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Le mensonge, le faux, le vol, le crime se tiennent toujours par la main : Agbéyomé Kodjo, une tête blanchie de mensonges
Publié le jeudi 24 septembre 2015  |  L'Alternative


© aLome.com par Lakente Bankhead
Agbéyomé Kodjo ne sera pas candidat à la présidentielle 2015
Lomé, le 31 janvier 2015. Hôtel Sancta Maria. Investi comme Président de la formation politique OBUTS (Organisation pour Bâtir dans l`Union un Togo Solidaire) à l’issue d’un congrès de deux jours, Agbéyomé Kodjo a indiqué samedi dernier qu`il ne sera pas candidat à la présidentielle de cette année. L`ancien premier ministre a justifié son choix par la multiplicité des candidatures au sein de l’opposition.


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Je ne servirai jamais Faure GNASSINGBE qui a trucidé mille (1000) togolais pour prendre le pouvoir ». C’était le 24 février 2010 sur Africa 24, dans un débat avec Adji Othèth AYASSOR; «Aujourd’hui, Faure se croit tout permis et pense qu’il a droit de vie ou de mort sur tous. Quelle insolence ! C’est le comble de l’effritement des valeurs qui scellent notre vouloir-vivre ensemble », éructait Agbéyomé sur la radio Fréquence 1, le 19 juin 2012. Le 23 février 2013, le même Agbéyomé répandait la nouvelle : « Faure GNASSINGBE est un délinquant selon un président africain ».

Ce déversoir de crues d’éthique, de morale, de civisme, de grandeur d’âme fulminait de condamnations d’un homme vil, ignoble, affreux et infréquentable et prononçait son bannissement devant le peuple togolais et le monde entier. Sa puissance d’engagement sur les valeurs emplissait sa voix, son sens de l’honneur, son rigorisme humanitaire, ses thèses de construction de l’espérance.

Il exprimait une solidarité et une sympathie-contagion à l’endroit des victimes de l’effraction barbare de prise de pouvoir par le rebutant fils du « Timonier ». Celui qui sait peser les mots, leur puissance intègre en lui la notion de serment, surtout lorsqu’en des circonstances particulièrement solennelles de l’histoire des peuples, on se place devant eux pour réinventer l’espérance. Se détourner brutalement d’un serment pris devant un peuple sous des prétentions absconses heurte le coeur humain.


Nous savons qu’un homme qui se déclare politique ne saurait camper dans une fixité. Il est dans une osmose dynamique d’évolution des situations. Mais, les contingences ne sauraient raviner tous les principes de base de son combat. Les souplesses intelligentes des hommes leur confèrent une élévation. En revanche, leurs choix insensés flétrissent leur honneur, leur dimension et les laissent périr sans couronne dans le gouffre béant de la honte. C’est pourquoi la proportion des écarts du Président d’OBUTS sur ses propres sermons nous a emmené à réagir sur ce que nous considérons comme un abaissement immensément minable d’une promesse à l’humanité.


La réactivité de défense d’Agbéyomé par un argument de récitation numérique des cas d’hommes politiques opposés radicalement aux régimes de leur pays et qui ont accepté des sollicitations d’accompagnement de leurs propres tortionnaires, en des circonstances différentes, nous semble proprement fallacieux. Il a cité le cas d’Abdoulaye WADE, de Morgan TSVANGIRAI du Zimbabwe, d’Agathon RWASA du Burundi… Pourquoi Agbéyomé n’a pas daigné nous présenter les serments que ces politiques précités ont pris devant leurs peuples et le monde entier de ne jamais s’aventurer dans une collaboration avec leurs tortionnaires, ceux qui martyrisent leurs propres populations ? Il ne peut pas les exhiber parce qu’il n’en existe pas !

Par conséquent, cette démonstration de récitation numérique est un argument par analogie ou par ressemblance. Une analogie ou une ressemblance n’est pas une similitude encore moins, une identité. Son tour d’utopie servi comme vérité pouvait prendre tous ceux qui sont en treillis pour des militaires. Même si on reconnaît le moine par l’habit, l’habit ne fait pas l’identité du moine.

