Cette lettre en date du 22 juillet 2015 dont nous avons reçu copie est la meilleure façon trouvée cette fois-ci par le président du PRR (Parti pour la Renouveau et la Rédemption), Nicolas Lawson pour interpeller les ambassadeurs accrédités au Togo sur les cas Kpatcha Gnassingbé et Pascal Bodjona écroués dans le cadre des affaires différentes. Dans cette correspondance, le candidat malheureux aux présidentielles de 2005 et 2010, invite ces représentants des partenaires du Togo à poser un regard sur les valeurs cardinaux et de respect à la vie humaine souvent défendues par leurs Etats.
«Aussi et puisque vous êtes des partenaires pour la gouvernance du pays et que vos opinions suffisent à nos gouvernants pour fonder leur crédibilité et leur légitimité, je viens vous solliciter pour prêter attention chez nous à ces valeurs que vos sociétés ont toujours tenues pour sacrées et inviolables », pouvait-on lire dans le texte. Il entend voir ces ambassadeurs user de leurs prérogatives pour demander au gouvernement togolais de libérer les deux personnalités précitées. En tout cas, sans s’attendre à la réponse de ses interlocuteurs, Nicolas Lawson les appelle à faire sienne le point de vue selon lequel, l’interdépendance des hommes et le sens de l’humanisme les commandent à seconder les forces vives du Togo pour changer le cours des faits actuels... Lecture !
Lomé, le 22 Juillet 2015
Excellences
Messieurs les Ambassadeurs
auprès de la République Togolaise
LOME – TOGO
OBJET : LETTRE OUVERTE
Excellences,
Depuis quelques mois, nous assistons à vos interventions répétées pour apprécier la gouvernance de l’Etat togolais et louer l’évolution démocratique du pays. Je suis persuadé que vous concevez comme nous qu’en l’absence de valeurs, il n’y a que confusion et chaos. Lorsque les valeurs se désintègrent, tout se désintègre. Aussi et puisque vous êtes des partenaires pour la gouvernance du pays et que vos opinions suffisent à nos gouvernants pour fonder leur crédibilité et leur légitimité, je viens vous solliciter pour prêter attention chez nous à ces valeurs que vos sociétés ont toujours tenues pour sacrées et inviolables.
En effet, deux anciens ministres de la République sont détenus en prison depuis des années, notamment l’ancien Ministre de la défense, Kpatcha Gnassingbé, pour tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat et l’ancien Directeur de cabinet du Président de la République et ancien Ministre de l’intérieur, Pascal Bodjona, pour complicité d’escroquerie. Le premier a été lourdement condamné pour 20 ans. Le second n’a pas été condamné mais détenu illégalement et abusivement. Malgré les condamnations de ces violations des droits humains par la Cour internationale de justice de la CEDEAO et par l’ONU, l’Etat togolais affiche un mépris ostentatoire et persistant à l’égard de ces institutions internationales. D’autres détenus politiques et de droits communs non jugés sont également détenus arbitrairement dans nos prisons, qui sont une véritable culture de l’indignité humaine.
Un Etat peut-il être qualifié de démocratique s’il ne respecte pas les principes élémentaires des droits humains et s’il affiche un mépris pour la dignité et le bien-être des citoyens ? Notre pays est à la dérive et nos concitoyens, dans leur immense majorité, sont très malheureux et dans la désespérance.
Mais dans leur sagesse, ils subissent silencieusement l’insupportable pour la préservation de la paix sociale et la stabilité politique du pays.
Le coût élevé de la vie, les très bas salaires et retraites et l’aggravation de leur taux métabolique basal, etc., augmentent leurs pressions artérielles et les tuent de plus en plus nombreux et vite. C’est sur cette voie du désastre social, économique, écologique et moral que nous entraîne la gouvernance actuelle. Comme toutes les grandes catastrophes qui surviennent, celle qui nous menace est muette.
Même si vous vivez avec nous temporairement et que vous partirez le moment venu, l’interdépendance des hommes et le sens de l’humanisme vous commandent de nous seconder pour changer le cours des faits actuels.
Je vous sollicite au nom des valeurs sacrées d’humanisme et de justice pour demander au gouvernement togolais avec lequel vous coopérez de libérer Mr Kpatcha Gnassingbé pour lui permettre d’aller se faire soigner, de libérer Mr Pascal Bodjona car il n’a rien à faire en prison et d’élargir ou de juger sans délai tous les autres détenus politiques ou de droits communs. La politique populicide et liberticide actuellement menée n’a rien de démocratique et n’est pas progressiste. C’est de la façon dont un homme traite les autres hommes qu’il peut être considéré comme un homme ou non.
Je vous présente mes remerciements anticipés pour votre concours souhaité et je vous prie de trouver ici, Excellences, l’expression de mes sentiments distingués.