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Nomination à la Primature et enjeux cachés :Komi Selom Klassou « enlevé » de l’Assemblée nationale en anticipation d’un éventuel intérim à la présidence de la République ?
Publié le lundi 20 juillet 2015  |  Liberté hebdo


© aLome.com par Parfait
Le PM Ahoomey-Zunu a passé la main à Selom Klassou en fin de matinée ce 10 juin. Le sortant s`est dit disposé à servir à nouveau le plus tôt possible l`Administration de son pays.
Lomé, le 10 juin 2015. Primature. Passation de service entre les sieurs Ahoomey-Zunu et Selom Klassou, en attendant la formation du nouveau Gouvernement.


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Togo - Komi Sélom Klassou a été nommé à la Primature depuis une vingtaine de jours. Mais sa nomination à ce poste pas du tout usurpée au regard de ses qualifications, continue de susciter des réactions. Pour des observateurs avertis, ce parachutage à la Primature répondrait à des enjeux stratégiques et à des calculs politiciens. Certains y voient un débarras d’un homme sur le chemin de l’intérim de la présidence de la République.


Le choix de la fidélité et de la fermeté

La nomination d’un remplaçant à Arthème Ahoomey-Zunu était très attendue, d’autant plus que ce dernier n’a pas laissé de bons souvenirs à la Primature, malgré les lauriers qu’il se dresse. C’était déjà un soulagement pour beaucoup de Togolais de savoir qu’il ne devrait pas être reconduit au poste. Mais le choix de Komi Sélom Klassou a laissé pantois plus d’un, à son annonce le vendredi 5 juin. Les réserves émises n’avaient rien à avoir avec les qualifications professionnelles de l’homme. Le nouveau Premier ministre est un enseignant chercheur à l’Université de Lomé et a connu une carrière politique plus ou moins remplie. Tout était lié au fait qu’il soit un cacique du pouvoir Rpt/Unir. Et c’était l’une des toutes premières fois qu’un thuriféraire était parachuté à la Primature souvent confiée aux militants modérés, aux technocrates ou aux opposants.

Cela sautait aux yeux que c’était d’abord un choix de la fidélité. La loyauté de Komi Sélom Klassou était ainsi récompensée. Faut-il le rappeler, c’est un pur produit du pouvoir Rpt qui y a fait ses armes depuis sa vie d’étudiant jusqu’à ce jour. On se rappelle ses propos de grand zèle dans une allocution lors de l’agression terroriste du 23 septembre 1986 alors qu’il était à la tête du Mouvement national des étudiants et stagiaires du Togo (Monesto). « Le président du Monesto, M. Komi Klassou a condamné aussi les terroristes et leurs commanditaires et a demandé que justice soit faite, car le sort du Togo se joue au Togo, par les vrais Togolais et non ailleurs. Il a demandé que les textes qui répriment le terrorisme chez nous soient appliqués sans faiblesse », lit-on dans la parution n°113 du mensuel de l’époque « Togo Dialogue ».

Les années sont passées, mais l’homme est demeuré tel, ou mieux, s’est endurci. Il fait partie du cercle fermé des thuriféraires du régime de son défunt père qui se sont autotransférés à l’Union pour la République (Unir) et ne pensent qu’en termes de préservation du pouvoir au sein du clan. N’a-t-il pas été identifié comme l’un des auteurs du blocage lors des discussions sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles ? C’est également ici que sa nomination apparait comme un choix de la fermeté sur le plan politique. On a placé à la Primature un faucon du régime en place, quelqu’un qui est prêt à tout pour sauvegarder ses intérêts. Un choix assez illustratif de l’état d’esprit de Faure Gnassingbé.

Un enjeu stratégique caché ?

Pris isolément, cette nomination de Sélom Klassou apparaît comme une promotion pour l’homme, car il s’agit d’une montée dans l’appareil exécutif. De (simple) député, l’homme devient Premier ministre, donc la seconde personnalité du pays dans l’ordre protocolaire. C’est lui qui supplée le chef de l’Etat en son absence. Tout est explicité dans l’article 78 de la Constitution : « Le Premier Ministre est le Chef du Gouvernement. Il dirige l’action du Gouvernement et coordonne les fonctions des autres membres. Il préside les comités de défense. Il supplée, le cas échéant, le Président de la République dans la présidence des conseils prévus aux articles 66 et 72 de la présente Constitution. Il assure l’intérim du Chef de l’Etat en cas d’empêchement, pour cause de maladie ou d’absence du territoire national ». Son rôle devrait être plus renforcé si la Constitution n’avait pas été toilettée en décembre 2002 par Gnassingbé Eyadéma et les prérogatives du Premier ministre réduites à néant. Il s’agit donc a priori d’une promotion. Mais des observateurs avisés relèvent des enjeux stratégiques cachés en lien avec l’intérim de la présidence de la République assuré par le président de l’Assemblée nationale en cas de vacance de poste et le débat actuel sur la santé du chef de l’Etat.

