénomène sont négligeables. La création de l’Office Togolais des Recettes (OTR, successeur de la défunte Direction générale des impôts) et le Guichet unique (réunion des services des douanes et des impôts) n’ont pas encore fait leurs effets, en dépit d’un accroissement régulier des ressources internes.
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