Dakar - Le virus Ebola, responsable de plus de 11.000 morts en Afrique de l'Ouest depuis décembre 2013, suscite une peur planétaire en raison de son fort taux de mortalité et de l'absence de traitement efficace, mais le vaccin testé avec succès en Guinée pourrait changer la donne.
- D'OÙ VIENT-IL?
Comme le sida, parti de Kinshasa dans les années 1920 avant de se propager à la planète selon une étude récente, Ebola s'est d'abord manifesté en Afrique centrale.
Le virus doit son nom à une rivière du nord de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre), où il a été identifié en 1976.
Depuis, cinq souches ont été répertoriées (Zaïre, Soudan, Bundibugyo, Reston, Forêt de Taï), la première particulièrement redoutable, avec des taux de mortalité pouvant atteindre 90% chez l'homme, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
- COMMENT SE TRANSMET-IL?
Le virus circule parmi les chauve-souris frugivores, considérées comme son hôte naturel, qui ne développent pas la maladie. D'autres animaux - grands singes, antilopes, porcs-épics... - sont également susceptibles de le véhiculer et le transmettre à l'homme.
Dans l'épidémie actuelle, un seul cas de contact avec un animal est avéré, au tout début de la chaîne, en Guinée, le virus s'étant ensuite propagé entre humains.
Bien qu'il soit contagieux, le virus se transmet pourtant moins facilement (environ deux personnes par malade) que nombre de maladies courantes, en raison notamment de son mode de contamination, par contact direct avec les fluides corporels (sang, sperme, vomissures, matières fécales, voire salive et sueur), mais pas par voie aérienne.
Les malades ne deviennent contagieux qu'après l'apparition des symptômes, pour atteindre leur taux maximal de contamination juste après la mort, d'où des risques accrus lors des funérailles.
Après une période d'incubation de 2 à 21 jours - en moyenne autour de cinq jours, selon les travaux de chercheurs suisses -, Ebola se manifeste souvent par une brusque fièvre, avec une faiblesse intense, des douleurs musculaires et articulaires, des céphalées et des maux de gorge.
Cette phase est souvent suivie de vomissements, diarrhées, éruptions cutanées, insuffisance rénale et hépatique et hémorragies internes et externes.
- QUELS TRAITEMENTS POSSIBLES?
Les soins consistaient jusqu'ici essentiellement à hydrater les malades.
Mais des essais cliniques sont actuellement menés sur des traitements expérimentaux et sur des vaccins, dont le très prometteur VSV-ZEBOV testé avec succès sur plus de 4.000 personnes en Guinée.
Selon les résultats préliminaires d'une étude publiée vendredi par la revue médicale britannique The Lancet, le vaccin - mis au point par l'Agence de la santé publique du Canada et dont la licence est détenue par les laboratoires américains NewLink Genetics et Merck - s'est révélé efficace à 100%, ce qui fait dire à l'OMS que le premier vaccin contre Ebola est "à portée de main".
Un autre vaccin, développé par la firme britannique GSK avec l'Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), est testé depuis février au Liberia.
Parmi les traitements expérimentaux, figure notamment le favipiravir, un antiviral homologué pour la grippe, du Japonais Toyama Chemical. Il a donné des résultats encourageants sur certains malades infectés en contribuant à réduire la mortalité, selon les résultats préliminaires d'un essai mené en Guinée.
Autre traitement expérimental, le ZMapp, un cocktail d'anticorps qui pourrait avoir aidé certains malades à guérir.
- COMMENT S'EN PROTÉGER?
Les consignes reposent sur des mesures préventives simples mais rigoureuses
(lavage des mains, désinfection avec des solutions hydro-alcooliques...), ainsi que sur la surveillance des premiers symptômes, la fièvre notamment.
Il est recommandé de ne pas s'approcher des malades ni des cadavres à moins de plusieurs mètres et, pour les soignants, de porter gants et masques. Les locaux contaminés doivent être désinfectés.
- OU EN EST L'ÉPIDÉMIE AUJOURD'HUI?
La situation s'est nettement améliorée ces dernières semaines et l'OMS s'est félicitée mercredi que le nombre d'infections hebdomadaires par le virus ait atteint son plus bas niveau depuis plus d'un an en Afrique de l'Ouest.
Mais elle a exprimé son inquiétude pour la Sierra Leone où un patient décédé après s'être rendu dans la capitale représente "un risque conséquent de transmission ultérieure".
L'ONU a pour sa part annoncé mi-juillet, à l'issue d'une réunion des donateurs, que les trois pays les plus touchés (Liberia, Sierra Leone, Guinée) avaient reçu des promesses de financement de 3,4 milliards de dollars sur deux ans, pour redresser leurs économies dévastées par Ebola et renforcer leurs systèmes de santé.