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Bientôt 100 jours de Komi Selom Klassou à la Primature, Zoom sur un gouvernement constipé et paralysé
Publié le mercredi 9 septembre 2015  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait
Le PM Ahoomey-Zunu a passé la main à Selom Klassou en fin de matinée ce 10 juin. Le sortant s`est dit disposé à servir à nouveau le plus tôt possible l`Administration de son pays.
Lomé, le 10 juin 2015. Primature. Passation de service entre les sieurs Ahoomey-Zunu et Selom Klassou, en attendant la formation du nouveau Gouvernement


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Propulsé tel un ovni à la Primature le 5 juin dernier après plusieurs semaines d’attente, le natif d’Agou-Notsè, Komi Selom Klassou, boucle ses 100 jours à la tête du gouvernement. Cacique du système cinquantenaire, ancien liseur de motion réfractaire à toute idée de reformes politiques, choisi parmi tant d’autres prétendants suite à un casting sur fond d’intrigues de palais, il a bénéficié du soutien de taille des barons du système ( Solitoki Esso, Aboudou Assouma). Nostalgique des méthodes du passé, c’est avec tambour et cymbale qu’il s’est amené à la Primature pour la passation de service avec le sortant, un autre symbole de l’arrogance, Arthème Agbefia Séléagodji Ahoomey-Zunu.


Lors de la campagne électorale pour la présidentielle du 25 avril dernier, Faure Gnassingbé, le candidat d’UNIR n’a cessé de claironner qu’il n y avait pas une minute à perdre et qu’il faut remettre le pays au travail. Au lendemain de son braquage électoral, il a mis plus d’un mois pour trouver son Premier ministre. Ce dernier, visiblement, s’est inscrit dans la même veine que son patron. Dès la passation de service, il s’est d’abord attelé à changer tous les meubles de la Primature, y compris les rideaux et autres accessoires avant de penser à la formation du gouvernement. Là aussi, il a fallu plusieurs semaines au tandem Faure-Klassou pour former un ancien-nouveau gouvernement.

Une fois le fameux ancien nouveau gouvernement connu, la première rentrée des ministres pour se voir attribuer leurs cahiers de charges a été un parcours du combattant. Après 100 jours à la tête du gouvernement, on n’a connu que deux conseils des ministres, encore que là, on n’a aucune certitude de leur tenue. Mais les populations ont eu droit à une augmentation scandaleuse des prix du carburant au moment où le prix du baril du pétrole est au plus bas sur le marché international.

Selom Komi Klassou s’est signalé à l’extérieur par deux visites ( Abidjan et Brazzaville). Pour le reste, c’est un Premier ministre qui tourne ses pouces dans son bureau à attendre les instructions du Chef de l’Etat qui, lui, se la coule douce dans les airs à travers le monde. Une seule chose que Selom Komi Klassou sait faire, c’est d’ouvrir par-ci et par-là les séminaires et ateliers ou s’inviter à l’improviste et en violation des regles du protocole, comme ce fut le cas le 14 juillet dernier à l’ambassade de France où il s’est amené avec fracas alors que personne ne l’attendait. L’homme adore les fêtes et ne manque pas d’occasions pour remettre au goût du jour ses talents d’ancien liseur de motion en disant tout le bien qu’il pense de Faure Gnassingbé. Il en a encore fait la démonstration ce week-end à Notsè lors la fête traditionnelle Agbogbozan.

Dans un discours de deux pages, Selom Komi Klassou a en effet glissé 8 fois le nom de Faure Gnassingbé. Morceaux choisis : « Permettez moi, à l’entame de mes propos, de m’acquitter d’un agréable devoir, celui de vous transmettre les chaleureuses et fraternelles salutations du Président de la République Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé qui, en raison de contraintes de dernières heures, n’est plus en mesure de prendre part aux festivités marquant l’édition 2015 de la fête Agbogbozan, (…) Le Président de la République vous exprime donc ses regrets de ne pas pouvoir personnellement prendre part aux présentes etrouvailles (….) Vous comprenez donc que, c’est à l’instar d’un poisson vivant dans son biotope, c’est-à-dire dans une eau parfaitement bien oxygénée que je prends la parole pour vous adresser le message du Chef de l’Etat. Le Président Faure, vous souhaite, ah ! Que dis je ?, le Président Faure nous souhaite bonne fête d’Agbogbozan, (…)

