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Analyse et décryptage du nouveau Gouvernement togolais
Publié le mercredi 1 juillet 2015  |  Togo News


© aLome.com par Parfait
Discours-Programme du PM Selom Klassou devant les parlementaires togolais
Lomé, le 29 juin 2015. Parlement du Togo. Le Discours-Programme du PM Selom Klassou a reçu l`onction de 65 députés, fait face à 7 abstentions et 0 voix contre. Les parlementaires de l`ANC ont boycotté le vote du Discours-Programme du PM Klassou.


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Comme l’on pouvait s’attendre, l’ouverture politique dont avait clamé Faure Gnassingbé lors de la campagne présidentielle n’a pas eu lieu. La nouvelle équipe gouvernementale, la toute première de Selom Komi Klassou n’est rien d’autre qu’un congloméra des caciques du RPT et des jeunes loues du parti UNIR. Bref, un gouvernement à 98% aux couleurs bleues-blanc d’UNIR et à 2% de l’UFC et de la CPP. Ce premier gouvernement compte 25 membres contre 29 dans le gouvernement sortant est composé de 14 ministres sortants et 10 entrées dont 4 anciens ministres. Contrairement à la volonté du chef de l’Etat qui est de faire la parité genre, l’on note dans ce nouveau gouvernement la présence de seulement 04 femmes contre 06 dans le gouvernement sortant. Fait remarquable, la disparition du ministère des droits de l’homme alors la mission de HCDH est terminée, l’on se demande si les droits de l’homme ne font plus la priorité de la politique de Faure Gnassingbé.


Décryptage des différents ministres

1-Ministre d’Etat, de l’Economie, des finances, de la planification et de la prospective, Adji Otèth Ayassor : Juriste de formation, Ayassor avec cette reconduction est parti pour battre le record de longévité d’un ministre au même poste ministériel au Togo. En poste depuis 2007, il est de plus en plus décrié pour son intransigeance et une gestion opaque des finances publiques. Mais, comme un chien qui aboie et la caravane passe, il jouit d’une parfaite confiance de Faure Gnassingbé au point qu’il est désormais le N°2 du gouvernement avec le titre de ministre d’Etat. Cependant, cette promotion dont il jouit aujourd’hui contient en elle les germes de la preuve qu’il serait plutôt sur la porte de sortie quand on sait que son porte-feuille est dépouillé de sa substance avec les deux secrétariats délégués. Pire, l’histoire nous renseigne que la plupart des ministres qui ont été promu au ministre d’Etat, sont souvent vers la porte de sortie. L’exemple de SOLITOKI ESSO en est la dernière illustration.

2-Ministre du développement à la base, de l’artisanat, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes, Victoire Tomégah-Dogbé : Directrice de cabinet de Faure Gnassingbé, dame Victoire Dogbé, est une femme de main et de confiance du chef de l’Etat. En poste à ce ministère qu’elle a créé depuis 2008, bien qu’elle ne fasse pas l’unanimité au sein du parti UNIR, elle est quoiqu’on dise l’une des très proches collaboratrices du chef de l’Etat qui l’a déniché dans les arcanes des nations unies. Elle est sur tous les terrains pour mettre en œuvre la politique de développement à la base du chef de l’Etat, surtout avec le programme FNFI.

3-Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Octave Nicoué Broohm : philosophe et syndicaliste, l’homme est à cheval entre son parti de cœur, la CPP et son parti de fait, UNIR. Il reste l’un des maillons essentiel souvent consulté par le PR dans ses prises de décisions. Réputé très arrogant dans ses propos et fin tacticien dans l’art de la roublardise lors des négociations avec les syndicalistes, il a pu mettre aussi fin aux mouvements estudiantins depuis son arrivée au ministère de l’enseignement supérieur. Deux faits qui on surement milités à sa reconduction.

4-Ministre de la Fonction publique, du travail, et de la réforme administrative, Gilbert Bawara : Après avoir réussi avec brio à donner une majorité absolue à l’assemblée nationale à son parti UNIR et à faire réélire son mentor en étant en amont et en avale de l’organisation des législatives de 2013 et de la présidentielle dernière, c’est naturellement que l’onusien est affecté à un secteur qui connait des difficultés depuis quelques temps avec les grèves sans cesse des travailleurs surtout que ce nouveau mandat du chef de l’Etat est placé sous le signe du mandat social. Reconnu pour sa fermeté, il serait placé à ce poste pour en découdre avec les travailleurs. C’est donc un message de fermeté qui est lancé à l’endroit des travailleurs. Mais attention, ce poste risque d’être un couteau à double tranchant pour lui. Son échec, lui servira à coup sûre de porte de sortie ou même c’est une manière de le pousser vers la sortie en douce.

