Togo - Le taux relativement bas de réussite au Baccalauréat 2ème partie depuis un certain nombre d’années au Togo continue de susciter des réactions. La dernière en date est celle du Pr Apédo Amah Togoata, enseignant chercheur dans les Universités du Togo qui n’a pas été du dos de la cuillère pour condamner l’Etat togolais.
Réagissant mardi sur la radio Victoire FM, l’enseignant des Universités a estimé que le taux du BAC représente la « médiocrité » qui prévaut au niveau de l’éducation nationale avec un taux d’encadrement professeur-élèves qui s’écarte de plus en plus de la norme.
« Il y a une trentaine d’années à l’Université, les effectifs étaient assez réduits, ce qui permet aux enseignants de bien faire leur travail et aux étudiants de bien suivre les enseignements et le taux de réussite était beaucoup plus élevé. Dans les années 70, même au début des années 80, le taux de réussite au BAC tournait autour de 70 et 75%, presque comme en France. Le gouvernement a failli dans la mesure où il n’a pas su recruter des enseignants formés et bâtir de nombreuses salles de classe pour pouvoir permettre aux enseignants et aux élèves de travailler dans de bonnes conditions », a laissé entendre M. Togoata.
Cette situation de dissolution du niveau de l’enseignement s’est empirée selon lui, avec le recrutement des « bricoleurs » à la place des « vrais » enseignants et la fermeture des écoles normales d’instituteurs (ENI).
Mieux encore, le gouvernement plaque au système éducatif togolais, des politiques d’éducation (le système LMD par exemple) que les Blancs ont mûries pour les besoins de leurs sociétés.
Pour lui, c’est une erreur de penser que les élèves d’aujourd’hui sont moins intelligents que leurs parents. A en croire M. Togoata, cette situation est à mettre sur le compte de la société elle-même.
« Aujourd’hui, les gens voient de la facilité, on veut réussir par la fraude, par la facilité et les mauvais exemples sont là. Ceux qui doivent servir d’exemple sont les bandits. Les élèves et étudiants voient leurs grands-frères qui ont des diplômes et sont à la maison ou font du Zémidjan ou vendent de la friture aux bords des rues. Dans le même temps, ils voient les voleurs de la République qui roulent en 4X4 et qui construisent villas sur villas et s’offrent des vacances avec leurs petites copines à Paris pour faire du shopping. Dans ces conditions, les élèves et étudiants se disent on perd le temps à l’école, il vaut mieux suivre la trace des voleurs et bandits », a déploré Pr Apédo Amah Togoata.
Le taux de réussite au Baccalauréat 2ème partie cette année scolaire est de 49,106%, un taux plus élevé que celui de l’année scolaire précédente (un peu plus de 42%).
