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Le coup de force électoral d’avril 2015 au Togo (Déclaration liminaire)
Publié le mercredi 12 aout 2015  |  Anc Togo


© aLome.com par Parfait
Conférence de presse du CAP 2015, trois mois après le début du 3ème quinquennat de Faure Gnassingbé
Lomé, le 11 août 2015. 90 jours après la fin de l`organisation du scrutin du 25 avril 2015, CAP 2015 dénonce toujours des fraudes électorales.


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Les Togolaises et les Togolais se sont clairement prononcés en faveur de l’alternance et du changement en apportant massivement leurs suffrages à Jean-Pierre FABRE, candidat de la Coalition CAP 2015 à l’élection présidentielle du 25 avril 2015.

Mais trois jours après le scrutin, le 28 avril 2015 au soir, ils assistent aussi révoltés qu’atterrés, à l’usurpation de leur victoire par un coup de force perpétré par le régime RPT/UNIR et retransmis en direct sur les antennes de la télévision publique au Togo et dans le monde entier. Le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) proclame unilatéralement des résultats provisoires frauduleux qui donnent vainqueur le candidat du parti au pouvoir, des résultats transmis à la Cour Constitutionnelle qui les entérine le 03 mai 2015, après les avoir manipulés.

La Coalition s’est donné le temps de recueillir et d’éplucher les rapports sur la préparation et le déroulement du scrutin, élaborés par ses délégués sur le terrain et par toutes les fédérations des partis membres de CAP 2015.

L’examen de ces rapports ainsi que l’analyse approfondie des procès-verbaux des bureaux de vote et des Commissions Electorales Locales Indépendantes (CELI), confirment largement la réalité du coup de force électoral d’avril 2015.

L’objet de la présente conférence de presse est précisément de rendre public le mémorandum de CAP 2015 sur ce coup de force.

Dans ce document, CAP 2015 expose le rôle joué dans l’organisation du scrutin par chacun des acteurs directement ou indirectement impliqués dans le processus électoral.

Le mémorandum relève, preuves à l’appui, les irrégularités et fraudes commises au niveau des institutions telles que la CENI, la HAAC, la Cour Constitutionnelle, le gouvernement et le parti RPT/ UNIR au pouvoir. Il souligne en outre, les manquements et dysfonctionnements apparus au niveau des acteurs de la communauté internationale et des organisations de la société civile, avant de s’étendre sur les errements et les dérives de toutes sortes observés sur le terrain, principalement au niveau des CELI.

De fait, l’élection présidentielle du 25 avril 2015 au Togo est sortie de son cadre légal dès lors que seuls les procès-verbaux de 14 CELI sur un total de 42 ont été examinés en assemblée plénière de la CENI sans être dûment validés, avant la proclamation des résultats provisoires.

L’organisation et le déroulement du scrutin du 25 avril 2015 ainsi que la proclamation des résultats montrent, une fois encore, que les consultations électorales au Togo sont toujours marquées par de graves irrégularités et des fraudes massives, planifiées et méthodiquement exécutées à chaque élection par le parti au pouvoir, le RPT/UNIR, soutenu de diverses manières, aussi bien par les institutions en charge du scrutin que par des acteurs de la communauté internationale et certaines organisations de la société civile.

La Cour Constitutionnelle, qui est la clé de voûte des activités des pouvoirs publics.et qui, comme toujours, prend le parti du régime RPT/UNIR, a validé le coup de force en manipulant des résultats provisoires comportant des chiffres faux et incohérents, des résultats établis, antidatés, signés et transmis par 12 des 17 membres assermentés de la CENI.

Le parti au pouvoir et le gouvernement sont la véritable cheville ouvrière des irrégularités et fraudes électorales ainsi que du coup de force électoral. Il s’agit, pour les membres du gouvernement, les directeurs des sociétés publiques, des cadres de l’administration publique, des agents des forces de défense et de sécurité, les dignitaires et les « points focaux » du parti RPT/UNIR, les préfets, les chefs de délégations spéciales, les chefs traditionnels, des associations de la ‘’société civile’’ et des adjudicataires de marchés publics, de mettre en œuvre impunément tous les moyens anticonstitutionnels et antidémocratiques pour assurer la conservation du pouvoir d’Etat.

La communauté internationale, en se focalisant sur le caractère ‘’apaisé’’ du processus électoral, en a occulté les autres aspects, notamment ceux relatifs à la transparence et à l’équité. En particulier, la communauté internationale ne s’est nullement souciée du fait que la CENI et le gouvernement ont délibérément mis à l’écart le chef de la mission d’experts de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et le Comité d’accompagnement, dont la mission consiste précisément à assurer la transparence et la crédibilité des résultats du scrutin du 25 avril 2015.

