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Nicolas Berlanga Martinez à la classe politique togolaise : « Pour conduire, il faut surtout regarder vers l’avant, mais sans oublier les leçons du passé »
Publié le dimanche 17 novembre 2013  |  AfreePress




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Togo - Nicolas Berlanga Martinez, c’est le nom du nouveau Chef de la Délégation de l’Union européenne au Togo. L’homme a été nommé le 14 juin dernier Chef de la Délégation de l’Union européenne au Togo en remplacement de Patrick Spirlet arrivé en fin de mission.
Quelle sera la nature de la coopération entre le Togo et l’Union européenne avec l’arrivée d’un nouveau diplomate ? Pour M. Berlanga, les relations entre le Togo et son institution ne peuvent qu’aller crescendo pour le bien-être des populations togolaises et européennes. « Il y a un fort élément de continuité, que ce soit au niveau du dialogue politique ou de l’appui au développement », a indiqué le diplomate à l’Agence de presse Afreepress dans une interview exclusive que l’homme a accordée à l’organe au lendemain de la présentation de ses lettres d’accréditation au Président de la République togolaise, Faure Gnassingbé.

Lire l’intégralité des échanges entre Afreepress et le Chef de la Délégation de l’Union européenne au Togo.

Afreepress : Bonjour M. Nicolas Berlanga Martinez, vous êtes le nouveau chef de la délégation de l’UE au Togo en remplacement de M. Patrick Spirlet. Nous vous souhaitons d’ores et déjà la bienvenue au Togo.

Un chef de la délégation de l’UE part et autre arrive, la politique européenne avec le Togo va-t-elle changer avec votre arrivée ?

Nicolas Berlanga Martinez : Heureusement non. La politique européenne au Togo ne dépend pas de personnes. Bien au contraire, on se doit de souligner que depuis maintenant plusieurs années, depuis la reprise de la coopération du moins, il y a un fort élément de continuité, que ce soit au niveau du dialogue politique ou de l’appui au développement. Je suis ravi d’être au Togo, j’y ai reçu un accueil chaleureux, j’y ai découvert un peuple très attachant, j’y ai trouvé un bureau pleinement fonctionnel et efficient, des relations avec les États membres de l’UE présente et les autres partenaires du Togo excellentes et des contacts avec la société civile et les acteurs politiques togolais francs, ouverts et constructifs.

Ceci ne m’empêche pas de vouloir encore améliorer cet état de choses, par exemple, en élargissant nos activités au niveau culturel en partenariat avec nos États membres ou en améliorant encore plus nos actions de visibilité et notre relation avec la presse.

Depuis son arrivé au Togo en 2009, mon prédécesseur et ses collaborateurs ont réinstallé une nouvelle Délégation de plein pouvoir et relancé la coopération et le dialogue politique dans un environnement, y inclus politique, souvent tendu. Je pense que nous rentrons dans une nouvelle phase maintenant. Donc je dirais : « continuité dans le changement ».

Afreepress : L’Union européenne intervient au Togo sur plusieurs plans, dont le plan politique. Quelle idée avez-vous de la situation politique au Togo ?

Nicolas Berlanga Martinez : Je vous parlais d’un environnement politique tendu dans un passé récent. Les mots qu’on retrouvait le plus, dans nos analyses politiques, étaient « méfiance, confrontation, manifestations, préalables, Droits de l’homme… ». J’ai la sensation, depuis mon arrivée, récente il est vrai, que le Togo est, en ce moment, à une croisée de chemins. D’un côté celui du dialogue démocratique et du renforcement des institutions, y inclus celles de contrôle, menant aux réformes institutionnelles, constitutionnelles, électorales, sociales et économiques, à la réconciliation, à un meilleur fonctionnement et indépendance de la justice et, en conséquence, à l’amélioration des Droits de l’homme et de l’État de droit en général. Mes premières impressions m’incitent à penser que c’est ce chemin que le Gouvernement et l’opposition, mais surtout les citoyens, veulent prendre. L’UE est là pour accompagner le Togo sur ce chemin.

Mais l’autre chemin est là aussi, celui de la méfiance et de la confrontation à outrance qui risque de ramener le pays dans le passé, un passé douloureux à la lecture du rapport de la CVJR, un rapport dont les recommandations indiquent très clairement quel est ce bon chemin à suivre.

Il y a une troisième possibilité, rester à la croisée des chemins, ne pas avancer et continuer à regarder dans le rétroviseur. Pour conduire, il faut surtout regarder vers l’avant, mais sans oublier les leçons (de conduite) du passé.

Aux acteurs politiques, économiques, sociaux ; et surtout, aux citoyens togolais de choisir leur chemin.

Afreepress : Votre prédécesseur avant de quitter notre pays avait vivement encouragé toute la classe politique à privilégier le dialogue dans le règlement de ses différends et à surtout aller très rapidement vers l’organisation des élections locales. Êtes-vous du même avis ?

