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Faure Gnassingbé confie un marché de deux milliards à la soeur de Cina Lawson pour la construction d’un musée
Publié le mardi 6 octobre 2015  |  Autre presse


© Autre presse
Cina Lawson
Ministre togolaise des Postes et Telecommunication


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La « minorité » au large alors que la majorité est livrée à la précarité C’est sous la rubrique « Marabouts des affaires » que nos confrères de « La Lettre du Continent » publient dans leur édition N°714 du 30 septembre « Togo/ Sonia Lawson multiplie les chantiers présidentiels ».

«Patronne d’une société unipersonnelle de BTP portant son nom, Sonia Lawson a été chargée par la présidence togolaise de rehabiliter l’ancien Palais des gouverneurs, situé sur le front de mer à Lomé. Ce chantier est doté d’un budget de 2 milliards F CFA. La vieille bâtisse est vouée à se transformer en musée. Originaire d’Aného (Sud-Est), Sonia Lawson est la soeur de Cina Lawson, ministre des Postes et de l’Economie numérique, par ailleurs intime du président Faure Gnassingbé. Avant de se voir confier cette nouvelle mission, Sonia Lawson avait été chargée en 2014 de réhabiliter l’exploitation de l’hôtel Sarakawa-Lomé, après l’éviction du groupe hôtelier français Accord », a intégralement écrit le confère.


L’information sur la cession du marché de réhabilitation du Palais des Gouverneurs à Sonia Lawson, soeur de Cina Lawson, ministre des Postes et de l’Economie numérique, cette dernière présentée comme « intime du président Faure Gnassingbé », était connue. Problème, ce n’était que ce qui est connu. Rien d’autre. Aucun appel d’offres relatif au marché n’est passé. Les conditions de passation du marché sont, à ce jour, inconnues. Le montant, lui, est désormais rendu public, grâce à nos confrères de « La Lettre du Continent » : deux milliards de nos francs.


Le musée constitue une partie de la mémoire collective d’un pays. Celui dont dispose le Togo est un amas d’objets disposés dans une petite salle perdue et coincée quelque part sous le Palais des Congrès. C’est difficilement qu’il reçoit la visite de quelques élèves ou personnes désoeuvrées en quête d’activités pour tuer un temps creux. Oui, le Togo a besoin d’un musée. Mais de quelle musée, dans quelle période, avec quelle ressource, à quel endroit, à réaliser par qui ? Toutes ces questions méritent d’être posées et sérieusement débattues avant la prise de toute initiative allant dans ce sens.


Il faut bien rappeler que la famille Gnassingbé a érigé un musée à coût de milliards dans sa ville natale de Kara. A sa réalisation, d’aucuns ont estimé que l’investissement était relativement inopportun dans une région frappée par la misère où même les petits poissons vendues dans les marchés et qui constituent l’essentiel de la protéine disponible dans la localité, sont réservées à des privilégiés. Mais c’est après tout un investissement dit familial et la portée des critiques est restée limitée.


L’investissement pour la construction du musée dans le Palais des gouverneurs, vestige colonial, plus grand et plus imposant palais de gouverneurs allemands dans les colonies, est cette fois un enjeu d’ordre national, qui devrait préalablement susciter un débat entre acteurs culturels, chercheurs, élus du peuple…citoyens. Mais là, on a l’impression que, comme d’habitude d’ailleurs, la question est débattue et tranchée dans un cercle d’amis, comme s’il s’agissait d’un business familial, et le marché passé au bord d’un lit.

Cette nième affaire est révélatrice de la gouvernance sous Faure Gnassingbé marquée par la dilapidation des milliards sur le dos du peuple dans des affaires qui revêtent des intérêts plus privés que nationaux. Alors que le projet est de bout en bout conduit comme une affaire nationale, on s’y prend comme dans une épicerie où le gérant se lève le matin, après une nuit bien gracieuse, décide de faire plaisir à la belle-famille en décidant de confier à un des beaux-frères la réfection de la marche défectueuse à l’entrée de la boutique. A qui profite ce projet ? D’abord à celle qui s’est vu confier le budget des deux milliards. Aux démarcheurs pour les commissions et rétro-commissions. Aux familles de la fameuse « minorité » dont les enfants ont pu se plaindre de l’inexistence d’assez de places de loisirs.

Sous Faure Gnassingbé, il y a toujours les milliards pour faire plaisir à tel ou tel autre. Après avoir jeté les milliards, comme par la fenêtre, tant pis pour le suivi et la qualité des réalisations. Julie Beguédou a gardé une sorte de véto sur les marchés d’importation de « riz faure » ou d’engrais. A coût de milliards. Dans les sociétés comme Togo Telecom, Togocel et autres, la mainmise des « intimes » sur les gros marchés de fourniture des services et/ou de matériels est absolue. Même s’il arrive que les engagements ne soient pas honorés, ce n’est jamais grave. Grâce à Cina Lawson, ses proches résidant en Europe ou aux USA se voient confier régulièrement des demandes de prestations de service dans les sociétés de télécom. La facture est souvent bien salée. Et si ce ne sont pas des « intimes », ce sont des « proches » qui en accaparent sans vergogne. Dix milliards ont été confiés au Conseiller médical de Faure Gnassingbé, le Colonel Sogné Badjona pour équiper les hôpitaux togolais. Il en a profité pour « prenre pour lui» aussi. Il a fait installer dans les hôpitaux des matériels défectueux qui n’ont fonctionné pour certains que quelques jours. Dieu seul sait combien de Togolais sont morts des dysfonctionnements des appareils acquis par le biais de Sogné. L’Homme est pourtant libre. Jamais inquiété. Il se la coule douce. Ses réalisations personnelles se multiplieraient pendant que les cadavres continuent d’être entassés dans les morgues.

Au même moment qu’il est devenu si facile de confier des enveloppes de plusieurs milliards à des « intimes » et « proches », on présente comme une arrogance et un crime de lèse-majesté l’aspiration légitime des citoyens togolais à de meilleures conditions de vie. Les fonctionnaires sont progressivement prolétarisés, les activités des opérateurs économiques sabotées (incendie des marchés), les petits entrepreneurs traqués par l’Office Togolais des Recettes (OTR), la pauvreté atteint 90% dans une région comme les Savanes qui compte plusieurs milliardaires qui n’ont fait qu’assumer des fonctions publiques. La nouvelle d’un enseignant qui, ne pouvant plus faire face aux charges de location, n’a trouvé refuge que dans une salle de classe, après avoir été débarqué de chez lui, alors même que son enfant est sérieusement souffrant, a ému l’opinion la semaine dernière à Lomé. Et il n’est certainement pas le seul dans sa situation. Au Togo, le travail, surtout dans la Fonction publique est devenu si précaire que les fonctionnaires ont presque systématiquement une seconde ou troisième activité pour pouvoir arrondir les fins du mois.

On savait, mais depuis son fameux discours sur la « minorité » qui accapare les ressources du pays, on avait la confirmation que Faure Gnassingbé est très bien au courant du quotidien de la majorité de ses compatriotes soumise à la diète et de celui de la minorité, fait de jacuzzi, du caviar, de foie gras, arrosé de champagne. Une minorité qui continue de multiplier les espaces de loisir pour aller y prendre de l’air frais et…roter.

Mensah K.
L’ALTERNATIVE – N°463 du 06 Octobre 2015

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