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Domestiques togolaises au Liban/Yolande Sossou : «J’ai été vendue au Liban»
Publié le mercredi 26 aout 2015  |  Afrique actualite




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Contre la promesse d’un emploi bien rémunéré, Yolande Sossou s’est envolée pour le Liban. En réalité, humiliée et exploitée, elle est vendue comme bonne à tout faire.

Qu’est-ce qui vous a poussé à quitter le Togo pour le Liban ?

C’est une affaire personnelle. J’avais des problèmes et pour oublier un peu les soucis, j’ai décidé d’aller voir ailleurs. Chercher de l’argent et relancer mes activités de vente de pagnes.

Par quel canal avez-vous quitté Lomé ? Par vos propres moyens ?
Je ne vais pas dire par mes propres moyens ou bien par une agence interposée. Au Togo, il n’y a pas d’agences. Il n’y a que des individus véreux qui soutirent de l’argent aux autres. Et cela a été mon cas. Celui qui prétendait me venir en aide, m’a escroquée, en réalité.
Mais, je l’aurais au tournant. Actuellement, mon escroc a quitté le pays pour la Belgique. On dit souvent, seules les montagnes ne se croisent pas. Ce jeune homme a profité de la situation difficile que je vivais pour me faire miroiter ce qui n’existait pas. Il m’a vendue.


Et au Liban, qu’est-ce que vous avez fait comme activité ?

Avant de quitter Lomé, on m’avait dit que, une fois arrivée, je serai employée toujours dans mon domaine, le commerce. On m’avait dit que je serai employée comme commerciale dans un supermarché. Mais grande fut ma surprise, quand j’ai découvert la réalité.

A l’aéroport de Beyrouth, une famille est venue me chercher. Les dix premiers jours, j’ai ramassé des olives dans le champ de cette famille. Je me suis alors révoltée. Nous sommes fin 2008. Dans notre maison, il y avait une Ethiopienne avec qui j’ai eu des échanges. Elle m’a parlé d’une agence qui pouvait m’aider.

Je me suis rendue à l’agence pour leur dire que je souhaiter retourner au Togo. L’agence m’a fait savoir que c’était impossible. La famille qui m’hébergeait, devait me vendre à une autre famille pour pouvoir recouvrer l’argent dépensé sur ma personne. Fâchée, j’ai décidé de ne plus rentrer auprès de cette famille. J’ai dû passer dix jours dans les locaux de l’agence jusqu’à ce que, j’ai été confiée à une autre famille.

Là, ma tâche était de m’occuper d’un enfant de 3 ans et il y avait deux jumelles. Après cinq jours passés dans cette deuxième famille, la maman des enfants s’est introduite dans ma chambre avec un revolver pour me menacer : " Toi, tu veux me prendre mon fils ?"

En réalité, en peu de temps ses enfants s’étaient familiarisés avec moi, parce que, moi-même je suis mère de deux garçons. Et comme je me trouvais très loin d’eux, je retrouvais auprès du fils de ma famille d’accueil, le sourire que je partage avec les miens. Cela a suscité de la jalousie chez cette dame. Elle m’a sommé de quitter sa maison sans rien dire à son fils.
L’agence m’a confié à une troisième famille, pour qui j’ai travaillé deux ans et cinq mois.

En quittant Lomé dans l’espoir d’avoir plus d’argent, vous avez pu atteindre votre objectif ?

Pas du tout. Car, je suis rentrée au pays bredouille. La famille me doit à ce jour, 7.500.000 fcfa (11400 euros, NDLR).

Ma troisième famille voulait retirer mon passeport que je ne voulais pas. On s’est bien "bagarrés". La famille a laissé tomber et j’ai gardé mon document.

Il y a eu plus tard, le problème du contrat de travail. Le peu de temps passé avec les familles, je me suis rendue compte qu’elles font semblant d’oublier cette partie administrative. Et sur cette histoire de contrat, on s’est encore "bagarrée". Tout est rentré dans l’ordre. J’ai continué de faire mon job.

