Les travaux de construction de la nouvelle aérogare de Lomé sont en phase de finition. S’achemine-t-on vers une nouvelle chinoiserie comme les routes de contournement de la faille d’Alédjo et de Bafilo qui sont déjà en état de dégradation alors qu’elles ne sont pas encore officiellement inaugurées?
L’aéroport moderne de 75 milliards voire 100 milliards promis aux Togolais par Faure Gnassingbé risque, à l’épreuve, d’être une grande déception. Les travaux ne sont pas encore terminés que leur qualité est dénoncée par les médias suite à des investigations sérieuses. Un certain Daniel Picq était au coeur de la polémique suite à des défaillances constatées dans le système hydrant. Le président du comité de pilotage, le colonel Gnama–Latta, Directeur général de l’ANAC (Agence nationale de l’aviation civile), a été également pointé du doigt pour son laxisme.
Au bout du compte, pour une facture de plus en plus élastique, l’entreprise chinoise CACC/WIETC en charge des travaux laissera un ouvrage apparemment moderne avec des approximations, comme c’est le cas du manque des vitres à double fond, la reprise des collecteurs vers le bassin et bien d’autres, notamment l’hôtel cinq étoiles prévu qui a mystérieusement disparu lors de la phase d’exécution du projet. La réception prévue pour fin décembre 2014 a été repoussée à fin juin 2015. Là, nous sommes en octobre, toujours dans l’attente.
Mais certains n’attendent pas la réception, encore moins l’inauguration de l’ouvrage pour se partager le gâteau en toute discrétion.
Naturellement, c’est sans appel d’offres que les marchés s’attribuent entre amis, maîtresses, fils de barons et courtisans du régime. C’est une course effrénée et rude pour le partage des boutiques communément appelées « Duty Free » (hors taxes). C’est la grande bousculade entre les maîtresses et autres copines de la République.
Pendant que les maîtresses, les copines de barons et courtisans mènent une bataille dure, l’entretien de la nouvelle aérogare a déjà trouvé preneur, comme d’habitude, sans appel d’offres. Ce marché a été confié à un trio dans lequel se trouve le fils du Directeur Général de l’ANAC, Mathias Kokou Latta, ce qui ressemble fort à un conflit d’intérêt. Ce dernier s’est associé avec un certain Pascal Dovonou, un Togolais de la diaspora, qui, selon des dires, serait un homme compétent dans le domaine pour avoir fait la même chose durant des années à l’aéroport de Toulouse. Il vient de déposer le bilan en France pour rentrer au Togo où le business doit être plus juteux. Un troisième larron vient boucler la liste de ces associés. Un personnage de réputation sulfureuse, époux d’une des filles d’Eyadéma, qui excelle dans le domaine environnemental.
Faure Gnassingbé qui a dénoncé la minorité qui pille le pays continue d’accorder des passe-droits aux membres de cette minorité, au mépris des règles de passation des marchés. Les lois anti-corruption votées à l’Assemblée nationale sont rangées dans les tiroirs et les prévaricateurs arpentent fièrement les rues, exhibant les fruits de leurs activités illicites et délictuelles. Le fils du colonel Gnama Latta, connu pour ses activités claires-obscures et qui arrose de billets de banque des officiers supérieurs qui s’alignent à ses portes, comme des réfugiés, est de nouveau présent dans l’attribution du marché de l’entretien de l’aérogare de Lomé.
Aurait-il pu obtenir ce marché avec ses associés si son géniteur n’était pas le DG de l’aviation civile ? Espérons que cette nouvelle aérogare dont on a vanté la modernité et qui a coûté plus de cent milliards de F CFA que les Togolais doivent rembourser durant des décennies ne devienne, à la fin, une chinoiserie, à l’image des contournements d’Alédjo et de Bafilo déjà dans un état de dégradation.