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TOGO : Une méga commission de 10 milliards sur un marché de 26 milliards à l’origine du retard des travaux
Publié le vendredi 9 octobre 2015  |  togosite.com


© aLome.com par Parfait
Routes en réfection au Togo
Lomé, le 30 août 2015. Une rue en chantier dans la capitale du Togo.


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La route du développement passe par le développement de la route, a-t-on l’habitude de chanter. Mais il semble que du fait des crimes économiques que certaines autorités commettent dans le but d’assouvir leur propension à amasser encore et encore de l’argent immérité, les dettes que le pays accumule d’une part et l’approximation dans l’exécution des travaux d’autre part concourent à maintenir le Togo dans le giron des pays pauvres très endettés pour longtemps. A moins que Faure Gnassingbé se décide à instaurer la rigueur et la reddition des comptes dans tous les secteurs de la vie publique. Car prélever 10 milliards comme retro commission sur un marché de 26 milliards alors que ce sont juste 16 milliards qui ont été décaissés comme acompte, c’est criminel de la part des auteurs. Le chef de l’Etat pourra-t-il sévir ? Pendant ce temps, c’est le contribuable togolais qui endosse la facture, aussi douloureuse soit-elle.

Les infrastructures routières seules ne peuvent conférer le développement à un pays si la gouvernance est gangrénée par le virus de la corruption et les bactéries des retro-commissions. Depuis l’admission du Togo à l’Initiative des pays pauvres très endettés en 2010, des travaux de rénovation des axes routiers n’ont de cesse d’impacter sur le quotidien des citoyens. Si seulement la croissance qui devrait justifier ces dépenses était visible, on comprendrait. Pendant longtemps, nous avons dénoncé le phénomène de préfinancements et de retro commissions sans faire bouger les lignes. Le dernier fait d’armes dont se sont rendus coupables des ministres décidera-t-il les sommités de l’Etat à crever l’abcès ? On veut bien le croire, par amour pour la patrie Togo.



Dans le monde des retro commissions, il est habituellement admis que ce sont 10% qui sont dédiés aux remerciements à l’endroit de ceux grâce à qui un marché a été raflé, même si la pratique est malsaine. Mais dans le cas dont il est question, ce sont plus de 38% que ceux qui se sont chargés d’attribuer le marché ont prélevé à la source. Et de quelle manière ? La voie Lomé-Vogan-Anfoin qui part du Collège St Joseph et traverse la bourgade de Djagblé, suite à une consultation restreinte, a été confiée à l’entreprise Cecogroup pour rénovation. Montant du marché : 26 milliards de FCFA.

Et Ninsao Gnofam, Adji Otèth Ayassor et un 3ème larron entrèrent sur scène

Lorsqu’on parcourt ladite voie pour s’imprégner de l’évolution des travaux, on remarque une désaffection sur le chantier. Eu égard au sommet sur la sécurité maritime qui devrait se tenir en novembre prochain et pour lequel peu de Togolais savent les contorsions que les autorités ont faites avant que l’organisation ne soit confiée au Togo – sommet qui a été récemment annulé-, on avait pensé – à tort, au vu du crime commis et découvert- que le chantier Lomé-Vogan-Anfoin avait été mis en veilleuse au profit de la rénovation de la voie principale menant à l’aéroport de Lomé Tokoin. En réalité, il y a eu crime économique.

Des informations recueillies par le confrère Le Rendez-vous font état d’un deal entre l’entreprise Cecogroup du frère marianiste Constantin Amouzou et les consultants ayant décidé d’attribuer le marché à cette entreprise, non pas par un appel d’offres ouvert, mais par consultation restreinte. Contre une retro-commission de taille. Ainsi, il a été convenu que les 3 mousquetaires – entendez les consultants – se partageraient une retro-commission de…10 milliards sur un marché de…26 milliards ! Dantesque, diront certains. Criminel économiquement, lâcheront des économistes. Criminel parce que par rapport au marché, les retro commissions s’élèvent à plus de 38%, presque les 2/5 du marché. Et ce n’est pas fini. Dans l’orthodoxie des marchés publics, les vautours attendent que le marché soit bien exécuté et c’est lors des décaissements ultérieurs qu’ils font leur entrée sur scène et encaissent leur part. Mais le trio prédateur a poussé sa voracité à l’extrême.

