«C’est vraiment difficile de travailler au Togo avec un réseau et une connexion défaillants », pestait il y a quelques semaines une jeune entrepreneure étrangère qui vient de s’installer à Lomé. L’amélioration du climat des affaires à l’ère des grandes mutations technologiques va de pair avec l’efficacité et la performance des réseaux de communication. Au Togo, la communication est devenue un véritable parcours du combattant. Non seulement le coût est le plus élevé de la sous-région, mais en plus il faut s’armer de patience pour passer un seul coup de fil. Quant à l’internet, un outil indispensable aux affaires dans tous les domaines, c’est la catastrophe totale.
A la société d’Etat de la téléphonie, TogoTélécom, en chute libre depuis un bon moment, la situation se complique davantage. Et quand c’est l’Etat à travers ses sociétés publiques qui organise l’escroquerie, les miasmes, les cris de cœur, les protestations des citoyens n’ont pas d’échos. Ils sont nombreux, ces Togolais ou expatriés qui dépensent pour les crédits internet qu’on ne leur sert jamais pour la simple raison que Togo Télécom est devenue une entreprise d’escrocs à col blanc.
Gérée comme une épicerie de quartier par des « amis » de Faure Gnassingbé, la société de télécommunication en quasi monopole sur le marché est au bord du gouffre, sinon au fond du gouffre. Les auteurs de ce désastre se la coulent douce en toute impunité puisqu’au bout du compte, les prévaricateurs se retrouvent à toutes les échelles de prise de décision, particulièrement au sommet de l’Etat. Le chef de bande, les obscures premières dames de la République, le DG et ses acolytes, les chanteurs et comédiens, les campagnes électorales, les maybach présidentielles, les recettes de Togo Télécom ont servi à la grande vadrouille de tous ces gens.
A l’heure du bilan désastreux sur fond d’impunité garantie par le chef de bande, ce sont les clients et autres citoyens qui payent le prix de l’incompétence et du pillage des autres. De la fin de semaine dernière au début de cette semaine, les Togolais ont eu toutes les peines du monde à communiquer sur le réseau TogoTélécom, notamment le fameux illico. L’internet fourni par la même société était carrément inexistant. Le weekend dernier, par exemple, les choses ont
empiré avec des problèmes habituels de réseau qui ont rendu très dégradantes la communication et les opérations de transferts.
La connexion internet de TogoTélécom, elle, a été tout simplement décevante. Cette société actuellement dans la tourmente n’arrive pas à répondre aux attentes de la clientèle et décourage ceux qui nourrissent encore l’envie de souscrire à ses services. Selon des sources proches de la société, les services de réactivation des numéros pour la connexion internet ne sont plus disponibles. « C’est depuis février que les gens ont fait la demande pour la réactivation de leurs numéros des clés de connexion à internet. Mais ils n’ont pas été encore satisfaits ; et ça continue toujours », a confié une technicienne d’une agence TogoTélécom.
Comme toujours, ce sont les consommateurs qui gèrent les désagréments pendant que la société ne fait qu’empocher les sous. Le Togo est passé depuis longtemps au statut d’Etat voyou dans lequel tout est permis, y compris l’escroquerie des citoyens.
Le désastre et la faillite de TogoTélécom se gèrent dans l’omerta totale puisque les auteurs sont les mêmes qui gouvernent le pays. Pour couvrir leurs actes délictueux et criminels, ils ne manquent pas d’imagination, comme par exemple celle qui consiste actuellement à fusionner TogoTélécom totalement au fond du gouffre à sa filiale Togocel qui se porte relativement bien.
La manœuvre consiste à faire renflouer les caisses de la première par la seconde. Et c’est chose faite depuis quelques mois, reste à faire une annonce officielle. C’est avec de telles prestations catastrophiques que l’on rebat les oreilles des citoyens sur une éventuelle émergence en 2030. La démagogie n’est certainement pas loin. Les Togolais doivent se mobiliser pour exiger de cette obscure société TogoTélécom, et au-delà, de la ministre des Postes et de l’Economie numérique, Cina Lawson, des services de qualité dans le domaine de la communication.
Mensah K. / PCK
L’ALTERNATIVE – N°447 du 1 1 Août 2015