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Sommet sur la sécurité maritime : Les pirates du régime ont englouti des milliards dans une aventure périlleuse
Publié le vendredi 18 septembre 2015  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait
La ville de Lomé vue de l`immeuble du CASEF
Lomé, le 22 juin 2015. Vue générale de la capitale togolaise, depuis l`un des principaux immeubles dominant le centre-ville de cette cité: le CASEF


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Chronique d’un naufrage

Le fameux sommet sur la sécurité maritime, le saint Graal que voulait s’offrir Faure Gnassingbé pour dissiper un tant soi peu le boulet de la présidentielle frauduleuse qui colle à ses pieds est reporté à une date ultérieure, disons carrément annulé. La rumeur qui faisait le tour des réseaux sociaux est devenue une évidence, même si du côté des autorités on observe un silence embarrassant qui contraste avec tout le boucan de ces derniers temps.

La faute de ce qui apparaît comme un fiasco retentissant n’est pas imputable aux pirates qui sévissent en mer, encore moins à la pierre bleue Unir de Glidji (sic) qui évoquait une colère des dieux de la mer qu’on devrait calmer par des sacrifices. Cette déconvenue est la résultante de la gestion approximative, chaotique, sans vision de Faure Gnassingbé et des apprentis sorciers qui écument sa cour présidentielle. Retour sur une nouvelle déconvenue qui illustre le mandat des reports de Faure Gnassingbé.


Une idée farfelue d’un farceur de la diplomatie


Lorsqu’on publie un ouvrage avec un titre révélateur « L’Afrique malade de ses hommes politiques » dans lequel on dénonce la dictature, le pouvoir à vie, la corruption, le refus de l’alternance etc., et qu’on se met au service d’un système qui incarne tous ces maux, alors on ne peut que se muer en propagandiste. L’idée sur la sécurité maritime est venue de l’actuel ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey qui en a fait sa chasse gardée. Tout est parti de la saisie en janvier 2013 de plus de 2,1 tonnes d’ivoire dans des conteneurs au Port autonome de Lomé. Cette saisie a valu à Faure Gnassingbé, selon des sources, un coup de fil de félicitation du Secrétaire d’Etat américain, John Kerry.

Une perche que saisissent rapidement Faure Gnassingbé et ses courtisans qui se sont déplacés à la tribune de l’ONU pour délivrer un discours sur la protection des pachydermes alors que les délégations des autres pays se concentraient sur les questions économiques. Conscient de l’intérêt que portent les partenaires au sujet, Robert Dussey sort de son chapeau magique l’idée de l’organisation par le Togo d’une conférence sur la sécurité maritime avec un double objectif : d’abord redorer le blason de son mentor dont il avait du mal à vendre un troisième mandat auprès des partenaires, ensuite assouvir une visée personnelle, c’est-à-dire sa reconduction au poste de ministre des Affaires étrangères en cas de maintien du rejeton d’Eyadéma. Faure Gnassingbé fut réélu frauduleusement, comme d’habitude, et Robert Dussey reconduit à la tête de la diplomatie. Place désormais à l’organisation du sommet sur la sécurité maritime inscrit au registre des événements du siècle.

La grande supercherie

Au sortir de la présidentielle frauduleuse du 25 avril 2015 qu’on a organisée sur fonds propres, le pays s’est retrouvé, dans une situation financière compliquée. A la suite du fiasco de la fameuse investiture qui a engagé des frais avant d’être annulée, au lieu de remettre le pays au travail pour renflouer les caisses vides et s’occuper des priorités, les apprentis sorciers ont mis un pied d’accélérateur sur le sommet maritime, mettant à rude épreuve les dernières ressources financières du pays, reléguant dans les tiroirs de la présidence le troisième mandat social tant miroité aux populations. Face aux interrogations pertinentes sur l’opportunité de l’organisation par le Togo de ce sommet, les impacts et surtout le coût financier, les promoteurs se sont empressés de mettre le sommet sous la coupole de l’UA, déclarant à qui veut les entendre qu’une partie du financement serait assurée par l’organisation panafricaine. Un mensonge gros comme un nez au visage lorsqu’on sait que 80% du budget de fonctionnement de l’UA provient de l’Union européenne.

L’ organisation traverse des difficultés financières liées au peu d’empressement des pays membres à honorer leurs cotisations. Le mouvement d’humeur des militaires camerounais du contingent de la paix en Centrafrique pour réclamer leurs soldes non payés par l’UA dans les rues de Yaoundé est une preuve palpable. De plus, et il est important de le rappeler, il s’est tenu les 20 et 21 juin 2013 un important sommet sur la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée dans la capitale camerounaise. 25 chefs d’Etat et de gouvernement, y compris Faure Gnassingbé ont pris part à cette importante rencontre rassemblant les dirigeants des pays de la CEEAC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale), de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) et de la CDG (Communauté du Golfe de Guinée).

Ce sommet avait été organisé avec le soutien des Nations Unies et de l’Union africaine auxquels se sont joints les observateurs de l’Union européenne, de l’Organisation maritime internationale (OMI), de l’Organisation maritime de l’Afrique de l’ouest et du Centre (OMAOC), du Commandement américain pour l’Afrique (Africom), du centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA) et de l’Initiative d’Etude sur la sécurité (ISS). Près de deux ans après le sommet de Yaoundé, la plupart des résolutions et recommandations n’ont pas encore connu un début d’exécution, selon un expert. Comment alors dans ce cas, le Togo peut-il projeter l’organisation d’un nouveau sommet avec le même thème ? Seuls Faure Gnassingbé et son copain de ministre des Affaires étrangères détiennent le secret. Il fallait quand même exister sur le plan international, alors le Togo a cherché à réinventer la roue avec toutes ses conséquences.

