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Les déçus du gouvernement Komi Klassou : Agbéyome Kodjo, Gerry Taama, Francis Ekon vers l’ANPE et le PROVONAT
Publié le vendredi 3 juillet 2015  |  L'Alternative




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Togo - Le gouvernement Selom Klassou, le 8è sous Faure Gnassingbé, est connu depuis le dimanche dernier à la suite d’un cafouillage digne d’un système sclérosé, totalement en perte de vitesse. Deux mois d’attente pour sortir une bande d’anciens prévaricateurs de la République qu’on tente de recycler. Une équipe centrée sur le parti RPT-UNIR avec deux postes cadeaux à la CPP (Convergence Patriotique Panafricaine) et à l’UFC (Union des Forces de Changement).

Un gouvernement sans grande ouverture qui a laissé un gout amer à certains acteurs politiques qui n’ont cessé de proposer leurs services à la dictature héréditaire. Ces responsables politiques qui se sont décernés le label d’opposant ont appelé lors de la campagne électorale à voter pour le candidat UNIR, Faure Gnassingbé. Certains se sont signalés après la nomination du Premier ministre Selom Klassou en affirmant ouvertement leur disposition à entrer au gouvernement.

De Francis Ekon de la CPP et de son machin « Nouveau regard » en passant par le très agité et sulfureux Gerry Taama du NET à Agbéyomé Kodjo de l’OBUTS, il y a forcement une ambiance non seulement de déception mais aussi d’amertume qui règne dans les états-majors de ces partis qui avaient espéré obtenir quelques strapontins à la suite de leur soutien intéressé au candidat d’UNIR. Tour d’horizon de quelques leaders politiques qui doivent désormais chercher le chemin de l’ANPE ou du PROVONAT pour se trouver un boulot.

Francis Ekon de la CPP et du « Nouveau regard »

Depuis qu’il a hérité de la CCP (Convergence Patriotique Panafricaine) suite à la retraite politique de son fondateur, Edem Kodjo, l’ancien prévaricateur de l’Office des Produits Agricoles du Togo (OPAT) mis en prison par feu Gnassingbé Eyadéma n’a trouvé d’autres innovations que de faire la cour au parti au pouvoir et particulièrement à Faure Gnassingbé. Et lorsqu’il est en mode courtisan, cet autre natif de Yoto, l’une des préfectures les plus riches du Togo mais aussi les plus sinistrées est capable de jouer au clown jusqu’à l’extrême comme on le voit sur la photo. Les lecteurs apprécieront la posture et salutation de Faure Gnassingbé par le Président de la CPP.

Pour faire court, Francis Ekon est le prototype du courtisan qui en dehors de Faure Gnassingbé ne trouve personne d’autre pour gouverner ce pays, même pas lui. Tout en se réclamant de l’opposition, ses attaques médiatiques sont plus dirigées contre l’opposition que le pouvoir. Lors du fameux débat sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles et le refus du pouvoir d’honorer ses engagements inscrits dans l’APG (Accord Politique Global), il fut l’un des leaders politiques qui a volé au secours du système RPT .

A la veille de la campagne électorale, il a sorti de son cocon une organisation bidon pompeusement dénommée « Nouveau Regard » regroupant des partis politiques en voie de disparition comme la CPP, la NDP (Nouvelle Dynamique populaire) et le PDR (Parti Démocratique pour le Renouveau). Francis Ekon, Gilbert Atsu et Henry Kolani Lardja (le féticheur de la CENI) se sont illustrés à l’hôtel Eda Oba où ils ont eu toutes les peines du monde à remplir une salle de 500 places, preuve que les organisations dont ils sont les responsables ne sont que des coquilles vides.

Qu’à cela ne tienne, puisqu’ils ont perçu un peu de sous, il était dans l’ordre normal des choses qu’ils fassent une sortie médiatique pour appeler à voter Faure Gnassingbé. Leur fameux machin de « Nouveau regard » n’a existé que le temps de cette sortie médiatique et depuis plus rien. Eux aussi espéraient se voir attribuer quelques postes dans le nouveau gouvernement de Selom Klassou en guise de récompense.