Cet enfant qui dit que le veilleur de nuit de son papa porte des balafres autant que les veilleurs de nuit de ses amis de son papa pour arriver à la conclusion que tous ceux qui portent des balafres sont des veilleurs de nuit, n’est pas dans la vérité. D’où l’analogie est un type de raisonnement mineur de pauvres esprits. La démonstration de défense d’Agbéyomé s’apparente à une sénilité du faux presqu’inextinguible. Cet homme est un attardé de l’histoire.


Il n’a pas vu ce pays sortir de l’adolescence des démentis de rafistolage oiseux et des motions sottes. Nous sommes bien avertis par un homme d’Etat français et écrivain, Prosper MERIMEE dans son Portrait historique et littéraire : « Tout gros mensonge a besoin d’un détail bien circonstancié moyennant quoi il passe ». Le recours en extension sur des ressemblances constitue le « détail circonstancié » pour faire passer le faux pour vrai. Voilà encore le fragrant délit de mensonge qui nous saute aux yeux, qui ne passe pas et qui nous renverse de honte, parce que nous nous sentons homme, fils d’un homme et d’une femme très modestes qui nous ont forgés à la dignité comme d’ailleurs, la grande majorité de nos compatriotes

Agbéyomé, de quel limon êtes vous ?

Quand vous avez opéré le grand retour de votre exil, après avoir brisé les brides juridico-revanchardes de vos alliées d’hier et d’aujourd’hui, la première préoccupation qui fut la vôtre consistait à mener une croisade de parole de vérité sur les crimes de masse de Fréau jardin en lesquels vous percevez une culpabilisation implicite ou explicite au regard de l’interprétation massive des événements et des tâches de responsabilité qui étaient les vôtres au ministère en charge de la régularité des manifestations publiques.

Vous avez répété à l’envie que vous n’êtes jamais trempé dans les massacres de ces manifestants pacifistes. Nous supposons que vous croyiez à la valeur de la parole. Si vous prenez un pari, un serment devant le peuple que vous sollicitez pour croire en votre innocence dans ces massacres, et sitôt, vous vous éclatez en girouette au hasard du vent, sous le prétexte minable de la « complexité des ressorts inhérents à l’activité politique », quel crédit voulez-vous qu’on vous accorde à vos paroles ?

Nous comprenons pourquoi, maître Agboyibo et le professeur GNININVI vous ont frappé de mépris, sans jamais vouloir se mêler à votre discours sur les événements de Féau jardin malgré les sollicitations multiples que vous leur avez adressées pour un service de rempart.


Si vous aviez un si brillant discernement de « la complexité des ressorts inhérents à l’activité politique », vous auriez perçu par avance le déroulement du cours de vos engagements sans prendre le serment devant un peuple à qui vous avez promis de ne jamais déroger à la pureté éthique, morale. Vous êtes d’une naïveté proverbiale ! Dans ses Mémoires, le cardinal RETZ a tout à fait raison de nous édifier : « Les gens les plus défiants sont souvent les plus naïfs ».

Les Togolais, eux autres, ne sont pas des naïfs. Même s’ils se replient dans la quête digne de leur pitance quotidienne, ils savent lire leur environnement, la marche de l’histoire, les hommes, leur dimension, leurs capacités, leurs faiblesses. Méfiez-vous de les prendre de haut, par condescendance et par naïveté.

Vous vous agrippez aux artifices pour vous donner une contenance, alors que l’artifice se dément toujours pour exposer votre personnalité dans toute sa nudité. Dans la théorie du regard de Jean-Paul SARTRE, l’homme finit toujours par décliner son identité propre dans son historicité et dans sa temporalité, c’est-à-dire, dans son parcours. Le secret d’ennuyer les Togolais, c’est de penser qu’ils ne vous connaissent que très peu. Vous pouvez continuer de les amuser par vos slogans vaseux.


Ils feignent d’en rire, mais leur distanciation affective et leur recul sur vos méfaits font la grande muraille, impossible à franchir, qui vous confine là où vous êtes. Le passé est encore au présent dans ce pays. Les rues parlent, les murs aussi et même les nombreux bureaux que vous avez occupés continuent de parler.


Les séquences de votre vie saturées de vos méfaits vous échappent souvent par lapsus. Tout ce passé lourd constitue la source de vos tourments. Votre personnalité chancelante au gré du folklore d’éthique et de morale démontre que votre âme est poubellière. Si personne ne vous a interrogé sur votre vie et qu’au meeting, vous laissez le sujet de votre exposé pour une digression aussi malheureuse sur votre vie, les « effluves douteuses » de votre personnalité brisent la censure de votre conscience pour vous soulager quelque peu.