D’ailleurs ce choix responsable fait par le peuple togolais est le reflet de son aspiration profonde aux valeurs de Paix, de l’Etat de droit et de Développement partagé, des valeurs incarnées par la politique de réconciliation du Président Faure. Enfin, permettez-moi de saisir solennellement cette occasion pour témoigner une fois encore notre profonde gratitude, au-delà de celle de tout le Grand Peuple Ewé au Président de la République son Excellence Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé qui a bien voulu nous porter à la tête du gouvernement le 5 juin dernier (…) Peuple Ewé, mutualisons nos efforts et mobilisions-nous pour soutenir la politique de réconciliation nationale, de Paix sociale, de relance économique et de solidarité agissante du Président Faure ». Sacré Klassou et quel talent ! Plus de 30 ans après les premières motions lues à la tête du MONESTO ( Mouvement national des Etudiants et Stagiaires du Togo), l’homme a toujours de la matière à revendre comme on peut bien le constater dans le choix des mots.

Pendant qu’il s’occupe à couvrir Faure Gnassingbé de tous les éloges, le pays, lui, est à la traine. Les priorités sont encore dans les tiroirs pendant que les populations manquent de tout. Les rapports rendus publics ces derniers temps (ARMP, FMI, ITIE) sont alarmants et démontrent l’incurie, la gabegie, la corruption qui gangrènent le système en place. On le voit bien, pour les motions de soutien, Selom Klassou déborde d’énergie, mais dans la conduite du gouvernement et surtout la prise de décisions, il semble totalement perdu. Quelles sont les raisons qui expliquent cet immobilisme du gouvernement ? Faure Gnassingbé a-t-il les mêmes égards à l’endroit de son Premier ministre ?


Retour sur les intrigues de palais qui ont précédé la nomination de Selom Klassou

Selon le 1er alinéa de l’article 66 de la Constitution togolaise, c’est le Président de la République qui nomme le Premier ministre et met fin à ses fonctions. Mais dans un système cinquantenaire comme celui qui gère le Togo avec les différents clans qui le composent, le choix de celui qui doit prendre la tête du gouvernement n’est pas aussi aisé. Après la supposée victoire de Faure Gnassingbé, les Togolais ont dû attendre de longues semaines pour connaitre le nom du Premier ministre. Et pourtant les prétendants étaient à la portée des ains.

Une fois Faure Gnassingbé réinstallé dans le fauteuil présidentiel, il était acquis que le Premier ministre proviendrait de la région des Plateaux, ce qui a eu le mérite d’éliminer d’office des prétendants de la région Maritime. Après plusieurs semaines de tractations, une short list avait été dégagée et comportait trois noms : l’actuel Directeur général de l’UTB Yaovi Attigbé Ihou, Djossou Semondji et Selom Komi Klassou. De ces trois noms, le locataire de la Marina penchait pour l’ex-ministre de la Planification qui avait un avantage de connaitre les partenaires. Mais certains caciques ne l’entendaient de cette oreille. Les tractations ont trainé et les populations ont commencé par dénoncer l’incapacité du régime à trouver un Premier ministre.

Le pays était sans autorité et les partenaires brûlaient d’impatience. Entre-temps, pris par ses ennuis de santé, Faure Gnassingbé a fini par céder aux pressions de ses barons, notamment Solitoki Esso, Aboudou Assouma qui ont imposé le sieur Selom Klassou. La formation de l’équipe gouvernementale n’a pas non plus échappé à cette réalité, d’où la confusion et la cacophonie qui ont émaillé la publication de cette équipe.



Il a fallu plusieurs semaines pour le locataire de la Marina pour se remettre de cet affront. Il a mis du temps pour se familiariser avec son Premier ministre ainsi que le gouvernement qui a été formé. Cet affront motive t-il aujourd’hui la paralysie que l’on observe à la tête du gouvernement ? Une chose semble certaine, Faure Gnassingbé ne se presse pas d’organiser les conseils des ministres ni de donner des instructions à son Premier ministre qui, lui, passe tout son temps à tourner ses pouces dans son bureau.

Et pourtant la situation du pays n’a jamais été aussi préoccupante sur le plan économique et social. Il a été annoncé aux Togolais un mandat social, mais visiblement, c’est le sommet maritime qui est la priorité. A l’allure où vont les choses avec la bouderie qui a cours, Selom Komi Klassou risque de passer ses jours à la Primature à ne rien faire jusqu’au prochain remaniement qui pourrait intervenir après le sommet maritime et le COP 21. Vivement que Selom Komi Klassou se mette au travail pour combler les attentes des populations.

Mensah K.
L’ALTERNATIVE – N°455 du 8 Septembre Août 2015

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