Francis Ekon n’a ménagé aucun effort dans ce sens. Il a, pour ce faire, multiplié les appels du pied, les sorties médiatiques en faveur du régime avec la plupart du temps des arguments qui frisent le ridicule. Son âge commande au moins qu’il y ait un peu de retenue dans ses propos. Mais le vieux grognard de la CPP n’a que faire de la morale encore moins des valeurs. Au Togo, une seule personne ne trouve grâce à ses yeux.

C’est Faure Gnassingbé, le reste ce sont des pestiférés. On dit souvent que la vieillesse est source de sagesse mais chez Francis Ekon, elle pourrait s’assimiler à un naufrage. Et pourtant la CPP n’était pas un parti aussi mal loti qu’on le croit. Elle jouissait d’une bonne implantation au point d’être le quatrième parti au sortir des législatives de 2007. Francis Ekon aurait pu continuer dans cette lancée en faisant un travail de fond sur le terrain mais il a choisi le raccourci pour devenir le lèche-cul du système en place. Il pourra encore attendre avant d’être appelé à la soupe. En attendant, lui et ses compagnons du « Nouveau regard » peuvent laisser leur CV à l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) ou au Programme de volontariat national (PROVONAT) de Da Victo (sic).

Agbéyome Kodjo et son OBUTS renvoyés dans les filets par UNIR

Un autre acteur politique qui doit actuellement ruminer son amertume c’est bien le Président d’OBUTS (Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire). L’ancien Premier ministre, ancien Président de l’Assemblée nationale, après un tour de plus de 10 ans dans l’opposition où il a tenté en vain de jouer les premiers rôles, a fait le choix de retourner à la maison. Et pourtant, lors de son parcours dans l’opposition, il ne s’embarrassait pas de mots durs pour qualifier la gouvernance de Faure Gnassingbé.

Il suffit de faire un tour sur la toile ou particulièrement sur YouTube pour savourer de nouveau ses diatribes sur Faure Gnassingbé et sa gouvernance. Dans les différents meetings politiques de l’opposition, il passait Faure Gnassingbé à la tronçonneuse, le traitant parfois d’incompétent notoire, un homme dénué de toute vision conduisant le Togo vers un naufrage avéré.

Le chantre du slogan « Agban Agbodji » après une lutte acharnée de leadership au sein de l’opposition a décidé de retourner à la maison. Sur le chemin de retour, et pour plaire à ses nouveaux bienfaiteurs, il a pris le plaisir de faire passer ses anciens camarades de l’opposition pour des aventuriers. Jean Pierre Fabre et ses amis du CAP 2015 n’ont pas eu de grâce à ses yeux. En s’en prenant ouvertement au leader de l’ANC (Alliance Nationale pour le Changement), Jean-Pierre Fabre, l’ancien baron du système RPT pensait faire du mal à ce dernier qui serait un obstacle majeur à la matérialisation de ses ambitions.

Mais en réalité, Jean-Pierre Fabre n’est qu’un instrument que le peuple en lutte pour la liberté utilise comme d’autres avant lui. Agbéyomé Kodjo qui avait déjà des difficultés à se faire accepter dans l’opinion au regard de son passé sombre sous le régime Eyadéma, venait de s’éloigner davantage des derniers togolais qui, à un moment donné, ont cru qu’il avait sincèrement changé. Rétabli dans ses droits d’ancien Président de l’Assemblée nationale, d’ancien Premier ministre, l’ancien cacique du régime RPT a refilé son ancien manteau.

Toutes ses attaques médiatiques étaient désormais orientées contre l’ANC et son Président. Faure Gnassingbé qu’il décrivait comme un incompétent est subitement devenu un modèle à ses yeux. Pour l’ancien Premier ministre, il n’y a de meilleur dirigeant que le rejeton d’Eyadéma.
Lors de la campagne présidentielle, il s’est illustré dans la fraude électorale dans son fief de Tokpli et dans toute la préfecture de Yoto.