5-Ministre des Postes et de l’économie numérique, Cina Lawson : Considérée comme spécialiste en télécom, depuis son arrivée à ce poste, la télécommunication travers son pire moment avec une connexion presque inexistante et la grande société Togotélecom au bord de la faillite. Situation qui l’a mise sous le feu des critiques. Malheureusement, à la surprise générale de tous, elle garde précieusement son poste. Preuve qu’elle jouit d’une totale confiance du chef de l’Etat. Elle fait partie des très proches de ce dernier. D’autres pensent que sa proximité avec ce dernier serait à l’origine de son maintien à son poste.

6-Ministre des Infrastructures et des transports, Ninsao Gnofam : Son maintien à son poste n’est pas une surprise. Tellement, ses œuvres sur le plan des infrastructures routières en disent long. Ninsao Gnofam, est plus qu’un ministre mais surtout un ami personnel du chef de l’Etat avec qui il travail étroitement sur la réalisation des infrastructures.

7-Ministre de la Sécurité et de la protection civile, colonel Yark Damehame : Homme de main du chef de l’Etat, le colonel Yark Damehame est l’un des officiers de confiance de Faure Gnassingbé. Même si certains faits comme les tires à l’aéroport international de Lomé et une série de braquages restent jusqu’à présent non clarifiés, cet officier depuis son arrivée à la tête de la sécurité nationale assure avec brio sa mission et sa reconduction n’est pas une surprise.

8-Ministre des Affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine, Robert Dussey : Incontestablement, grâce à son savoir faire et à ses relations, la diplomatie togolaise a retrouvé sa vitalité. Il a su redorer l’image de la diplomatie togolaise sur le plan international. Entre deux avions, l’homme mène une diplomatie de couloir qui a permis au Togo de reprendre sa coopération avec nombres de pays qui trainaient les pas. Aujourd’hui plus que jamais, la diplomatie togolaise en marche avec en point de mire l’organisation au Togo du premier somme sur la sécurité maritime en novembre prochain. Un sommet que Robert DUSSEY ne cesse de s’activer pour convaincre les pays participants à adopter la charte de Lomé sur la sécurité maritime. Pour rien au monde Faure Gnassingbé ne pouvait se passer des services de ce ministre surtout à quelques mois seulement de la tenue de ce sommet qui sera sans nul doute le tout premier sous les règnes de Faure Gnassingbé.

9-Ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de l’hydraulique, colonel Ouro-Koura Agadazi : L’homme fort de l’agriculture togolaise Ouro-Koura Agadazi, bien que cumulant les postes du ministre et de la direction de l’ANSA, il vient de recevoir une nouvelle charge, l’hydraulique alors même qu’il était très décrié pour sa gestion plus ou moins calamiteuse du vaste programme de sécurité alimentaire au Togo, PNIASA dont trois ans après son lancement peine à fournir l’autosuffisance alimentaire aux togolais. Mais l’homme reste un des maillons dure du système UNIR bâtit non sur la compétence mais sur la reconnaissance pour service rendu et sur le copinage et l’amitié.

10-Ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales, Payadowa Boukpessi : Peut être que l’homme est fait pour être ministre et ça Dieu seul peut le savoir. En effet, plusieurs fois ministre sous le régime dictatorial de feu Eyadéma, il sera le premier ministre de l’économie et des finances sous l’ère Faure Gnassingbé de 2005 à 2007 avant de tomber en disgrâce avec le prince. Il pose ensuite ses valises à l’assemblée nationale. A lors que l’on pensait qu’il était mis au garage, il fait un retour en force au devant de la scène à quelques jours de la présidentielle de 2015. L’homme est appelé pour remplacer les membres du parti UNIR à la CENI dont les performances ne plaisaient pas au régime. Etait-il appelé pour jouer au jeu salle afin de permettre à l’homme fort de Lomé de rempiler pour un troisième mandat ? Sans nul doute et c’est naturellement qu’après avoir réussi avec brio sa mission, il retrouve la confiance du palais de la Marina. Et pour service rendu, il occupe le poste de la décentralisation pour préparer en douce les élections locales et les législatives dans deux ans.

