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TRIBUNE de Rodrigue K. A. Ahégo : “Quand l’Afrique paie le prix économique de l’assassinat de Sylvanus Epiphanio Kwame Olympio”
Publié le mercredi 29 juillet 2015  |  Togo Online


© Autre presse par DR
Sylvanus Epiphanio Elpidio Kwami OLYMPIO, le père de la nation Togolaise


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La dette extérieure des Etats Africains suscite beaucoup de réactions au sein de l’élite des économistes qui pointent du doigt, le francs CFA qui seraient, selon eux, le mécanisme par lequel l’occident contrôle les ressources naturelles et industrielles du continent africain, bref son économie.

Nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour soutenir cette thèse selon laquelle à travers le francs CFA, l’Europe, surtout la France manipule l’économie du continent africain. C’est le cas de l’ancien ministre togolais de la prospective au sein du gouvernement Ahoomey-Zunu II, professeur d’Université et Economiste chevronné du Togo, Kako Nouboukpo.


Ce dernier s’attaque avec véhémence au Francs CFA et à tous ceux qui en tirent profit. Selon lui, l’Afrique a besoin de divorcer d’avec le francs CFA si elle veut se développer. L’évidence de ce contrôle ou d’une manipulation des ressources économiques d’un pays à travers les monnaies a été suffisamment démontrée par la situation de la Grèce, une situation à travers laquelle l’on comprend réellement le poids économique de l’Euro et ce que représente le francs CFA dans la balance monétaire occidentale. En clair, les Africains s’offrent gratuitement à la merci de ces pilleurs professionnels et prédateurs de l’économie du continent qui en réalité, ne viennent pas pour contribuer au développement économique du continent, mais plutôt pour racler les ressources économiques, une opération qu’on voile par des soi-disant enveloppes financières, dons… tout ce que vous voulez.


C’est ainsi qu’ils attribuent un taux de pauvreté alarmant à ce continent assez riche en ressources naturelles et industrielles. Là où il y a le paradoxe, non seulement ils pensent qu’il y a l’insécurité sur le continent, mais ils envoient par plusieurs milliers leurs ressortissants pour se blottir sous les ailes de l’économie africaine. Ils sont ainsi, sur un financement par exemple de 10 millions d’Euro, logés, véhiculés, nourris et payés pour environ 15 millions d’Euro. Une perte donc de 5 millions d’Euro sur le dos des contribuables des pays africains. Une complicité à travers laquelle des gourous politiques de l’Afrique se mêlent naïvement à ce phénomène de fuite de capitaux qui leur permet toujours naïvement de piller les ressources économiques de leurs propres pays pour alimenter les comptes des pays occidentaux. C’est ainsi que le vocable « paradis fiscaux » est inventé pour dire clairement que ce sont les africains eux-mêmes qui pillent leurs pays pour placer l’argent volé dans des comptes noirs européens. Malheureusement, ces fonds sont difficilement retournés au pays, lorsqu’ils sont découverts par ces mêmes pilleurs affectueusement appelés « partenaires financiers ».

Vous vous demandez certainement ce que le père de l’indépendance et premier président du Togo vient chercher dans cette histoire. C’est normal.

Sylvanus Epiphanio Kwame Olympio, puis que c’est de lui qu’il s’agit, a payé le prix fort de son ambition de mettre fin à cette manipulation financière de l’occident, en optant pour une monnaie propre au Togo, jouissant ainsi de sa compétence économique ou doit-on dire, voyant le mal ou le pire venir. Un projet qui, si -il avait réussi-, devrait permettre aux africains de prendre conscience de la réalité et délivrer le continent à travers une monnaie unique.

L’homme a fait de grandes études dans une époque où ce n’était pas évident. Contrairement à ses collègues présidents des autres pays qui ne se contentaient que de leur niveau de CEPE, Sylvanus Olympio est nanti d’un diplôme de Baccalauréat, diplôme avec lequel il a accédé aux études supérieures. A la fin de ses études, il est revenu au pays en tant que chef d’entreprise, pour aider à l’essor économique du Togo et par ricochet celui du continent. Il a été tour à tour président de la Chambre de Commerce du Togo, Maire de la ville de Lomé, premier ministre et puis premier Président de la République Togolaise et artisan de l’indépendance de la Terre de nos Aïeux.

