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Sécurité maritime : Un gouffre de plusieurs milliards dans un pays aux infrastructures de santé en ruine
Publié le mardi 4 aout 2015  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait
Visage actuel de la plage de Lomé, section centre-ville et hôtel PALM BEACH
Lomé, le 23 juin 2015. Petit tour d`horizon de la plage de Lomé, lieu privilégié de détente et de repos pour plusieurs Loméens.


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«Sécurité maritime». C’est la nouvelle trouvaille de Faure Gnassingbé et ses courtisans. Il ne se passe de jour où on ne monte les décibels sur certains médias autour de cette conférence sur la fameuse sécurité maritime annoncée comme l’événement du siècle, mieux, le retour de Jésus sur terre.


Après plus de dix ans au pouvoir, le fils d’Eyadéma n’a jamais réussi à s’imposer sur le plan régional. Comme si le régime qu’il incarne est assez répugnant, il se trouve toujours dans ses petits souliers parmi ses pairs. Plus d’une fois, la présidence de la CEDEAO lui a échappé au profit une première fois de John Mahama, et une seconde fois de Macky Sall. Alors pour laver cet affront et se mettre en exergue, les courtisans de sa cour royale ont inventé un nouveau concept, la sécurité maritime.


Faure Gnassingbé est désormais auréolé du manteau du « chasseur des pirates », les Johnny Depp des côtes savent désormais à quoi s’en tenir. Sécurité maritime par-ci, par-là, ce thème est devenu l’antienne quotidienne dont on rebat les oreilles des Togolais dont les soucis sont ailleurs. Même les journalistes, faute de sujets et d’enquêtes sérieuses, ont trouvé un véritable outil de propagande au point d’envisager un réseau pour la
circonstance. Vive le « bitos », dira l’autre.


Même si Laurent Bigot, l’ancien Sous-Secrétaire chargé des Affaires africaines à l’Elysée pense que la piraterie est institutionnelle au Togo et ce fameux sommet ressemble fort à une conférence pour la lutte contre la drogue avec pour principal invité Pablo Escobar, Faure Gnassingbé et son bataclan sont à l’œuvre pour la réussite de l’événement. Pour y arriver, rien n’est exclu pour décrocher le Saint Graal. Peut-être annonceront-ils bientôt la présence de Barack Obama, qui sait ? Richard Attias, le communicant qui s’est vu attribuer la cérémonie d’investiture de Faure Gnassingbé qui a fait flop est à pied d’œuvre.


C’est à sa structure qu’est confiée l’organisation de la conférence. Les visuels sont déjà conçus et diffusés, de même que les articles de propagande dans certains journaux et autres feuilles de choux de la région pour le bonheur des propagandistes qui voient là un événement planétaire. Pour les multinationales qui écument nos côtes et qui ont pris en otage les richesses minières de ce pays, c’est un événement. Mais quelles retombées pour le Togo et ses pauvres habitants ? Même les propagandistes peinent à répondre à cette question. Une question tout à fait légitime lorsqu’on sait que le Togo qui ploie sous le coût d’un endettement monstre injecte dans cette aventure des dizaines de milliards de franc Cfa. La seule réfection de l’Hôtel du 2 février chiffrée à 13 milliards F CFA est désormais portée à 37 milliards, un coût plus élevé que le montant de la construction de l’immeuble (35 milliards à l’époque, chiffre d’ailleurs contesté par des spécialistes qui avaient évoqué une surfacturation sous l’ère Eyadéma).


Tout porte à croire que c’est une occasion pour les prévaricateurs de sortir encore des fonds du pays par une surfacturation surtout que l’on évoque le débarquement des « chinoiseries » pour ce bâtiment. D’autres sommes colossales sont débloquées notamment pour achever à la hussarde les routes, la réquisition des appartements des privés, la communication, le lobbying, la restauration etc. Pendant que Faure Gnassingbé et ses amis déversent des milliards dans cette nouvelle trouvaille aux résultats incertains, les Togolais qui l’auraient « brillamment » élu le 25 avril dernier éprouvent toutes les peines du monde à se faire soigner dans les hôpitaux et centres de santé. Les infrastructures sanitaires au Togo sont dans un état comateux très avancé. Les blocs opératoires fonctionnent par intermittence, faute du minimum (absence de linge, matériels chirurgicaux défectueux, salle mal éclairée, scanner défectueux etc).


A la maternité du CHU Sylvanus Olympio de Lomé, les femmes enceintes sont même étalées au sol. La pédiatrie n’est pas du reste, les nouveau-nés meurent tous les jours dans l’anonymat pour diverses raisons parfois même banales. Les médecins de la traumatologie, dépassés par les événements, utilisent des cartons pour confectionner les garrots pour immobiliser les jambes des blessés. Le tableau est apocalyptique dans tous les domaines et les cris d’alarme des populations et même du personnel soignant n’ont aucun effet sur ceux qui régentent ce pays, puisque la plupart d’entre eux se soignent à l’extérieur. Faure Gnassingbé en premier dans les hôpitaux les plus chers en Italie.

En dix ans de règne, il n’a jamais mis pied au CHU Sylvanus Olympio de Lomé pour toucher du doigt les réalités de nos hôpitaux. La seule fois qu’il a tenté d’y aller pour inaugurer le scanner du projet BIDC, il y a renoncé à la dernière minute du fait du caractère défectueux de l’appareil. Le responsable de cette situation qui, du reste, se trouve être son conseiller médical, n’a jamais été inquiété. Voilà le Togo des contrastes et des paradoxes sous Faure Gnassingbé. Pendant que les Togolais meurent dans les hôpitaux, même parfois pour des raisons banales (manque d’oxygène), Faure Gnassingbé à la recherche d’une gloire qu’il peine à avoir depuis dix ans, investit des milliards dans un sommet sur la sécurité maritime dont personne, ni les propagandistes ne peuvent de façon tangible situer l’impact sur la vie quotidienne des Togolais. Les inutilités sont la marque de fabrique de ce régime, le sommet de l’OUA en 2004 a non seulement été une vaste entreprise d’escroquerie, mais a aussi sonné le glas de l’hôtel du 2 février hypothéqué par feu Eyadéma auprès des Libyens.

De toute évidence, le sommet sur la sécurité maritime est une autre occasion pour les pilleurs impénitents de la République de sortir des milliards du pays. En attendant, les malades peuvent continuer à mourir dans les hôpitaux. Vive le mandat social !

Ferdi-Nando
L’ALTERNATIVE – N°445 du 04 Août 2015

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