« Klassou est un fidèle des fidèles politiquement parlant ; mais il y a aussi d’autres enjeux que le commun des citoyens ne voit pas (…) Ce pouvoir est un as des calculs politiciens. Klassou était en fait comme une épine aux pieds des grands décideurs et sa nomination est un bon débarras. C’est comme on voulait anticiper sur certaines choses (…) Vous devez comprendre que seule la Primature est concédée aux originaires de la partie Sud du pays. Quant à la présidence de la République, c’est la chasse gardée des originaires du Nord du pays, ainsi que tout poste qui pourrait être une passerelle pour y accéder d’une manière ou d’une autre, comme la présidence de l’Assemblée nationale très importante en cas de vacance de poste du président de la République pour cause de maladie invalidante ou de mort. Tout se joue là», relève l’un d’eux. Et d’ajouter : « Klassou mérite amplement d’être président de l’Assemblée nationale. Il était pendant toute la mandature 2007-2013 1er Vice-président sous Abass Bonfoh. Logiquement, il n’y a pas de raison qu’il ne soit pas promu à la présidence après les législatives de 2013. Mais le parti au pouvoir ne l’a pas fait, mais a préféré y parachuter Dama Dramani dont on connait les origines. On a maintenu Klassou à la Vice-présidence pour finalement lui faire un « tais-toi » avec sa nomination à la Primature ». Une analyse loin d’être farfelue si l’on fait une bonne observation. « En cas de vacance de la présidence de la République par décès, démission ou empêchement définitif, la fonction présidentielle est exercée provisoirement par le Président de l’Assemblée nationale », indique l’article 65 de la Constitution.

Anticiper certaines situations

Cet aspect de la chose a été relevé par notre interlocuteur dont les propos ont été rapportés plus haut. « Klassou est un originaire du Sud, et on ne veut pas prendre le risque de le voir à la présidence de l’Assemblée nationale en cas d’intérim du président actuel Dama Dramani », indique-t-il. Cela parait un vieux débat, d’autant plus que la présidence de l’Assemblée nationale a été pourvue depuis pratiquement deux ans. Mais il pouvait encore y parvenir par le concours des circonstances, comme la situation actuelle cristallisée par la santé dite chancelante du Prince.

En effet dans l’hypothèse que les rumeurs deviennent des clameurs et que le fils du père réélu pour un 3e mandat au pouvoir ne puisse plus assurer ses fonctions, c’est à Dama Dramani en tant que président de l’Assemblée nationale qu’il revient d’assurer l’intérim durant soixante jours et d’organiser une élection présidentielle pour élire son successeur. Et par un simple jeu de chaise musicale, la logique voudrait que ce soit le 1er Vice-président qui monte et deviennent président de l’Assemblée nationale. Un Ahouna – souvent soupçonné d’être opposant naturellement- à un poste aussi important à un moment aussi sensible n’est pas quelque de rassurant… Imprévisible, il pourrait prendre des initiatives qui pourraient remettre en cause les plans obscurs fignolés dans les laboratoires du pouvoir. Les observateurs avisés rappellent, pour étayer cette argumentation, le sort d’un certain Eric Kpadé, 2e Vice-président de l’Assemblée nationale lors du décès d’Eyadéma le 5 février 2005. C’est un secret de Polichinelle, ces considérations ethnicistes et régionalistes persistent encore avec un pouvoir qui surfe souvent sur cette fibre et voudrait compter en dernier ressort sur le cercle fermé des «frères du président ». Ce n’est pas pour rien que les postes de souveraineté au gouvernement, les grandes régies financières ou postes clefs au sein de l’armée sont majoritairement aux mains des originaires d’une certaine région du Togo, de l’ethnie ou du village du grand boss. Au demeurant, ce parachutage de Sélom Klassou à la Primature apparait comme un « débarras » pour « sécuriser tous les plans ».

Tino Kossi

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