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Liberté N° du 16/10/2015

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Togo: 2012, 2013, 2014 et 2015, une succession de révisions budgétaires révélatrice de la gestion désastreuse
Publié le dimanche 18 octobre 2015  |  Liberté


© aLome.com par Parfait
L`Assemblée nationale du Togo reprend du service après des vacances parlementaires
Lomé, le 6 octobre 2015. Palais des Congrès, Salle des plénières du parlement. Divers invités de marque étaient présents à l`ouverture de la 2ème session ordinaire de l`hémicycle au Togo.


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Pendant que les élus du peuple d’autres pays s’attaquent à l’examen du budget de l’année à venir avec tout le sérieux que requiert cet exercice, les députés togolais vont encore, mécaniquement, se prononcer sur le 4è collectif budgétaire en quatre années successives. Un record. Mais comme pour dire au peuple que cette institution n’est pas légitime et ni véritablement représentative des populations togolaises, Dama Dramani & Co s’aligneront derrière les argumentaires du ministre Ayassor parti au Pérou pour d’autres « obligations ».

Et si les autres députés l’interpellaient pour une séance devant eux ? Si en huit ans de service, ce ministre a réussi la prouesse de présenter 4 collectifs budgétaires d’affilée, on doit se poser des questions sur son érudition en matière de planification budgétaire et l’impact que les années ont pu avoir sur ses capacités proactives.

Mercredi dernier en conseil des ministres, un projet de loi portant révision de la loi des finances a été adopté, et pour qui connaît la configuration de l’Assemblée nationale togolaise qui est devenue, selon le député Jean-Pierre Fabre « la façade cosmétique de la démocratie au lieu d’être une institution légitime et véritablement représentative des populations togolaises », la majorité des députés inféodés au parti au pouvoir et qui ne pigent que dalle des enjeux budgétaires va bientôt donner sa bénédiction à cette loi rectificative.

Le ministre Adji Otèth Ayassor qui a défendu ce budget devant les élus, se la coule douce au Pérou pendant que ses pairs ont adopté le projet de loi. On nous répondra certainement qu’il existe désormais un ministre en charge du budget. Malheureusement, ce n’est pas ce ministre qui a confectionné le budget. Passons. Ainsi, le budget 2015 contre lequel des députés de l’opposition avaient voté, ne reflète pas la réalité, sinon, on ne le toucherait pas. Les élus qui reçoivent des instructions avant le vote de toute loi le savaient-ils seulement lorsqu’ils levaient le doigt en décembre 2014 ?


Dans les justifications du conseil des ministres qui militent en faveur du budget révisé à la hausse, il a été fait mention de diverses raisons : « l’impossibilité de réaliser certaines recettes non fiscales extraordinaires telles que les commissions sur les transferts.

Il en va de même de certains appuis budgétaires attendus des institutions financières internationales, mais qui n’ont pu être mobilisés. Par ailleurs, la prise en compte des dépenses d’organisation du prochain sommet de l’Union Africaine sur la sécurité maritime et le développement, l’application de la nouvelle grille salariale à compter du 1er juillet 2015 et la revue de la masse salariale suite au redéploiement du personnel des ex-directions générales des douanes et des impôts… ». N’y a-t-il pas quelque chose qui cloche ? Des recettes non fiscales extraordinaires non réalisées et des appuis budgétaires non mobilisés ne devraient-ils pas plutôt impacter négativement le budget ?

Ceux qui ont rédigé ce communiqué en conseil des ministres veulent-ils faire croire que tous les paramètres qui semblent justifier le collectif budgétaire n’avaient pas été pris en compte par le ministre Ayassor avant la finalisation du budget ? Si oui, quels ont été les apports des députés issus de son parti lorsque le projet de budget avait été déposé sur la table de Dama Dramani ? Lorsque dans un parti politique, on refuse la critique, lorsque la crétinisation de la majorité devient l’objectif poursuivi, c’est la nature qui se charge de démontrer que vous n’avez pas raison. Et comme on doit s’y attendre, certainement que les mêmes députés qui avaient applaudi en décembre passé, applaudiront bientôt pour donner leur aval au collectif budgétaire sans chercher à comprendre le pourquoi du pourquoi. Ils sont payés pour représenter le parti, et non le peuple. Un tour dans le passé montre que les mêmes causes produisent les mêmes effets.


