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5ème anniversaire de l’ANC : Entre espoir et désillusion, de la nécessité de tourner la page du populisme pour une stratégie efficace de conquête du pouvoir
Publié le mercredi 14 octobre 2015  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait
Conférence de presse du CAP 2015, trois mois après le début du 3ème quinquennat de Faure Gnassingbé
Lomé, le 11 août 2015. 90 jours après la fin de l`organisation du scrutin du 25 avril 2015, CAP 2015 dénonce toujours des fraudes électorales.


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L’Alliance nationale pour le changement (ANC) célèbre ses cinq (05) ans d’existence. A cet effet, le parti orange a élaboré un riche programme qui s’étale du 07 au 14 octobre prochain. Entre autres activités, le culte au temple de l’Eglise méthodiste, les retrouvailles à la plage baptisée Place du changement.


Le dimanche 11 octobre dernier a été l’occasion de reconnaissance à Dieu et de partages. Comme les précédentes commémorations, après le culte, la caravane orange a sillonné les artères de la capitale et chuté à la plage. Là, dans une liesse, les différentes sections du parti ont manifesté leurs attachements au parti à travers leurs diverses prestations.

Si le 10 octobre marque les cinq ans d’existence de l’ANC, ses premiers responsables ne sont pas des novices en politique. La plupart capitalisent un parcours d’une vingtaine d’années voire plus avec l’Union des Forces de Changement (Ufc), un parti avec lequel ils ont choisi la rupture après le fameux accord UFC-RPT de mai 2010 qui a consacré l’entrée au gouvernement des amis du leader charismatique Gilchrist Olympio devenu l’ombre de lui-même aujourd’hui. Si cette rupture a permis aux anciens cadres de l’UFC de rallumer la flamme de l’espoir du changement, l’on est en droit de se poser la question de savoir ce qu’a fait l’ANC de la mobilisation des Togolais durant les cinq dernières années.


Une rupture pleine d’espoir


Il faut d’abord avoir le courage de reconnaitre à Jean-Pierre Fabre et ses amis d’avoir choisi la voie de la rupture avec leur mentor au moment où ce dernier, pour des raisons obscures et parfois de vengeance personnelle, a choisi de se faire remorquer par la barque RPT à la suite d’un accord bidon aux secrets bien gardés. Autant l’acte posé par Gilchrist Olympio a été perçu par la majorité des forces démocratiques comme une trahison de plusieurs années de lutte, autant la rupture et la création de l’ANC incarnées par Jean-Pierre Fabre et les autres sont apparues comme une lueur d’espoir. Dans un climat d’adversité voire de férocité sur fond de vengeance et de règlements de comptes, il fallait rebâtir les bases du nouveau parti politique, sillonner l’ensemble du pays, persuader et remobiliser les populations pour la conquête du pouvoir.

La tâche était immense et les obstacles partout, surtout lorsqu’on sait que Gilchrist, désormais allié au pouvoir en place, ne voulait en aucun cas, pour des raisons personnelles, permettre une quelconque émergence politique de ses anciens lieutenants. Le parti de Jean-Pierre Fabre est passé par la case justice, des députés ont été injustement renvoyés de l’Assemblée nationale, les arrestations arbitrairement, les brimades, le harcèlement ont été le quotidien des responsables et militants. Certains y ont laissé leur vie. Cette vie d’enfer imposée par le parti au pouvoir et ses alliés n’a pas empêché l’ancrage du parti orange comme la principale force de l’opposition au sortir des législatives frauduleuses de 2013.


Naturellement, ce 11 octobre à la plage, c’est avec une satisfaction que Jean-Pierre Fabre a dressé le bilan du parcours de son parti. Une formation implantée sur l’ensemble du territoire avec 73 fédérations nationales et internationales. Un bilan jugé positif avec une « participation au dernier scrutin présidentiel avec CAP 2015 qui a permis de démasquer tous les soutiens et les défenseurs du régime de dictature qui, tapis dans l’ombre, prétendent lutter pour le changement auquel aspirent les Togolaises et Togolais », peut-on lire dans le discours de Jean-Pierre Fabre qui ne s’est pas privé de lancer par la même occasion un appel à l’union de toutes les forces démocratiques en vue d’obtenir une alternance (sic).

Faut-il garder espoir ?

Si les responsables de l’ANC se mettent dans une posture d’autosatisfaction de leur parcours en dressant un bilan plus que satisfaisant, la majorité des Togolaises et des Togolais qui aspirent au changement commencent à se poser des questions, surtout au sortir de la dernière présidentielle une fois de plus volée par Faure Gnassingbé et sa bande. Y a-t-il encore espoir ? Voilà la question qui revient sur toutes les lèvres, et à juste titre, pour des populations qui ont tout donné.

Dans son intervention ce 11 octobre à la plage, Jean-Pierre Fabre semble donner la réponse en ces termes : « Nous devons, tout en maintenant la pression à travers la mobilisation populaire, nous investir résolument pour, faire accepter par le pouvoir RPT-UNIR que la démocratie, l’Etat de droit et la bonne gouvernance doivent se construire et prospérer avec un cadre électoral sain, garantissant l’alternance politique par des élections équitables et transparentes ; prendre part avec succès à toutes les échéances électorales à venir ; conquérir le pouvoir en vue de réaliser l’alternance et le changement auxquels nous aspirons tous ». Sauf que dans le contexte togolais, cela fait plus de 25 ans que les populations de ce pays avachis par la misère qu’impose le clan Gnassingbé restent toujours mobilisées, prennent d’assaut les rues lorsqu’il y en a nécessité, mais qu’au bout de la chaine, ces efforts sont vendangés par les leaders des partis politiques.

