Absence de championnats, manque cruel d’équipements, arriérés des joueurs et entraîneurs, inexistence de stades pour l’équipe nationale, imbroglio au sein du staff de l’équipe nationale, rareté des entrainements et des matchs amicaux, dirigeants hypocrites obnubilés par leurs intérêts au détriment de tout un peuple… les mots justes se font désirer pour décrire la situation du football, depuis des décennies au Togo. Autant de maux que dénonçait l’ancien capitaine Adébayor Shéyi en dépit de tous les ennuis que cela lui apportait.
La lettre ouverte des Eperviers qui fait encore le tour des médias, ne peut que susciter amertume et dédain du public sportif, tant l’égoïsme de quelques personnes prend en otage les rêves, le bonheur de toute une jeunesse.
Le comble, c’est qu’il n’y a aucune référence qui puisse répondre aux interrogations de tout un peuple. Même dans les pays où les atrocités inouïes ont sévi, le football a su, ne serai-ce qu’en un laps de temps, donné un peu de la joie dans les cœurs.
Mais au Togo, ce petit territoire qui regorge d’incontestables talents footballistiques, la cupidité n’a pas su faire place au patriotisme, et chaque fois que, animé par un sursaut patriotique, quelqu'un se lève pour « sauver le football », il y a toujours une brebis galeuse qui reduit les efforts, et pire, nargue le peuple.
Et quand on est au milieu de ce « ping-pong » et qu’on voit ses espoirs s’éteindre, rares sont les âmes qui peuvent faire preuve de retenue dans un élan de « ras-le-bol ».
C’est ainsi qu’Emmanuel Adébayor Shéyi , alors capitaine de cette équipe nationale, victime de tous les maux, a joué de toutes les cartes allant jusqu'à mettre son statut de « star internationale » en jeu. Depuis le « succès perdu » en 2006 en Allemagne, passant par le mitraillage du bus à Cabinda, Shéyi n’a pas cessé de lever le ton pour dire « non aux magouilles » dans le football togolais.
En dépit du risque de jouer pour un pays qui vous ignorera au premier accident, comme ce fut le cas de Kodjovi Obilalé, c’est la lourdeur de véhiculer non la fierté de son pays, mais plutôt la honte de toute une nation qui n’en a rien à voir des immenses potentialités à son actif.
Combien de pays en Afrique ont déjà participé à deux coupes du monde en moins de dix ans ? Et combien de ces pays qui y sont parvenus ont à leur actif des joueurs qui acceptent de jouer des matchs sans être payés ?
Les avertissements de la CAF, les coups bas, les conspirations au sein de la FTF et la passivité du gouvernement, autant de pressions qui ont poussé Adébayor au silence, même si on sait que sa difficulté à se trouver un club et ses problèmes familiaux en sont aussi pour beaucoup.
Du ministère des Sports en passant par le Comité de normalisation instauré la CAF sans oublier le gouvernement, il serait judicieux d’ignorer toutes les considérations partisanes, et d’établir un diagnostic du football togolais depuis 2006, de situer les responsabilités et présenter au peuple togolais, les bourreaux qui ont pris les rêves de toute une jeunesse en otage.
C’est en jouant les pacifistes et les médiateurs que voleurs, assassins et durs travailleurs sont mis dans le même panier, au risque de la redoutable révolte qui se peaufine à l’horizon.