Nicolas Berlanga Martinez : Oui. Du dialogue, j’en ai déjà parlé. Il me semble que, par rapport au passé, nous avons aussi la chance d’avoir une nouvelle Assemblée nationale bien pourvue de personnes de haute compétence. Le démarrage a été difficile, lors de l’élection du Bureau, mais les choses ont très positivement évolué lors de la mise en place des Commissions. Je ne veux pas dire que le dialogue doit être exclusivement à l’Assemblée nationale, mais c’est le lieu le plus idoine.

Quant aux élections locales, elles sont attendues aux moins depuis les 22 engagements de 2004. Que ce soit pour l’avancement de la démocratie au plus proche des citoyens ou pour la réalisation de la décentralisation (que la France, l’Allemagne et l’UE vont appuyer), ces élections sont nécessaires le plus tôt possible et tout le monde les souhaite. Cela contribuera aussi à l’apaisement dans le débat politique vu que les partis devront former de cadres partout sur le territoire, aller faire campagne dans toutes les provinces, s’habituer à répondre aux besoins quotidiens de tous les citoyens.

Bien sûr, pour réaliser les élections locales il faut avancer sur certaines réformes, avoir même des locaux où installer les administrations, avoir le budget pour mener les élections et décider à quel niveau administratif et géographique les tenir. S’il est difficile d’avoir une date ou une feuille de route, peut-être, la solution est-elle que le Gouvernement et les partis politiques en parlent, cartes sur table, et qu’ils s’accordent sur ce qui est faisable et quand. Et qu’après ils fassent un exercice de communication en expliquant la décision à leurs concitoyens.

Afreepress : En dehors de la sphère politique, la délégation de l’UE au Togo intervient très fortement dans l’aide au développement et sur le plan social aux côtés des populations. Que pouvons-nous retenir des interventions de l’UE dans ces deux domaines ?

Nicolas Berlanga Martinez : Probablement le plus important à retenir c’est notre modèle de partenariat basé sur le dialogue, la transparence, la solidarité entre citoyens et le transfert de capacités. Nous sommes avec vous depuis l’indépendance, nous défendons des valeurs universelles qui sont les vôtres. C’est pour cela que nous dialoguons sur la gouvernance, sur la consolidation institutionnelle, sur une police plus républicaine, sur la transparence dans la gestion des finances publiques, sur les conditions de détention et les conditions des détenus. C’est aussi pour cette raison que nous voulons, avec la France et l’Allemagne, créer une vraie « force de frappe » en faveur des villes secondaires, d’accès aux services de base pour tous les citoyens dans l’ensemble du territoire.

Vous verrez nos experts, nos panneaux, nos messages dans tous ces domaines accompagnant les efforts des autorités et de la société civile.

Afreepress : Sur ce sujet, peut-on s’attendre à un accroissement de l’aide que l’UE apporte au Togo avec votre arrivée ou plutôt à l’effet contraire ?

Nicolas Berlanga Martinez : Comme il a été annoncé récemment à Bruxelles, l’enveloppe du Fonds européen de développement pour le Togo et pour la région augmenteront fortement sur la période 2014-2020. Pour le Togo, l’augmentation est de 70 %.

Mais comme nous l’avons vu dans le passé, cette enveloppe ne représente qu’une partie de l’appui financier réel de l’UE. En raison de besoins inattendus ou même en conséquence de succès dans sa mise en œuvre, elle peut être augmentée. Attention néanmoins, l’inverse est aussi vrai et le rythme et la qualité de la de mise en œuvre sont aussi importants pour le pays.

Ceci étant dit, nous avons tendance à rester dans les aspects « quantitatifs »: les montants et les chiffres, et à oublier d’entrer dans le débat « qualitatif » : les citoyens, la protection sociale, l’inclusion dans les réformes politiques, l’espoir d’un futur meilleur pour nos enfants à travers l’éducation, l’égalité dans l’accès aux ressources publiques, etc. L’avantage de la relation entre le Togo et l’Union européenne c’est que « quantité » et « qualité » se donnent la main.

Afreepress : À la fin de votre mandat (même si c’est trop tôt d’en parler) quel bilan voulez-vous laisser à votre départ ? Un Togo plus uni et développé et/ou un Togo plus démocratique ?

Nicolas Berlanga Martinez : Les deux, bien sûr ! Les deux vont main dans la main. Un développement qui n’est pas inclusif, légitime et qui ne regarde pas vers l’avenir ne sera pas un développement qui surmonte les grands défis du pays. Vous vous rappelez du discours de la Baule ? « Il n’y a pas de développement sans démocratie et il n’y a pas de démocratie sans développement ».

Même si les avis divergent à ce sujet, argüant d’exemples différents de développement, je crois que dans nos sociétés, africaines ou européennes, qui ont des bases culturelles et humaines très proches, ce principe est vrai.

Afreepress : Merci M. Berlanga et bonne chance dans vos nouvelles missions.

Propos recueillis par Olivier A.

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