Avec les Libanais, on travaille sans repos. Selon les termes du contrat, on doit me payer 350 dollars et chaque six mois, il y a augmentation. Ce que je vous dis, c’est parce que, j’ai eu à exiger que le contrat soit en anglais ou en français, alors que, ce qu’on présente régulièrement, est écrit en arabe. Bien qu’il existe un contrat en bonne et due forme, le moment venu, si tu demandes l’augmentation, c’est des problèmes.

Comme c’est des gens rusés, ils vont te dire, "ok", le salaire est augmenté, sachant pertinemment qu’à la fin de ton séjour, ils ne te payeront pas. Car, au Liban, on ne paye pas le salaire des domestiques à chaque fin du mois. Car, si tu prends ton salaire le mois, ils font tout pour te le voler. Donc la préférence est de laisser le salaire avec eux jusqu’au jour où tu vas partir, tu prends. Et c’est ce que la plupart des filles font.


Cela signifie que pendant les deux années passées avec cette famille, vous n’avez pas eu de salaire ?

Je n’ai jamais eu de salaire. Je suis rentrée au pays sans sous.


Et maintenant ?
A l’approche de la fin de mon contrat, je prends le soin de les avertir que, je vais rentrer au Togo, ce que la famille refuse. C’est devenu une dispute permanente. Pour contrecarrer les choses, la famille remettait mon départ chaque fois à des dates impossibles. Ne sachant pas quoi faire, en janvier 2008, j’avertissais la famille que, je dois quitter en mars 2012. On me dit "Ok."
C’est grâce à leur fille, pas majeure, qui était ma meilleure amie. C’est elle qui m’a aidée à payer un billet électronique sans que ses parents soient au courant. En mars 2012, on me donne encore un autre rendez-vous de départ sur mai 2012. Nous sommes au 08 mai 2012, le père de la famille me convoque pour m’ordonner de renoncer à voyager. Le monsieur me demande si je pars, est ce que je vais revenir à Beyrouth ?
Je dis non.
C’est la bagarre dans la maison. Il m’a menacée avec un Kalachnikov en me disant qu’il allait me tuer. De menaces en menaces, il m’amène dans un commissariat. Il a parlé avec le commissaire et exigé qu’on m’enferme. Après son départ, le commissaire m’a écoutée. La police ne m’a pas enfermée, alors que, si tu es une fille, et tu as un problème avec un Libanais, au commissariat, on t’enferme. Mais moi mon Dieu est avec moi.

J’étais avec le commissaire et les autres policiers jusqu’au retour du monsieur. Là, j’ai été ferme que, je ne voulais plus repartir, prendre l’avion directement en quittant le commissariat.
Là, il y avait de l’altercation et pour finir, il m’a conduit auprès de l’agence qui me l’avait confié. A l’’agence, je vous dis, on s’est battue sauvagement et ne sachant pas quoi faire après la bagarre, il me prend dans la voiture direction Beyrouth. Arrivés à un certain niveau du trajet, il me laisse et me dit : "tu vas souffrir et tu ne verras plus ton pays."

J’avais déjà le billet électronique avec moi. En le quittant, je réclame à nouveaux mes salaires, il répond : "si tu demandes encore ton argent, je t’amène à la police dire que, tu as volé mon or, mes sous, etc." Et, il est parti. J’ai pris alors un taxi direction l’aéroport.

Aujourd’hui, menez-vous des actions pour rentrer dans vos droits ?
Je profite de l’occasion pour dire un grand merci au Mouvement Martin Luther King (MMLK) du pasteur Edoh Komi pour son implication dans ce dossier. Je ne peux pas dire que, je compte sur lui pour avoir mes sous. Mais par la grâce de Dieu et le travail qu’il abat et surtout avec le ministère des Affaires étrangères qui vient d’ouvrir un bureau pour s’occuper des cas comme le mien, on espère avoir satisfaction.

Vous voulez dire que, être domestique au Liban, c’est pénible ?
(Rire mélangé de larmes). C’est pénible. Tu te réveilles en premier et tu te couches en dernier, 2 heures au maximum. Pour le libanais, le travail de maison ne finit jamais. Les femmes libanaises n’aiment pas voir les filles de maison ne rien faire.


Propos recueillis par Lambert Atisso

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