11-Ministre du Commerce, de l’industrie, de la promotion du secteur privé et tourisme, Bernadette Essozimna Legzim-Balouki : C’est la plus grosse surprise de ce gouvernement. Alors tout le monde étaient presque certain comme lors du dernier gouvernement qu’elle sera la première à rester sur les carreaux, dame Bernadette Essozimna est plutôt confortablement renforcée à son poste en ayant désormais à ses commendes deux autres départements ministériels et pas des moindres (le tourisme et l’industrie) rattachés à son ministère. Que fait la force de cette ministre? Personne ne saurait le dire car seul Dieu le saura comme le dit si bien son prénom ‘’Essozimna’’. Mais ce qui est certain, la majeure partie de l’opinion nationale ne pense pas qu’elle soit plus compétente que certains ministres absents de cette liste.

12-Ministre de la justice et des relations avec les institutions de la République, Pius Agbétomé : Il fait ses débuts dans le gouvernement. Juriste qualifié de charismatique et bon par ses collègues juges, l’homme est peu connu du public. Il hérite malheureusement d’un cabinet compliqué où il risque de laisser assez de plumes car beaucoup de problèmes minent le secteur de la justice togolaise qualifié par certains comme une justice sous ordre et corrompue.

13-Ministre de l’Urbanisme, de l’habitat et du cadre de vie, Me Fiatuwo Kwadzo Sessénou : Il garde jalousement son poste acquis depuis 2013 où il fait laborieusement un bon travail après celui de la culture et des arts. Cependant, il convient de noter qu’il hérite aussi des avantages de la géopolitique dans la mesure où il est le seul issu du grand akposso.

14-Ministre des Enseignements primaire et secondaire, Komi Palamwé Tchakpélé : Universitaire, ancien directeur de la DASS de l’université de Lomé et président de l’université de Kara, l’homme devra réussir là où plusieurs ont échoué. Il devra résoudre les problèmes des enseignants qui ont considérablement affecté le secteur de l’éducation nationale durant l’année dernière.

15-Ministre délégué auprès du ministre de l’ Enseignements primaire et secondaire chargé de l’Enseignement technique et la formation professionnelle, Georges Aïdam : N°2 du parti UNIR, l’homme fait son retour à un poste ministériel, après un passage dans le gouvernement de transition en 1991 et dans le cabinet de Agbéyibor en 2006 avec rang de ministre. Il hérite d’un pote-feu plus ou moins stable où il n’ara pas grand-chose à faire. De formation technique, l’homme a été ancien proviseur du Lycée technique de Sokodé et d’Adjodogomé. Il est normalement dans son domaine de prédilection pour réussir sa mission.

16-Ministre de l’Environnement et des ressources forestières, André Johnson : Universitaire environnementaliste, l’homme est en fait dans son domaine. C’est naturellement qu’il a été reconduit. Il maître plus ou moins son sujet.

17-Ministre de la Communication, de la culture, des sports et de la formation civique, Guy Madjé Lorenzo : Economiste et ancien ministre du commerce, il refait son retour après son passage à la présidence de la république. Demi-frère du chef de l’Etat, il a la lourde responsabilité d’assainir le monde du sport togolais surtout le football emprunt à d’énormes difficultés depuis plusieurs années. Il devra également mettre en œuvre les recommandations des assises de la presse togolaise, ce que ces prédécesseurs n’ont pu faire.

18-Ministre de la santé et de la promotion sociale, Professeur Moustapha Mujiyawa : Directeur de l’Ecole Nationale des Auxiliaires Médicaux (ENAM) avant sa nomination, l’homme est peu connu du public. Il fait ses premiers pas dans le gouvernement mais à un poste stratégique et emprunt à des grèves à répétition depuis 2011 à un état de délabrement très avancés quant aux différents systèmes sanitaires du Togo. Rien qu’avoir l’Etat du CHU Sylvanus Olympio le plus grand centre hospitalier du Togo, on peut s’en rendre compte de la situation dans laquelle se trouve le secteur de la santé au Togo.

Il devra néanmoins réussir d’autant plus qu’il est dans son domaine de prédilection et c’est pour cela qu’il a accepté prendre les destinés de ce ministère. Mais attention, un faut pas lui sera fatale, car en face de lui se dresse une montagne, celle de l’un des syndicats les plus organisés, le SYNPHOT, avec des intellectuels qui ne se laissent pas berner. Pour réussir il devra être un fin négociateur qui sait parler et qui est à l’écoute.