Plusieurs observateurs ont été surpris de voir son domicile de Tokpli transformé en quartier général d’UNIR. Le reste de ses actes sur le terrain se passe de commentaires. En privé, il se félicite d’avoir fait gagner Faure Gnassingbé en mettant en exergue son expertise sollicitée. Pour lui, il n’était pas question que Jean Pierre Fabre gagne dans son fief, un supposé fief où lui-même n’a jamais réussi à s’imposer lors des compétitions électorales dont il a pris part. Dévoré par une ambition maladive, il s’est complètement fourvoyé en ravalant ce qu’il a craché hier sur la place publique.

Son zèle n’était pas gratuit. Il espérait tel un service après vente, un retour de l’ascenseur. Lors de la prestation de serment de Faure Gnassingbé le 3 mai dernier, il était presque le seul à jouer dans la salle le courtisan au point de paraître ridicule sur les écrans. Il s’attendait à se faire nommer Premier ministre. Mais sa première désillusion fut le choix de Komi Selom Klassou. Nonobstant un communiqué de félicitations qu’il s’est empressé de rendre public dans lequel il se disait disposé à faire des fiches techniques au nouveau locataire de la Primature, en off, il brûlait de déception.

N’étant pas un homme à abandonner, il a multiplié les déclarations et manifesté la disposition de son parti à aller au gouvernement de Komi Klassou. Ses collaborateurs notamment Gérard Adja et compagnie s’échauffaient déjà dans les vestiaires. Après deux mois d’attente, Faure Gnassingbé et son coursier Komi Klassou annoncent la composition de leur gouvernement. Pas un seul membre d’OBUTS même à la session de rattrapage qui a permis de repêcher le pachyderme, l’ancien débrouillard aux USA, Elliott Ohin, à un poste sans portefeuille.

A OBUTS, c’est la grande désillusion, les candidats devront ranger leurs costumes ministériels au placard. Agbéyomé Kodjo qui est si prolixe est devenu subitement silencieux après la formation de l’équipe Klassou. Mais a-t-il encore les moyens de contester quoique ce soit après son virage à 180° ? Pas si sûr. Il doit ruminer son amertume en silence.
En réalité, il n’a jamais compris le fonctionnement du système qu’eux-mêmes ont mis en place ou soit il feint de ne pas le savoir. Lorsque vous sortez des rangs du système, il est non seulement difficile de revenir mais aussi de retrouver les mêmes privilèges du passé.

Polycarpe Johnson, Kpotivi Djidjogbé Laclé n’ont jamais retrouvé leurs places d’antan auprès d’Eyadéma. Plus proche de nous, l’ancien Président de l’Assemblée nationale Maurice Dahuku Peré a fait l’objet de toutes les humiliations à son retour au RPT. Aujourd’hui, il vit une triste fin qui doit faire réfléchir. Agbéyomé Kodjo ne déroge pas à cette pratique. Après sa rupture avec le système, il aurait pu se reconvertir autrement.

Economiste, disposant d’un bon carnet d’adresses, bosseur, il aurait pu créer son propre cabinet et se lancer dans l’expertise en Afrique et de réussir sa vie loin du marécage politique togolais. Mais il n’a jamais imaginé son avenir en dehors de la politique. Le voilà contraint à courir derrière le « bambino » d’Eyadéma pour un poste. Faure Gnassingbé dans sa mansuétude se décidera un jour de le caser quelque part mais pas à un poste où il pourra disposer des moyens pour rebondir en politique.

Gerry Taama, le jeune agitateur du NET

Au Togo sous le règne des Gnassingbé, la politique est devenue le plus court chemin pour l’ascension sociale. Il suffit de rassembler quelques amis, de monter un truc bidon avec un bon sigle et le tour est joué. On envahit les médias, on tire à boulets rouges sur le pouvoir pour se faire remarquer et dès que les élections s’approchent, on réalise un virage à 180° pour soutenir le même pouvoir avec l’espoir d’une suite favorable.