Il suffit de lire Les Prodigieuses victoires de la psychologie moderne et Les Triomphes de la Psychanalyse de Pierre DACO pour saisir le fonctionnement des accumulations des méfaits et de leurs tourments dans le déséquilibre de la personnalité. Votre ennemi, c’est bien votre passé qui a scellé votre sort dans le tourbillon de vos visions hallucinatoires sur la notion de serment, de sermon, de parole, d’éthique…Georges POULET nous explique davantage le cas d’Agbéyomé dans La Distance intérieure lorsqu’il écrit : « Quand on est encore ce que l’on est, on est déjà ce que l’on sera »

Agbéyomé, l’homme instinctif et libertin

La grande faiblesse des hommes se découvre dans leur enfermement de justification par l’absurde. Comme une libellule qui veut traverser une vitre du simple fait de la découvrir transparente, le leader d’OBUTS livre davantage ses critères d’évolution dans ce qu’il qualifie de Droit de réponse : « … Je n’ai à me justifier d’absolument rien, car moi je suis dans l’action politique, j’agis, je travaille, je réfléchis et accessoirement, dans le silence, je contribue quotidiennement au bien-être d’une foultitude de nos compatriotes ! »

Ce qui est regrettable dans ce qu’il appelle « action politique », c’est qu’elle précède la pensée. Cette antériorité de l’acte sur la réflexion est la consécration instinctive de l’homme, de sa dimension zoopathique, de ses écarts libertins. Comme Robinson Crusoe, il se sent confusément sur une île déserte, avec des Vendredis à qui il ne doit absolument rien, mais de loin, il peut leur offrir quelque générosité. Voilà à quoi se résume une tête pensante de leader politique. Nous devons avoir la lucidité d’analyse pour savoir qu’il ne suffit pas simplement de penser pour faire preuve de bon sens. HITLER ne réfléchissait-il pas au même titre que des auteurs qui ont procédé dans l’histoire de la pensée à l’autodafé de leurs propres oeuvres ?


Un engagement ressassé pris sur l’honneur devant un peuple, quand on ne peut plus le tenir, par respect pour soi et pour les autres, on procède à une explication transparente et pédagogique. Cette démarche fait partie de ce qu’on appelle les civilités républicaines. La tromperie couve sur le vocable de « réorientation républicaine » prétendument annoncée.

Cet anarchiste achevé a dressé sa propre sépulture d’indécence devant nous, dans son ballet, dans son cirque, et ceux qui peuvent encore le croire sur parole, sur ses déclarations d’innocence dans la tragédie de Fréau jardin sont presque inexistants. L’homme n’est qu’une suite. Celui qui s’autorise depuis son enfance tous les escalateurs sans se sourciller du regard des autres et de tout un marché hebdomadaire abusera toujours de nous. Ceux qui l’ont vu s’éclater en sanglots et verser toutes les larmes de son corps lors de la Conférence Nationale Souveraine, l’ont étiqueté d’un prénom peu révélateur d’ « Aviyomé » sans rendre le fond du psychisme de sa personnalité de base. « Yakaviyomé » est certainement la traduction la plus correcte. Il semble que ces éclats d’émotivité tardive et tronquée le chavirent assez souvent. Mais, la psychologie nous demande de nous méfier des femmes et des hommes qui fondent vite en larmes. Elles sont un rideau de défense de gens dépourvus de justification vite tiré sur leurs propres pourritures. Dans L’insoutenable légèreté de l’être de Milan KUNDERA, quelque apitoiement peut encore être charrié par l’indulgence de sollicitation par les larmes.

Le Malheureux exhibitionniste

Cet homme à plaindre est toujours sur ses grands chevaux de la naïveté. Nous le reprenons à dessein encore une fois dans son insatiable velléité d’exhibitionniste : « …dans le silence, je contribue quotidiennement au bien-être d’une foultitude de nos compatriotes ! »

Sur le plan purement conceptuel, le mot « foultitude » est inapproprié, méprisant,
irrévérencieux et vulgaire pour désigner un grand nombre de nos compatriotes. Il marque une distance et une indélicatesse à parler de ceux avec qui on partage une sensibilité historique et un avenir commun. Ce manque de délicatesse et d’élégance est le trait signalétique d’un fond de bas étage et la permanence ordurière dont cet homme est incapable de se départir. Jamais, vous n’attendriez Edem KODJO, Victor ALIPPUI, Gervais DJONDO parler des Togolais sur ce ton là, parce qu’ils sont d’un moule policé.