19-Ministre des Mines et de l’énergie, Dadariwè Abi Bidamon : Très bien connu des togolais pour avoir été DG de Togo-cellulaire et des Douanes togolaise avant d’être écarté du système, il doit son poste pour service rendu pour la réélection du PR à travers son passage à la CENI tout comme Payadowa Boukpessi lors de la dernière présidentielle. En effet, alors qu’il semblait en disgrâce avec le régime, il fut appelé au pied levé pour intégrer la CENI à quelques semaines de la présidentielle. C’est donc ce qui justifie son retour les bonnes grâces du prince.

20-Ministre de l’Action sociale, de la promotion de femme et de l’alphabétisation Tchabinangui Kolani Gnintchame : Ancienne Directrice générale de l’Alphabétisation à la retraite, Tchabinangui Kolani Gnintchame se retrouve dans un secteur qu’elle semble bien connaitre. Elle n’aura certainement pas le droit d’échouer.

21-Ministre délégué auprès du ministre d’Etat, de l’Economie, des finances, chargé de la planification et de la prospective, Kossi Assimaidou : Economiste, l’homme après avoir passé huit ans au FMI entant qu’administrateur représentant 23 pays africain, il a été fait Officier de l'Ordre du Mono par le chef de l’Etat. Il vient apporter son expertise dans la planification et la prospective. En termes de qualités, il en dispose mais, aura-t-il les moyens et la main libre pour dérouler son savoir faire ? C’est du moins la question qui reste posé d’autant plus que son prédécesseur Kako NUBUKPO lui aussi économiste venu de l’UEMOA n’a pu tenir le cap.

22-Ministre délégué auprès du ministre d’Etat, de l’Economie, des finances, chargées du budget, Sani Yaya : Ex-directeur général de la BTCI, l’homme a le mérite de disposer d’un potentiel, d’expériences et d’une expertise nécessaire à revendre en matière d’élaboration du budget. Il peut et devra mener à bien sa mission.

23-ministre auprès de la Présidence de la République, Batienne Pabré-Silly : Ecarté du gouvernement depuis 2012, alors qu’il était depuis longtemps à la tête du ministère du Tourisme, l’homme fait son grand retour aux affaires mais auprès du chef de l’Etat avec rang de ministre. L’homme est sans nul doute remercié pour service rendu dans le grand nord pour avoir favorisé en tant que coordinateur de la campagne d’UNIR dans la zone, la victoire de ce parti alors qu’il avait en face un adversaire de taille, un fils du milieu Aimé Gogué et surtout que la localité avait connu peu de temps avant des scènes de violence hostiles au régime.

24- Ministre délégué auprès du premier ministre. Eliot OHIN: Bras droit de l’ami personnel de Faure Gnassingbé, Gilchrist Olympio, Ohin est au gouvernement depuis 2010. Malgré les tempêtes qui ont emporté certains de son parti du gouvernement, il reste solidement attaché au gouvernement sans qu’on ne sache vraiment son rôle. Sans doute, imposé par son mentor. On se souvient que dans le dernier gouvernement, l’on a dû créer de toute pièce un ministère sans porte-feuille et difficilement localisable. Il en est de même pour ce gouvernement où l’on a dû remanier le gouvernement quelques heures seulement après sa publication avant de voir son nom avec ministère encore une fois sans porte-feuille.

25 : Le ministère de la défense et des anciens combattants reste rattaché à la Présidence de la République : Comme dans toute bonne dictature, le ministère de la défense reste la chasse gardé du chef de l’Etat Faure Gnassingbé depuis que son demi-frère Kpatcha Gnassingbé a été débarqué de ce ministère. Il est dirigé par un ancien officier homme de main de feu Eyadéma Gnassingbé, Col Bitèmnèwé tombé en disgrâce avec Eyadéma avant sa mort et repenti depuis l’arrivée de Faure Gnassingbé. Il occupe le poste de Directeur de cabinet.

Tout compte fait, la réussite de ce gouvernement dont on a mis assez de temps pour le faire sortir dans un cafouillage monstre, dépendra des moyens et de la feuille de route qui seront mis à la disposition de ceux qui sont appelés à diriger les différents départements ministériels.

Jean-Claude BAKALI, Lomé pour Togonews.info
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