Ce jeu, Gerry Taama, en bon militaire reconverti, l’a bien compris et il se la joue à merveille. Il donne l’impression d’incarner une nouvelle génération en politique avec en toile de fond des méthodes qui tranchent avec les pratiques anciennes. Dans la réalité, il est plus pourri et pernicieux que les anciens, de quoi s’inquiéter pour l’avenir de ce pays.

Très bavard comme une pie, curieux pour un ancien officier de l’armée, il est capable de dire une chose et son contraire à la fois. Sa propension à s’autoproclamer chef d’entreprise au moins 4 n’est en réalité que du vent. Une posture pour se donner de l’importance. Après avoir mordu la poussière aux législatives de juillet 2013 confirmant que son parti n’existe que sur le NET, il s’est introduit au sein du CAP 2015 pour jouer les troubles-fête.

Les uns et les autres ont vite fait de comprendre qu’il était en mission commandée et sa participation à la dernière présidentielle n’était pas un acte gratuit. Lors de la campagne électorale, la Rédaction de L’Alternative a reçu les membres du bureau de son parti politique qui sont venus non seulement se plaindre de ses méthodes, sa gestion du parti mais aussi le sort qu’il a réservé, lui, seul aux 72 millions F CFA que l’Etat a octroyés à chacun des candidats.

Pas besoin ici d’étaler toutes ces révélations puantes. Pour le reste, il faudra juste comprendre que les démissions enregistrées au sein du NET depuis sa création surtout celles de certaines jeunes filles sont liées à la moralité de l’ancien militaire. Les flatteurs vivent aux dépens de ceux qui les écoutent. Et Gerry Taama en est un. Ses sorties médiatiques hasardeuses, ses prises de position bidon allant même parfois à citer les mauvais exemples que le Togo doit suivre comme l’Algérie et le Cameroun ont fini par conforter les uns et les autres que ce jeune est plus qu’un plaisantin.

En dehors de la toile, ses positions alambiquées, il les exprime parfois dans un journal proche du pouvoir avec un pseudonyme et le ton de ses articles varie selon l’attention que le pouvoir porte à ses appels de pied. Arrivé en politique comme un ovni, lui aussi rêvait de se faire nommer ministre. Pour y arriver, il n’hésite pas à tacler ceux qui, à ses yeux, empêchent Faure Gnassingbé d’avoir un sommeil tranquille.

Dans sa plaisanterie, il était presque convaincu d’être appelé à la soupe. Il devra encore patienter un moment. Pour un observateur, Gerry Taama reste un rêveur qui, à un moment donné, a cru que, lui, pourrait se faire nommer ministre au nez et à la barbe de ses supérieurs de l’armée à qui il avait manqué de respect lorsqu’il était encore en activité. Au-delà, depuis quand au Togo, un ancien militaire de surcroit officier s’invite en politique sans être inquiété ? Olivier Amah, François Akila-Esso Boko sont où actuellement ? Comprenne qui pourra.

On pourra ajouter à cette liste un certain Mohammed Tchassonna du MCD (Mouvement Citoyen pour la Démocratie et le Développement) qui ne rêve que d’être ministre, le BAC (Bloc d’Action pour le Changement) de Thomas N’Soukpoé, le charlatan qui possède l’art de lire dans la boule de cristal (sic). Au Togo avec les Gnassingbé, on peut être répétiteur aujourd’hui et devenir ministre demain. Le business est devenu très juteux et l’aventure tente beaucoup de plaisantins qui se sont mués en « politiciens » courtisans du régime RPT-UNIR.

Pour cette fois-ci, Faure Gnassingbé ou ceux qui ont formé le gouvernement ont voulu bien se passer d’eux, la prochaine serait peut-être la bonne. En attendant, ils peuvent retrouver les adresses de l’ANPE ( Agence Nationale pour l’Emploi) et le PROVONATou ( Programme de Volontariat Nationale) où ils pourront aussi servir dignement le pays.

Ferdi-Nando (L’ALTERNATIVE N°437 du Vendredi 3 juillet 2015)

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