Qu’a-t-on fait de la mobilisation monstre du 12 juin 2012 à Deckon ? A quoi a servi la mobilisation des populations lors de la campagne présidentielle d’avril 2015 ? Qu’a-t-on fait de la déferlante des militants qui ont envahi toutes les rues de Lomé le dernier jour de campagne de 2015, en appui et soutien au candidat du CAP 2015 ? A force d’inviter les gens tout le temps à la mobilisation alors qu’on n’en fait rien avec, on débouche sur la démobilisation, et c’est malheureusement la situation que vit aujourd’hui l’ensemble de la classe politique de l’opposition y compris l’ANC. Le parti de Jean-Pierre Fabre a marqué juste une rupture avec Gilchrist Olympio, sans véritablement changer de méthode de fonctionnement, encore moins d’approche pour la conquête du pouvoir. Le populisme et le culte de la personnalité sont plus que jamais d’actualité. On ne peut pas faire chaque fois les mêmes choses et espérer des résultants différents. Le scrutin présidentiel de 2015 aux résultats tronqués par le pouvoir a révélé de grandes faiblesses de l’ANC et de ses alliés, notamment dans la collecte à temps des procès verbaux issus des bureaux de vote. Pour galvaniser les militants, il avait été promis aux Togolais la victoire par tous les moyens, comme Gilchrist Olympio promettait « Enu goro goro ameton »; mais à la fin, c’est la désillusion totale suivie de l’antienne habituelle : manifestations, mémorandum, tournée en Occident etc. En somme une déception que les Togolais ruminent en silence.

Nécessité de définir de nouvelles stratégies

Dans le landerneau politique togolais, au-delà de la déception, l’ANC jusqu’à preuve de contraire, reste le parti politique de l’opposition qui reçoit l’adhésion des forces démocratiques, même si cette crédibilité au fil du temps risque de s’étioler. Si le parti fête son cinquième anniversaire, il n’en demeure pas moins vrai que ses responsables sont sur la scène politique depuis des décennies.

Tous ces messieurs et dames, jeunes et vieux, ont fait preuve de courage, d’abnégation; mais il est temps de tourner la page du populisme, des slogans, pour dérouler une approche de conquête de pouvoir basée sur des stratégies efficaces et efficientes.

Pour y arriver, le parti doit d’abord se confronter à ses propres faiblesses, à ses handicaps, parer au manque de compétence interne. La position du parti majoritaire de l’opposition impose des responsabilités, des initiatives à prendre.

Or depuis plus de deux ans, les députés de l’opposition à l’Assemblée nationale ne donnent pas de la voix; et pourtant, le pays est confronté tous les jours à des crimes économiques graves, à des projets bidon qui engloutissent des milliards. Les graves scandales financiers et les rapports accablants incriminant la gestion mafieuse du pouvoir n’ont jamais eu d’échos au sein de la classe politique de l’opposition. L’épineuse question de la décentralisation et surtout des élections locales est abordée sans conviction; et pourtant, il est connu de tous que ces municipalités, au-delà des ressources que le pouvoir en tire, posent la problématique de l’Etat civil et donc du fichier électoral. L’état de délabrement avancé des villes togolaises avec à leur tête des délégations spéciales hémiplégiques a poussé les partenaires à tirer la sonnette d’alarme pour l’organisation des élections locales.

Au-délà des déclarations, l’ANC va-t-elle faire de ce sujet une préoccupation de l’heure? Le Togo est un pays fondamentalement mafieux avec des activités criminelles qui génèrent des ressources inimaginables aux tenants du régime en place et leurs soutiens à l’extérieur. Sans une organisation conséquente, une stratégie efficace et une capacité d’anticipation, la lutte promet d’être encore longue très longue, à moins que les Togolais eux-mêmes, comme au Burkina Faso, s’organisent pour régler le problème en dehors des partis politiques.

En attendant, l’ANC doit faire son autocritique et redéfinir de nouvelles stratégies qui rassurent les populations quant à sa capacité de conquérir réellement le pouvoir, au risque de perdre aussi le terrain comme d’autres partis qui ne se résument aujourd’hui qu’à leur leader. Vivement que la commémoration de ce cinquième anniversaire marque un nouveau départ, afin que la popularité ne confère pas seulement une position dominante, avec les avantages, mais permette de réaliser l’alternance, le rêve des millions de Togolais désespérés de la gestion hasardeuse et prévaricatrice de la dynastie Gnassingbé. Est-il encore opportun de rappeler que dans le contexte togolais, ce n’est pas le régime anachronique et moribond qui est fort comme le prétendent certains, mais c’est l’opposition qui manque cruellement de méthodes et de stratégies.

Anani GALLEY

L’ALTERNATIVE – N°465 du 13 Octobre 2015

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