En octobre 2014, le même exercice a été imposé. Après que les recettes douanières ont été surévaluées, l’exécutif a été obligé de revoir ses prétentions à la baisse. De 830,4 milliards au départ, le collectif budgétaire de 2014 a ramené le budget à 720,9 milliards de FCFA. Aucun des élus qui avaient donné leur aval à l’exécution au départ, n’a levé le petit doigt pour demander des explications. Adji Otèth Ayassor avait produit des arguments tirés par les cheveux pour se justifier.


«Cette baisse est due à l’effet combiné des augmentations d’une part, des dépenses de matériels, des subventions au Fonds National pour la Finance Inclusive (FNFI), des intérêts sur la dette et des dépenses d’investissements… ». Comme si lors de la confection du budget il ignorait que le FNFI allait avoir besoin de subventions et que chaque année, le pays payait des intérêts sur sa dette et allait s’engager dans des dépenses d’investissement. Cet aveu du ministre ne signifie-t-il pas qu’il ne planifie rien ? Le président de l’Assemblée nationale qui ignore apparemment son rôle, avait joué le sale rôle en justifiant la loi de finance rectificative par « …la renonciation par le gouvernement à une partie des droits et taxes sur 14 produits de grande consommation, et qui illustre la détermination du gouvernement à tout mettre en œuvre, en vue de soulager les populations en proie à la vie chère ». On aurait dit un membre de l’exécutif en train de parler.

Le budget de 2013 n’a pas dérogé non plus à la règle des collectifs budgétaires. Il était prévu une entrée de 779,8 milliards de FCFA lorsque les députés du parti au pouvoir donnaient leur quitus au projet de loi des finances 2013.


« Le gouvernement a mis les moyens dans le budget 2013 lui permettant de financer un certain nombre de priorités dans le domaine de la santé, l’agriculture, les routes, les pistes rurales et le développement à la base », avait chanté le ministre Ayassor. Mais qu’en était-il en cours d’année ? 694,2 milliards, soit une réduction de 85,8 milliards. Et comme c’est devenu une habitude pour lui, le natif de Défalé n’a pas été à court d’arguments pour justifier cette baisse. Finalement, on en conclut que quel que soit le budget voté, son exécution posera toujours problème du fait que l’homme est de plus en plus déconnecté des réalités du pays, préférant voir les problèmes des Togolais de haut. Est-il corrodé par sa longévité au poste ? Le débat est ouvert, étant donné que l’année d’avant, il a (encore !!!) été question de collectif budgétaire.

En effet, en décembre 2011, les députés issus de l’opposition avaient voté contre le budget 2012, estimant que les dépenses d’investissements sont trop dépendantes des ressources extérieures. Et ils avaient dit qu’ils n’étaient pas convaincus de la capacité du gouvernement à faire face aux grands défis sociaux et économiques et de l’heure. Mais Ayassor avait opposé que le vote de ce budget permettra au gouvernement de poursuivre la politique des grands travaux et des réformes sociales, de favoriser la croissance de l’économie et de lutter efficacement contre la pauvreté. Malheureusement pour le RPT et l’UFC, les faits ont donné raison au CAR qui avait voté contre.


En cours d’année, ce budget qui était de 644,46 milliards de FCFA, a été révisé à la baisse pour se retrouver à 601,3 milliards de FCFA. Que dire au vu de tous ces collectifs budgétaires de la qualité managériale et planificatrice du ministre Ayassor ? 2012, 2013, 2014 puis 2015, les budgets des quatre dernières années sont révisés. Les ministres se succèderaient à ce poste qu’on pourrait encore comprendre. Mais un seul homme qui peine tant à établir un budget « tais-toi », il y a de quoi penser que l’érosion intellectuelle est en train de gagner l’homme pour avoir trop duré au poste. Il n’arrive plus à se remettre en question et doit toujours penser que ses vues priment sur celles des autres. Qui peut nous dire qu’il y a déjà eu un ministre ayant déjà passé huit années aux finances du Togo ?

S’il y a alors une couronne à décerner, ce serait non pas pour la qualité de son travail, mais pour sa longévité au poste. Dix ans pour Faure Gnassingbé, huit pour Ayassor, mais l’endettement du pays continue crescendo. Pour un couple parfait, c’en est vraiment un. Au grand dam des Togolais.

Abbé Faria

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