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Cure d’austérité : avant la Grèce, l’Afrique
Publié le jeudi 16 juillet 2015  |  LIBERATION


© aLome.com par Parfait
La ville de Lomé vue de l`immeuble du CASEF
Lomé, le 22 juin 2015. Vue générale de la capitale togolaise, depuis l`un des principaux immeubles dominant le centre-ville de cette cité: le CASEF


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A l’heure où le « non » au référendum grec interroge sur l’avenir et la santé politico-économiques d’un pays d’Europe, un rapide retour dans l’histoire des trente dernières années de l’Afrique rappelle que les diagnostics d’austérité ne sont pas une nouveauté.


A compter de la décennie 1980, les Etats d’Afrique ont été les premiers à devoir affronter de plein fouet les effets de la crise économique. Le FMI et la Banque mondiale ont inauguré en Afrique ses célèbres plans d’ajustement structurels (PAS) pour « toiletter » les économies continentales en crise. Les PAS : un acronyme synonyme de politique d’austérité (sévère) en Afrique... au risque de la fragilisation des États issus, deux à trois décennies plus tôt, de la décolonisation ?

A la fin des années 1970, le premier effondrement du prix du café-cacao au marché des matières premières a sonné le glas du « miracle ivoirien ».

La Caistab (Caisse de stabilisation, une institution publique d’achat et de régulation du marché du café-cacao) s’est efforcée d’amortir les effets de la chute du cours des matières premières, de telle sorte que jusqu’au début des années 1980 la mesure de la catastrophe économique n’a pas été prise. Impossible de boycotter l’indexation boursière du cours de matières premières ; impossible de faire réviser le cours des matières premières.

Après l’échec en 1984 des accords conclus à Londres l’année précédente avec les négociants et les producteurs, Houphouët tape du poing sur la table et pose la question qui fâche à la France : à quoi sert son alliance si les conditions internationales de la croissance de son pays ne peuvent pas être garanties ni sécurisées ? Paris peut-il être un bouclier économique pour ses alliés africains au même titre que le bouclier sécuritaire qu’il prétend incarner depuis les indépendances ?


C’est en réalité tout l’enjeu des années 1990. Sur fond de contestation sociale croissante, Houphouët-Boigny meurt en décembre 1993 ; en janvier 1994, la France valide la dévaluation du CFA sous l’égide d’Edouard Balladur, Premier ministre, et de Michel Camdessus, directeur général du FMI. Foccart assiste, impuissant, au deuxième enterrement d’Houphouët. Derrière le discours de La Baule liant l’aide internationale à la démocratisation des sociétés politiques africaines, le FMI et la Banque mondiale, principaux bailleurs de fonds internationaux, activent dans les années 1980-1990 le véritable levier de l’aide : l’assujettissement des politiques d’assistance à l’acceptation des PAS.

En d’autres termes, les effets de la crise économique sur les Etats africains sont envisagés sous un angle strictement économique par le FMI et la Banque mondiale, sans considération des effets politiques des PAS. En somme, un diagnostic de cure économique, sans considération de ses effets sociaux. La première conséquence aura été le développement du secteur dit « informel ». Trois décennies plus tard, ce secteur « informel » ne mérite plus son nom. Employé quotidiennement dans une économie de proximité, son recours est parfaitement institutionnalisé pour tous types de produits ou de productions, et par tous les acteurs des sociétés africaines.

Au Mali, les effets de plans d’ajustement structurels ont trouvé une conséquence dramatique, après avoir longuement sous-estimés sous la présidence d’ATT. Les premiers services publics à avoir été fermés furent les écoles et les services sociaux de proximité, au titre de la « bonne santé » économique à recouvrir autour des fonctions les plus essentielles de l’État. Une grande partie ce décrochage a ouvert la porte à différentes organisations confessionnelles. Les organisations salafistes ont bien compris ce jeu de « la main qui nourrit » pour gagner leur audience auprès des populations du Sahel au fil des années 2000. Ce n’est qu’ainsi que peuvent être comprises certains greffes de groupes salafistes : ils ont rempli depuis des années les fonctions et politiques puliques abandonnées par l’État dans de nombreux territoires jugés trop périphériques et sur lesquels il aurait été possible de faire des sacrifices budgétaires. L’exemple du Mali a été rendu visible par l’effondrement de l’État en 2012 ; il est cependant valable pour de nombreux autres pays sur le continent.


Il est resté une expression en Afrique pour désigner ces réductions drastiques : la « conjoncture ». Elle s’applique avec humour à la diminution des volumes de bouteilles de bière (traditionnellement de 50 cl à 33 cl), qui conservent toutefois le même prix. Quelle meilleure illustration populaire et quotidienne de la mesure des restrictions ?

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