Togo - Le 9 juillet 2015, le gouvernement par un communiqué, a réagi en dénonçant les conditions difficiles et inhumaines dans lesquelles travaillent des jeunes filles togolaises (domestiques) au Liban. Retour sur le sujet avec des témoignages poignants de certaines victimes.
Contrairement à ce qu’on raconte à ces filles ici, c’est l’enfer qu’elles vivent au Liban. "Moi je me nomme Marie, j’ai été domestique à Beyrouth et j’ai été vraiment maltraité par mon employeur. J’ai dû m’enfuir", confie Jacqueline, une victime qui a réussi à échapper à ses bourreaux.
Elle raconte son calvaire: "Depuis l’embarquement jusqu’au lieu de travail, on nous traite mal. Déjà à l’aéroport, les policiers nous retirent les passeports et nous enferment dans un hall, après la personne qui va t’accueillir vient te chercher et t’embarque directement à la maison. C’est elle qui garde le passeport et c’est après trois ans que tu peux retrouver ton passeport à l’aéroport. On n’a pas de contrat avec l’employeur. D’ailleurs il ne respecte aucun contrat. Tu es surveillé, on n’a pas le droit de sortir, de circuler librement dans les rues. On nous confisque tout, pas de passeport, pas de papier. Vraiment les conditions sont difficiles…moi je n’arrivais plus à supporter et j’ai dû m’enfuir pour revenir au Togo ».
Les domestiques togolaises sont visiblement traitées comme des bêtes somme.
« Avant de partir au Liban, ceux qui nous y amènent nous ont dit qu’on y va pour s’occuper des enfants et là on va prendre soin de nous : logement, nourriture, tout est garanti. Mais arrivé, c’était le contraire. On nous maltraite, on ne mange pas, le petit déjeuné on le prend à 16h et on dormait dans la cuisine », a déclaré Abla.
Cette dernière déconseille encore ses camarades qui sont tentées par cette aventure.
« Les filles qui se préparent pour aller dans les pays arabe n’ont cas abandonné leur idée. Que ce soit Liban, Arabie Saoudite, Koweït, ce sont les mêmes personnes, elles traitent les gens de la même manière. Dans ces pays, la dignité des filles togolaises est bafouée, on n’a pas de dignité, nous sommes traitées moins que leurs animaux », a-t-elle laissé entendre.
La plupart de ces filles qui réussissent à revenir au pays, sont traumatisées et peinent à reprendre une vie normale. Elles sont toujours hantées par ces images de maltraitance. Sur leurs corps, on peut apercevoir des cicatrices qui sont les preuves des violence dont elles ont été victimes.
Comme la bien souligné le communiqué du gouvernement, « il existerait des réseaux de trafic d’êtres humains, pudiquement appelés « agences de placement », à la tête desquels se trouveraient des Libanais et des Togolais qui se livrent à la chasse des jeunes filles qui, dans la plupart des cas, sont démunies et à la quête d’un emploi pour survivre.
Un appel est donc lancé à toutes ces jeunes filles qui sont encore brûlées par ce désir.