Lorsque l’indépendance a été proposée au Togo en 1958, il a eu le courage de demander aux colons de lui accorder deux ans pour payer l’intégralité de la dette du Togo parce que selon lui, on ne peut pas parler d’indépendance d’un pays endetté. En clair, Sylvanus Olympio a voulu briser le lien qui reste comme cordon ombilical entre les pays africains et leurs pays colonisateurs. « On ne peut pas devenir indépendant quand on doit encore à la France » a-t-il déclaré à l’époque.

Cette déclaration a résonné comme une provocation dans les couloirs des colonisateurs qui ont commencé par fouiner dans les idées de Sylvanus Olympio pour savoir ce qu’il préparait au juste. Contre toute attente, puis que pensant incapable les Africains, Sylvanus a en deux ans, comme promis, payé toute la dette du Togo avant d’ouvrir les portes du pays à l’indépendance. D’où la date du 27 avril 1960, une référence malheureusement brisée d’un point de départ d’un processus de développement économique. Pourquoi ?

Au lendemain de l’indépendance, toujours engagé à donner à l’Afrique la chance de se développer économiquement, il opte pour la création d’une monnaie propre au Togo, au moment même où il posait les bases d’une dynamique communautaire pour la même cause, dynamique devenue de nos jours, la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Ce pas a été une provocation de trop pour l’occident qui apprenait que Sylvanus avait déjà fait frapper des monnaies propres au Togo, et dont le lancement était prévu pour un proche avenir.

Il fallait donc accélérer les choses pour empêcher ce lancement qui allait constituer le coup d’envoi d’un essor économique de l’Afrique. Ainsi donc, une crise artificielle a été créée, mettant en scène l’armée à peine corrompue. Un mouvement de nuit fut orchestré assorti de l’assassinat dans un brouillard d’ombre, de Sylvanus Olympio.

Loin d’aller dans les polémiques autour de qui a fait quoi, quand, où et comment, il s’agit ici de démontrer combien Sylvanus Olympio, à travers son initiative, a constitué une menace à l’occident, donc allez-y comprendre à qui profite le crime.

Vous convenez donc que la guerre déclarée au francs CFA ne date pas d’aujourd’hui. Nous pouvons alors dire sans détour que « chasser le naturel, il revient toujours au galop ». Et nous en sommes là. Ce déchainement économico-politique des économistes africains n’est qu’une suite logique de cette réalité qui voudrait que l’indépendance politique réelle passe par celle économique. Auquel cas, il n’y aura jamais d’élections libres, transparentes, équitables… démocratiques dans aucun pays d’Afrique Francophone. Autrement dit, lorsque l’Afrique gagnera le pari d’une telle élection, elle aura coupé le cordon ombilical entre elle et les manipulateurs de son économie. C’est là qu’on pourra parler d’émergence d’un continent qui regorge d’assez de ressources naturelle et industrielle.

Revenant donc à l’implication politique dans ce débat qui n’arrange pas la France, vous comprendrez finalement pourquoi les politiciens pensent que c’est la France qui donne la bénédiction finale à un chef d’Etat pourtant élu ou malheureusement non élu par le peuple souverain. En raison, le premier vol d’un chef d’Etat d’Afrique Francophone a pour direction l’Elysée, et juste au lendemain de la proclamation de résultats corrects ou frauduleux. Ce n’est que là que ce dernier peut s’asseoir sans crainte dans son fauteuil présidentiel. Un facteur qui permet enfin au nouveau locataire des fauteuils présidentiels de contribuer au pillage des ressources de son pays en direction de l’occident, maintenant son peuple dans la misère absolue.

«La vérité, elle existe ; seul le mensonge est inventé ». Pour tout conclure, on peut alors dire sans détour, que l’Afrique continue de payer le prix économique de l’assassinat de Sylvanus Kwame Epiphanio Olympio.

Nous y reviendrons


Rodrigue K. A. Ahégo

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