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Sommet sur la Sécurité maritime à Lomé/Lettre ouverte de Visions Solidaires à l’UA
Publié le lundi 31 aout 2015  |  Visions Solidaires


© aLome.com par Parfait
Briefing des autorités togolaises à l`intention des missions internationales d`observation électorales accréditées à la faveur du scrutin du 25 avril 2015
Lomé, le 21 avril 2015. Hȏtel Sarakawa, officiels togolais, diplomates représentés au Togo et observateurs devant scruter le scrutin du 25 avril 2015 se sont donnés rendez-vous.


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«Les 54 pays africains doivent s’entendre autour d’une position commune sur la migration et défendre le droit à la mobilité de leurs concitoyens sur notre planète»


Dans une lettre ouverte adressée à l’UA et aux chefs d’État africains, Vision Solidaire, une ONG togolaise, appelle à placer la question de la migration au cœur des travaux du Sommet de Lomé sur la sécurité maritime. Voici la lettre…

LETTRE OUVERTE DE LA SOCIETE CIVILE A L’ENDROIT DES CHEFS D’ETATS AFRICAINS ET DE LA COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE

L’hécatombe continue au large de l’Europe éprouve durement nos consciences africaines. Le peu de réactivité sur le continent pour faire face à cette crise préoccupe énormément la société civile africaine et est à l’origine de cette lettre ouverte à l’endroit de nos dirigeants.

La société civile a pour vocation, par essence, d’interpeller les dirigeants sur des situations qui préoccupent une population. Les peuples africains se sentent meurtris par le flot des images en provenance des médias occidentaux témoignant des naufrages réguliers d’embarcations en provenance des côtes africaines et allant vers l’Europe. Déjà plus de 2000 morts depuis le début de l’année 2015, selon les données fournies par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Les chiffres, même s’ils traduisent l’étendue d’un drame, ne peuvent permettre de réaliser la désolation que constitue pour tant de familles africaines la perte de leurs fils et filles. Le sentiment d’incompréhension à la vue de la persistance de milliers de jeunes valeureux africains risquant leur vie en mer pour rejoindre l’Europe a cédé la place à une réflexion profonde sur notre responsabilité commune face à cette catastrophe humaine.

La société civile africaine a multiplié les rencontres ces derniers mois pour élaborer des stratégies et trouver une solution à cette situation macabre aux larges de nos côtes. Ces rencontres ont permis également de s’entendre sur la part de responsabilité qui est la nôtre. En effet, la nécessité de faire survivre nos organisations face à la rareté des fonds actuellement disponibles nous a fait déserter le champ de l’éducation populaire des jeunes, qui pourtant permettrait de leur assurer une migration réussie. En outre, la précarité dans laquelle se retrouve la société civile africaine à l’heure actuelle l’empêche de créer de réels programmes pour faire face à la montée de la xénophobie à l’encontre des migrants en Afrique. Il apparaît de plus en plus difficile aux africains de vivre dans un pays autre que le leur sur le continent, quelles que soient les raisons de leur mobilité. En dernier lieu, la société civile africaine s’est rendu compte du peu d’écoute des dirigeants de l’Union Africaine à leurs appels et aux interpellations permanentes à leur endroit sur la crise migratoire. Cette crise, selon les conclusions auxquelles nous sommes arrivés, est le fruit de la faillite des mécanismes et des structures continentales de prévention des conflits et d’intégration au niveau du continent.

Bien des migrants morts en Méditerranée sont des hommes et des femmes fuyant les nombreux conflits secouant le continent. De la Libye à la Centrafrique, les crises africaines sont loin de trouver une issue heureuse. Les instruments d’alerte et de prévention des conflits, le conseil de paix et de sécurité de l’Union et tant d’autres mécanismes mis sur pied peinent à régler les problèmes sur le continent. Les réfugiés et les déplacés internes de ces conflits se retrouvent dans des camps contraints à des conditions de vie des plus difficiles et victimes d’actes xénophobes. Victimes innocentes de conflits auxquels ils ne sont pas parties prenantes et du manque d’éducation au vivre ensemble dans les pays africains. La crise sociale à l’origine de tous ces maux sur le continent ne semble pas non plus trouver une issue.


Malgré plus de cinquante ans de réflexions et de propositions pour un décollage économique sur le continent, les années passent et se ressemblent pour les populations africaines qui n’ont pour survivre que la débrouille quotidienne dans les marchés et les décharges de déchets. La situation sociale à elle seule ne peut expliquer l’ampleur du drame actuel qui se déroule sous nos yeux. La politique migratoire développée actuellement par l’Europe n’est pas étrangère à la mort de ces milliers de désespérés.

L’Europe a opté pour une politique de fermeture de ses frontières aux africains tout en obligeant le continent à ouvrir ses frontières à ses produits commerciaux plongeant des milliers de paysans dans la famine et les industries embryonnaires naissantes sur le continent à la faillite. L’urgence de sauver des vies humaines ne peut passer après des logiques commerciales et économiques. Au nom du partenariat euro-africain, tant salué par les acteurs politiques, les dirigeants de l’Union Africaine se doivent de tenir un discours de vérité à leurs homologues de l’Union Européenne afin de sauver leurs fils et filles de la mort par noyade en Méditerranée.

La prochaine réunion euro-africaine sur la migration qui se tiendra en novembre prochain à Malte devra être l’occasion pour les Chefs d’Etats africains d’exprimer au nom des peuples du continent leurs préoccupations par rapport aux politiques européennes. L’octroi des visas pour entreprendre un voyage en Europe devient un chemin de croix pour tant d’africains, quelle que soit leur condition sociale. Une injustice sociale mondialisée est donc en œuvre au niveau de la mobilité où les peuples occidentaux se retrouvent les seuls à avoir le privilège de circuler sur la planète. Les sommes dépensées par les migrants et alimentant les réseaux de trafic humain et de passeurs prouvent que loin d’être une question économique, le refus d’octroi de visa aux migrants africains est dû à des raisons politiques.

Un partenariat digne de ce nom entre les deux continents doit à ce sens passer par une reconsidération de la question de la mobilité. Les dirigeants africains se doivent donc de présenter une position commune au sommet euro-africain prenant en compte les demandes de leurs populations en matière de mobilité. Pour atteindre cet objectif les prochaines réunions au sommet entre dirigeants africains doivent être exploitées à bon escient. Le sommet sur la Sécurité Maritime qui se tiendra à Lomé juste avant le sommet de Malte parait être une bonne opportunité pour arriver à une position commune africaine sur le sujet.

La rencontre de Lomé axée sur la sécurité maritime sera l’occasion appropriée pour aborder cette question épineuse des migrants africains naufragés en mer. Que ce soit en mer Méditerranée, dans le golfe de Guinée, au large de Mayotte ou encore dans le golfe d’Aden, nombreux sont ces fils et filles du continent qui se sont éteints espérant une vie meilleure sous d’autres cieux.

Le sommet de Lomé, au-delà des questions de piraterie maritime et de trafics en mer doit pouvoir aborder le sort de ces milliers d’africains. La future charte africaine sur la sécurité maritime doit pouvoir évoquer la nécessité du secours à apporter sur toutes les mers et les océans qui entourent l’Afrique aux migrants en péril. La société civile africaine dans sa détermination à se faire entendre par les chefs d’Etats africains et les responsables de l’Union Africaine multipliera les initiatives jusqu’au sommet de Lomé pour qu’enfin les 54 pays africains puissent s’entendre autour d’une position commune sur la migration et défendre le droit à la mobilité de leurs concitoyens sur notre planète à tous : la Terre.

Visions Solidaires
Lomé-TOGO

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