Au total, le pouvoir d’Etat en place au Togo est un pouvoir usurpé, confisqué à la faveur d’un coup de force électoral. Aujourd’hui comme par le passé, les tenants de ce pouvoir ne sont donc que des usurpateurs, des autorités illégales et illégitimes que les populations togolaises n’ont pas le sentiment d’avoir portées au pouvoir. Aucun citoyen digne de ce nom ne se reconnaît en ces usurpateurs,

Dans un pays normal où la Constitution et les lois sont respectées, dans un pays normal où les institutions fonctionnent régulièrement, un scrutin tel que celui du 25 avril 2015 aurait été au moins invalidé et repris, à défaut de désigner clairement comme vainqueur, le candidat de la coalition CAP 2015, M. Jean Pierre FABRE.

Le Togo se trouve être un pays atypique, pris en otage par le système RPT/UNIR qui régente le pays de père en fils depuis plus de 50 ans.

Face à cette situation, il appartient au peuple togolais de se mobiliser résolument pour prendre son destin en main. Il s’agit de démanteler l’arsenal des moyens de fraudes électorales mis en place et entretenu par le régime RPT/UNIR.

A cet égard, comme l’illustre la récente tournée européenne du Président Jean-Pierre FABRE, les partis politiques de la Coalition CAP 2015, l’ANC, la CDPA, le PSR et l’UDS-Togo, réaffirment leur engagement solennel à poursuivre avec les populations togolaises, la lutte âpre et déterminée contre la dictature, la lutte pour la libération du Togo. Dans le même sens, CAP 2015 entreprendra incessamment une tournée d’explication et de mobilisation sur toute l’étendue du territoire national.

L’ANC, la CDPA, le PSR et l’UDS-Togo appellent l’ensemble des populations togolaises, toutes les forces vives de la nation, à prendre la mesure des nombreux défis à relever aux plans politique, économique, social et culturel, afin de réaliser le noble objectif de notre hymne national :« Faire encore de toi sans nous lasser, Togo chéri, l’or de l’humanité. »

Pour l’heure, CAP 2015 reste vivement préoccupé par la persistance des graves violations des droits de l’homme, les conditions d’insécurité sur les lieux de travail, la précarité et la misère endémiques des populations togolaises, le délabrement des secteurs de l’éducation et de la santé et le désarroi d’une jeunesse abandonnée.

CAP 2015 dénonce les représailles à l’encontre du directeur du centre culturel ‘’Mytronunya’’ à Lomé, M. Sébastien Alzerecca alias Zoul, de nationalité française, expulsé du Togo pour avoir exprimé des opinions différentes de celle du parti au pouvoir et le limogeage arbitraire dont sa compagne Enyonam, de nationalité Togolaise, a fait l’objet dans le même temps.

CAP 2015 exige la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques, notamment les personnes arbitrairement détenues dans l’affaire des incendies des marchés de Lomé et de Kara, et dont certains viennent encore de faire l’objet de tortures, de brutalités et de sévices corporels ainsi que d’un transfèrement illégal en pleine nuit et à l’insu de leurs avocats, dans d’autres centres de détention du territoire national. Il s’agit notamment de :

Kwami Manti, malade, transféré à la prison de Tsévié
Mohamed Loum alias Tomety Toussaint, malade, transféré à Kara
Ignace Missinhoun, malade, transféré à Sokodé
Séna Amavi, malade, transféré à Atakpamé
Christophe Agbégnézi, malade, transféré à Anèho
CAP 2015 dénonce la gestion calamiteuse des ressources du pays et fustige la hausse illicite des prix des produits pétroliers. Il invite instamment le gouvernement à revoir ces prix en tenant compte du niveau de vie des Togolais et de la baisse généralisée des cours mondiaux du pétrole.

En renouvelant sa solidarité et sa compassion aux familles des victimes et aux blessés de l’accident survenu le 30 juin 2015 à l’usine de WACEM à Tabligbo, CAP 2015 réitère la mise en place d’une commission parlementaire d’enquête, appuyée par une expertise de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), en vue de déterminer, de manière transparente et crédible, les causes de ce drame, de situer les responsabilités et de formuler des recommandations pour la prise en charge des victimes et la prévention de tels drames.

L’ANC, la CDPA, le PSR et l’UDS-Togo exhortent les pays partenaires et amis à s’investir résolument pour aider à l’édification d’un Etat de droit au Togo, en vue de le sortir de sa situation qui le maintient en marge des processus de démocratisation et des pratiques de bonne gouvernance engagés sur le continent africain. La transparence et l’équité des élections ainsi que l’alternance politique au Togo sont à ce prix.

Fait à Lomé, le 11 août 2015

Pour CAP 2015

Le Directeur de Campagne

Signé

Patrick LAWSON-BANKU
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