Togo - Plus rien ne va entre les responsables du groupe Atlantique Telecom représenté au Togo par la société de téléphonie mobile Moov et le personnel. Les revendications ont refait surface.
De toute évidence, la trêve observée par le Syndicat des Travailleurs d’Atlantique Telecom Togo (STATT) caractérisée par une série de rencontres pour trouver un terrain d’entente n’a pas porté ses fruits. Et pour cause. La promesse faite par le nouveau Directeur de Moov-Togo, Kitri Houchem, en remplacement de Djibril Ouattara qui a accepté de régler les différents points contenue dans la plateforme revendicative n’est toujours pas tenue.
Les travailleurs réunis au sein du STATT ont remis à l’ordre du jour leurs revendications relatives à l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Le cri d’alarme lancé depuis quelques mois par les employés de la société Moov-Togo repris en janvier dernier par le Groupe Maroc Telecom connaît donc de nouveaux rebondissements.
En effet, dès la naissance du Syndicat des Travailleurs d’Atlantique Telecom Togo (STATT), les délégués ont porté une série de revendications envers leur employeur. Ces derniers non seulement dénoncent une grille salariale vieille de plus de huit ans (ndlr : élaboré en 2007), mais aussi le non respect par la société de l’article 29 de la convention Collective Interprofessionnelle du Togo (CCIT) qui décrit le principe d’avancement des employés selon les échelons.
Malgré le Règlement de gestion de personnel, certains avantages (primes, bilan de santé…) qui s’y trouvent ne sont pas octroyés aux employés. Autre chose, les travailleurs de Moov-Togo ne disposent pas de cantine, ni d’infirmerie, ni de parking adéquat.
Le nouveau Directeur général M. Kitri Houchem, envoyé par Maroc Telecom le 06 février, a promis régler les différentes revendications contenues dans la plateforme qui lui a été transmise en main propre par les délégués. Pour ce faire M. Houchem demande un délai de deux mois pour la mise en application d’une nouvelle grille salariale. La fin des deux mois coïncidait avec son retour du Conseil d’administration au Maroc.
D’après une étude de benchmarking relative au traitement des ressources humaines, diligentée sous la direction de M. Djibril Ouattara, l’ex-Directeur Général, il ressort clairement que les employés de Moov-Togo sont mal rémunérés. Face aujourd’hui à la cherté de la vie, la grande question à laquelle ces employés trouvent difficilement de réponse est de savoir pourquoi jusqu’ici la société refuse d’aménager un tant soit peu leur situation, alors que sont provisionnés chaque année 5% d’augmentation salariale.
« A quoi a servi jusqu’ici cette augmentation si ce n’est à gonfler considérablement les salaires du staff dirigeant », s’interroge le coordonateur du STATT.
A la date du 27 mars 2015 (ndlr, l’expiration des deux mois de délai demandé par le nouveau DG), force est de constater que rien n’y fut fait par le DG. les délégués syndicaux ont transmis un préavis de grève de 3 jours à compter du 06 Avril 2015. Là encore, le mot d’ordre de grève fut suspendu suite à la médiation de l’inspection du travail et des lois sociales invitant les deux parties à la table de négociation.
M. Kitri accepte alors de mettre en application l’article 29 de la Convention Collective Interprofessionnelle du Togo (CCIT) sur les avancements de salaires et de renvoyer les autres points à des discussions internes. Contre toute attente, ce dernier refuse de signer le relevé de conclusions transmis par l’inspection du travail aux deux parties.
Aucune avancée n’est observée jusqu’au 18 juin 2015, date à laquelle un autre préavis de cessation de travail cette fois de 04 jours fut envoyé par le STATT. Ce dernier suspend une seconde fois le préavis de grève sous réserves de la signature par le DG M. Kitri Houchem du nouveau relevé de conclusions portant essentiellement sur l’application des avancements à compter de juin 2015, sur l’application d’un second pas d’avancement pour les employés ayant une ancienneté supérieure à deux ans au 1er janvier 2012 et sur le paiement des rappels avant la fin du mois de décembre 2015.
Monsieur le Directeur Général, une fois de plus refuse de signer ledit relevé malgré sa signature par le Directeur des Ressources Humaines qui a plein pouvoir de négocier en son nom.
Suite une énième lettre ouverte adressée à la Direction Générale, avec à la clé une menace de cessation de travail les 08, 09, 10 et 13 juillet 2015, M. Kondo Loking, Directeur Général adjoint de l’inspection du travail, vers qui M. Kitri a préféré se tourner au lieu des inspecteurs qui avaient à charge le dossier, convoque une fois encore les deux parties. Malgré la tentative de régler ce dernier (garant de l’application de la loi), à faire accepter aux employés la proposition de Kitri Houchem qui est de remettre sur la table de négociation les points déjà retenus dans le relevé de conclusion du 24 juin 2015 ; en d’autres termes de renoncer à leur droit, les délégués y ont opposé une fin de non-recevoir.
Aussi refuse-t-il de faire le constat de l’échec des négociations, et informe par conséquent les délégués de l’irrecevabilité de leur nouveau mot d’ordre de grève. Comme on devrait s’y attendre, cela n’a pas été du goût des employés qui disent passer par toutes les voies de recours pour rentrer dans leurs droits.
Dans leur majorité, les membres du comité de direction, ainsi que les chargés de mission marocains qui ont récemment rejoint la société, à en croire les travailleurs, sont surpris du comportement du DG Kitri Houchem qui s’obstine à piloter l’entreprise en marge des règles de l’art, et surtout dans la violation des textes légaux en vigueur au Togo.
Le cas de l’annulation du statut de l’ancienneté des agents du Centre d’appel d’Atlantique Telecom groupe transférés à Atlantique Telecom, contrairement aux dispositions de l’article 71 du code de travail est révélateur à ce propos.
Les employés sont décidés à user de toutes les voies de recours pour la satisfaction totale de ce qui relève de leurs droits. Un sérieux bras de fer en perspective entre les employés de Moov-Togo et la direction de la société.