Nous apprenons toujours par le confrère Le Rendez-vous que le ministre d’Etat, ministre de l’Economie, des Finances et de la Planification du Développement, Adjo Otèth Ayassor, a réussi à racler les fonds au trésor public pour rassembler 16 milliards comme acompte à l’entreprise. Mais il a pris soin –gloutonnerie oblige- de prélever leur part à eux les consultants. Autrement dit, en lieu et place des 16 milliards, ce sont…6 milliards qui ont été remis à l’entreprise pour démarrer les travaux. En français plus facile, Ayassor a déduit les 10 milliards de retro-commissions immédiatement, sans attendre l’évolution des travaux. Criminel par rapport à Cecogroup et surtout aux citoyens togolais. Comment alors, avec 6 milliards, soit 37,5% des fonds de démarrage, l’entreprise peut-elle faire la répartition et maintenir ses équipes sur le terrain pour faire avancer les travaux? Les riverains savent aujourd’hui vers qui diriger leurs récriminations.

La surfacturation des coûts, la norme au Togo ?

Retro-commissions, préfinancements… Les travaux publics ont toujours rimé avec enrichissements illicites, mais jamais on n’est encore arrivé à démontrer le lien. Si l’entreprise Cecogroup a accepté ce qu’on peut appeler les conventions de son accord avec les trois mousquetaires, c’est certainement parce qu’elle y trouvera son compte, malgré tout. Autrement dit, le montage du dossier ayant fait l’objet de la consultation restreinte a tenu compte de la part des vautours que sont les trois ministres – le nom du 3ème est tu pour approfondissement des investigations. On est alors amenés à réaliser qu’en fait, le coût de rénovation de la voie Lomé-Vogan-Anfoin ne devrait mathématiquement pas être de 26 milliards, mais plutôt de 16 milliards si l’entreprise ne prenait pas en compte la part des vautours. L’intelligence humaine est faite pour analyser les faits, exercice auquel nous nous essayons au quotidien.

Avant ce marché, et à sa suite, Cecogroup compte d’autres à son actif. Aménagement des bassins de rétention, réfection de voies à Agbalepedo, Agoè, Adidoadin, etc., Avenue de la Victoire, aéroport de Lomé-Colombe de la Paix, la route Notsé-Tohoun-Frontière Bénin, la réhabilitation de la Cour d’Appel de Lomé, de la Maison des jeunes à Kara, nouvelle Gendarmerie nationale à Agoè, démolissage et reconstruction du grand marché de Lomé, du marché de Niamtougou avec l’emblème du parti Unir sur le toit, et plein d’autres chantiers tous plus juteux les uns que les autres. Avec ce qu’on peut désormais qualifier de précédent, bien malin qui pourra jurer que tous les autres marchés raflés par cette entreprise n’ont pas aussi fait l’objet de retro-commissions. Qui a bu, boira, dites-vous ?

On a l’impression que la surfacturation est devenue la norme au Togo, la dernière illustration étant les coûts de rénovation de l’Hôtel 2 Février. Initialement prévus pour coûter environ 14 milliards de FCFA, le site du gouvernement a renseigné qu’à l’arrivée, ces travaux devront s’évaluer à plus de 35 milliards de FCFA. Et personne au sein de l’exécutif n’a encore effectué de sortie médiatique pour justifier le saut qualitatif enregistré dans la facturation. C’est à croire qu’au Togo, la notion de reddition des comptes ou de suivi des dépenses n’a plus pignon sur rue. Et pourtant, ces mêmes autorités courent après une hypothétique admission au Millenium challenge corporation (MCC) et rêvent d’émergence en oubliant que ce dernier terme est synonyme de rigueur dans la gouvernance. Ce n’est pas nous qui le disons, mais les critères du MCC.

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