Sur le fond, ceux qui ont travaillé avec Eyadéma et qui nous montrent leur génie à réinventer l’avenir, à nourrir spirituellement et matériellement les Togolais ne se vantent de rien. Gervais DJONDO, par exemple, n’a pas occupé autant de postes juteux sous le régime comme Agbéyomé. Mais, le peu qu’il a eu de cette collaboration est intelligemment fécondé pour édifier les Togolais et relever toute l’Afrique.

Cet océan de bonheur qu’il nous apporte ne lui donne pas les ailes de petites gens qui montent au zénith pour parler du « bien-être » supposé qu’ils apportent à la terre natale. Les fanfaronnades niaises d’auto célébration sont pires que l’ignorance. Les puissances tranquilles ont les pieds sur terre. Ce sont les autres qui parlent d’eux. Mais, les baudruches se remplissent d’eux-mêmes et s’envolent. L’outrecuidance ne suffit pas à la célébrité.

Quand l’esprit est au service de la vérité et que le coeur défend l’humain-patron, il trouve les ressources à la proportion de leur foi pour libérer lucidement la pensée. Seul le mensonge a besoin du montage.

Ce hâbleur qui joue à l’apprenti savant se déguise à lui-même. Il s’enivre de phraséologie avec la flamme de ses illusions de flairer aux portes des Immortels de l’Académie. Le constat est là, tout le monde peut l’observer. Agbéyomé est encore trop rustique à notre époque pour polir l’idée de bien et de service. L’alignement de mots ronflants ne produit certainement pas la pertinence d’une analyse. Il est, du reste, une forme primaire de la pensée : c’est le psittacisme. L’utopie de la grandeur dévore ceux qui s’y livrent ; elle les abaisse. Les preuves d’intelligence sont dans la juste évaluation du principe de réalité, d’éthique, de morale, de justice…

Agbéyomé se prend toujours comme une Lumière, chérissant à brassée pleine partout dans une ritournelle d’expérience son passé, et se pare d’une envergure autoproclamée de créateur d’espérance. Mais, le visage d’une zone de guerre laissé à ce pays par le régime RPT n’échappe à personne. Les grandes évolutions sociales, intellectuelles et du bien-être sont parfois d’un seul tenant. Francis BACON l’a prouvé au 17e siècle dans l’initiation et la défense du classicisme pour créer un type nouveau d’européen, l’honnête homme, qui porta la Renaissance de toute l’Europe.

L’intelligence scientifique du 20e siècle est élaborée, réinventée par Gaston BACHELARD. Dans ce petit pays qui est le nôtre, celui qui se proclame génie-bâtisseur n’éprouve aucune honte au regard de la déréliction que leur longue gestion a imposé à nos populations. Quand on se sent véritablement homme, il y a une espèce de honte à la vue de ses propres échecs et des misères qu’on fait aux autres.

Pour nous relever de la chute, nous devons tenir un langage de vérité et nous comporter en véritables agents moraux, parce que rien de durable ne se construit sur le mensonge, le faux. Là réside le sens de notre combat. Aussi, adhérons-nous à cette réflexion forte et bien connue de Jean PAULHAN : « Une nation périclite quand l’esprit de justice et de vérité se retire d’elle ».


Nous avons non seulement un devoir envers nous-mêmes, mais aussi envers la postérité. Les parjures, les faux-serments ne sont surtout pas les meilleures inspirations à susciter dans les générations suivantes. Il ne s’agit pas pour nous de passer notre existence sur cette terre en cherchant singulièrement et à n’importe quel prix ce qui vaut le mieux exclusivement pour nous-mêmes, mais ce qui relève l’homme, un peuple. Quand la vérité est d’un certain carat, on ne peut pas l’étouffer.

Nous ne pouvons pas nous émouvoir des crises d’exorcisme manqué d’un homme qui est dans le tourbillon de sa propre histoire. Sa grandiloquence de Trissotin nous amuse.

Didier Amah DOSSAVI
L’ALTERNATIVE – N°459 du 22 Septembre 2015

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