Des milliards engagés pour un fiasco prévisible

Le fameux sommet maritime, personne n’a une idée du coût réel et des modalités de son financement. La méthode qui consistait à faire passer l’UA comme le financier est une supercherie. Ce sommet est à la charge exclusive du Togo. Mais nul n’a une idée des fonds qui seront engloutis dans cette plaisanterie. Cela relève d’un secret de couvent.

Aucune trace dans la loi des finances en cours d’exercice, aucun correctif budgétaire prenant en compte les dépenses liées à l’organisation du sommet. Et pourtant les organisateurs mobilisent des milliards, en saignant à blanc les sociétés d’Etat. Ils se lancent dans des travaux approximatifs de réfection de route, de réhabilitation d’hôtels dont les frais de celui du 2 février dépassent le coût de la construction. Les cadres positionnés sur le projet sont devenus des globe-trotters, en commençant par le ministre des Affaires étrangères qui a fait son lit dans les avions. Les dépenses folles sans contrôle sont engagées, avec leur dose de magouilles et de détournements avec. Les préparatifs laissent à désirer.

En mai dernier, le service de communication de la Présidence invite les journalistes à la hussarde à une conférence de presse que devait animer Faure Gnassingbé lui-même. Sur les lieux, le Prince s’éclipse au profit de son Premier ministre sortant qui avait à ses côtés le ministre des Affaires étrangères et les conseillers à la Présidence. Une entourloupette qui ne présageait rien de bon.

Nonobstant les couacs, les retards pris par certains travaux, la communication approximative, les accrochages permanents entre les ministres des Affaires étrangères Robert Dussey, propriétaire exclusif du sommet, et certains conseillers à la Présidence, notamment Stanislas Somolu Baba, les « chasseurs » de pirates (sic) soutenus par les propagandistes des médias maintiennent le cap et insiste que le sommet aura bel et bien lieu. Et pourtant, les obstacles pour un échec cuisant étaient au vu et au su de tout le monde.

Les raisons logistiques : un fallacieux prétexte

Le 10 septembre, le Premier ministre Komi Selom Klassou accompagné du Président de l’Assemblée nationale, Dama Dramani, se sont rendus sur le site de la réfection de l’Hôtel du 2 Février pour s’enquérir de l’état d’avancement des travaux.


C’est avec un grand sourire aux lèvres que les deux visiteurs ont déclaré devant les médias que l’hôtel sous enseigne de « Radison blu » sera prêt dans les délais pour abriter la conférence sur la sécurité maritime. Selon nos informations, Faure Gnassingbé lui-même, flanqué de l’ancien ministre des Affaires étrangère du Burkina Faso, le Général Djibril Bassolé, consultant sur le sommet sur la sécurité maritime pour le compte du Togo, se sont rendus par deux fois discrètement sur les lieux afin de s’assurer de l’évolution des travaux de réfection.

C’est fort de cette assurance que le Prince a repris les airs pour distribuer lui-même les cartes d’invitation à ses pairs. Il s’est rendu successivement auprès de Robert Mugabe, Président en exercice de l’UA, Muhamadu Buhari du Nigeria et en fin de semaine dernière au sommet de la CEDEAO. Contrairement aux racontars des propagandistes, les échos de cette tournée du locataire de la Marina n’ont pas donné grand-chose.

La plupart des chefs d’Etat ont prétexté d’un calendrier chargé pour ne pas répondre à l’invitation de Lomé. La probabilité que la conférence s’ouvre avec une maigre moisson des présidents invités était forte. De plus, la présence du sulfureux Robert Mugabe ne va certainement pas attirer les partenaires occidentaux, notamment les Européens et Américains. Le fiasco était inévitable même si les promoteurs, jusque dans la journée de mercredi, continuaient comme des mendiants de réceptionner des dons de la Corée du Sud dans le cadre de ce sommet. Au vu de tous les paramètres et au regard de certaines difficultés, l’annulation du sommet s’imposait d’elle-même, au grand dam des propagandistes et de tous ceux qui, aveuglés par l’appât du gain facile, ont fait de cette occasion un business bien rentable.

Les conséquences

Les conséquences sont beaucoup à situer au niveau des hommes d’affaires, des promoteurs d’hôtels qui, sous les sollicitations et pressions du gouvernement, se sont engagés dans des travaux de réfection de leur hôtel, parfois au prix des prêts dans les banques de la place. Il en est de même des prestataires de services, tous ceux qui (agences de communication, mannequinat, livreurs de boisson, de produits maraîchers etc.) se sont lancés dans cette aventure sur la simple assurance du gouvernement. Il n’est pas exclu que certains soient acculés dans les jours ou semaines qui viennent par les banques de la place. Il ne faut pas oublier les chantiers de route qui sont à la peine partout dans la capitale.

C’est enfin l’image d’un pays pas déjà trop reluisant qui est écornée davantage par l’amateurisme, l’approximation, le laxisme, la gabegie de quelques aventuriers qui se sont improvisés hommes d’Etat à la tête du Togo. Que de milliards siphonnés dans un pays économiquement dégarni ! Les auteurs de cette nouvelle comédie qui a englouti des milliards bénéficieront malheureusement d’une impunité totale.

Ferdi-Nando
L’ALTERNATIVE – N°458 du 18 Septembre 2015

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