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Unité d’action syndicale ou peur des centrales syndicales: Adrien Beleki Akouété explique : « lorsqu’il y a un pluralisme syndical très poussé, ça affaibli le mouvement syndical »
Publié le lundi 18 novembre 2013  |  L’Union


© Autre presse
M. Adrien Beleki Akouete, Secrétaire Général adjoint de CSI-Afrique


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Togo - Les centrales syndicales du Togo ont pris l’engagement à la fin de deux jours de réflexions sur initiative du bureau Afrique de CSI de se réengager dans une nouvelle unité d’action. En attendant que cela se formalise, l’Inter Syndical étant déjà mort, beaucoup sont ceux qui s’interrogent sur l’opportunité de cet engament si ce n’est la peur de perdre toute crédibilité aux yeux des travailleurs et au profit de la STT ? L’autre interrogation est de savoir pourquoi la CSI Afrique les force dans cette unité d’action ? A chacun sa question. Pour le SG adjoint de CSI-Afrique M. Adrien Beleki Akouete, c’est mal comprendre la demarche des centrales syndicales de considérer que la CSI Afrique les pousse. Il explique l’opportunité de cette nouvelle tentative pour faire revivre l’action syndicale dans le pays. C’est dans l’entretien qu’il nous a accordé à la fin des journées de réflexions.
pa-lunion.com : Adrien Béléki Akouété, bonjour !

Adrien Béléki Akouété : Bonjour !



Secrétaire général adjoint de CSI-Afrique, vous poussez les centrales syndicales togolaises à s’organiser en une union pour le bonheur du mouvement syndical togolais. Pourquoi donc ?

Merci pour nous avoir donné la parole au nom de la CSI-Afrique. Je comprends bien votre question, mais dire qu’on est entrain de pousser, non ! On est entrain d’accompagner le processus enclenché par les centrales syndicales du Togo elles-mêmes. L’histoire syndicale du Togo nous dit clairement que ce processus d’action syndicale a commencé depuis les années 94 au lendemain de la grève générale illimitée, où il s’est avéré qu’en un moment donné, les centrales syndicales n’avaient la force là nécessaire pour aller discuter. Et si on est d’accord avec la convention 87 relative au pluralisme syndical, on est aussi d’accord que, lorsqu’il y a un pluralisme syndical très poussé, ça affaibli le mouvement syndical. Les centrales syndicales ont compris la nécessité de se donner un cadre de travail qui puisse leur permettre de parler d’une seule voix. Pour rappeler que dans les années 2005, et plus précisément en septembre 2005, il y avait l’intersyndicale du Togo qui a été crée. La CSI n’était pas encore né. Donc, c’est de la volonté des centrales syndicales du Togo à créer un cadre de concertation entre elles-mêmes, pour pouvoir définir les actions à mener devant le patronnât ou le gouvernement, et parler d’une seule voix, et non, avec des voix discordantes. Nous, nous ne faisons qu’accompagner ce processus qui a commencé depuis un certain temps au Togo.



C’est donc dire que l’intersyndical n’a plus de poids.

L’intersyndicale n’existe plus au TOGO. C’est pour cela qu’ils sont entrain de créer un nouveau cadre. Et si vous suivez bien le syndicalisme togolais, vous allez constater que l’intersyndicale a commencé avec quatre centrales, ensuite par cinq centrales, et la sixième centrale n’a jamais adhéré à l’intersyndicale, même si elle accompagnait certaines actions unitaires. Aujourd’hui, c’est elles-mêmes qui se disent qu’après les problèmes que cette ISTT a eu en 2010, il faudrait mieux repenser les plaies, donner un nouvel élan au syndicalisme togolais, pour qu’il pèse dans les débats en tant qu’acteur de développement, et non en tant qu’organisation qui subit ce que le patron ou le gouvernement est entrain de faire. Donc, je pense que c’est un bon processus pour le Togo. Il suffit seulement que les centrales syndicales se décident elles-mêmes de mettre en place ce cadre, et nous sommes prêts à les accompagner, pour que les revendications, les questions de justice sociale soient posées d’une et une seule voix.



Est-ce que quelque part, ce n’est pas la peur de voir disparaître ces centrales au profit de nouveaux mouvements syndicaux qui fait penser aujourd’hui à cette unité d’action syndicale ?

C’est une question qui doit être plutôt posée aux confédérations nationales du Togo. Nous, nous sommes de la CSI, et s’il y a une demande d’accompagnement pour le renforcement des capacités, pour créer un cadre, nous, nous sommes prêts. Parce que, déjà au congrès de 2006, les deux grandes confédérations mondiales, à savoir, la confédération internationale des syndicats libres, et la confédération mondiale du travail, se sont mis d’accord pour créer une unité d’action et pour créer une unité syndicales afin de faire face au néolibéralisme et aussi faire face à la crise déjà en 2006. Donc, ce n’est pas une nouveauté dans un pays où il y a le pluralisme syndicale. Dire que les centrales syndicales ont peur, je ne crois pas. Elles ne vont pas disparaître. C’est des organisations qui sont nées depuis des années et qui fonctionnent comme cela se doit, mais les nouveaux mouvements qui se créent sont des mouvements ad-hoc comme ils le disent eux-mêmes. Donc, je ne crois pas que ça fasse peur aux responsables syndicaux, mais, il faut qu’on recadre le mouvement syndical dans notre pays. C’est ce que sont entrain de faire les confédérations syndicales du Togo.



Monsieur, je n’ai pas l’intention de mélanger les choses. Mais vous avez été l’un des membres influents du mouvement syndical togolais, et pour avoir joué ce rôle pendant de longues années, et connaissant comment les centrales syndicales togolaises fonctionnent, est-ce que vous êtes sûr que, ce nouveau cadre qui va être créé, sera un cadre où ils vont s’entendre pour le bonheur du mouvement syndical togolais ?

Ce n’est pas à moi d’en être sûr. Cette responsabilité incombe aux confédérations. Vous les avez écoutés. C’est elles qui mettent en place leur cadre. Nous ne faisons qu’accompagner. Même si j’ai été l’un des acteurs, je ne le suis plus aujourd’hui. Mais je suis prêt à accompagner par mes expériences. C’est aux centrales syndicales de savoir ce qu’elles veulent. Si elles ont peur, c’est leur problème et je ne suis pas sûr qu’elles aient peurs. D’ailleurs, je sais que depuis 2011, avant que ces mouvements ne commencent ici en 2013, ces centrales se réunissaient déjà pour pouvoir arriver à la mise en place d’un cadre. Tout simplement ce qui s’est passé, et ce dont je suis sûr, dont j’ai l’information, c’est que, c’est seulement le règlement intérieur qui a crée problème, et elles n’ont plus eu le temps de se revoir. Mais je sais que les discussions ont repris depuis des mois et des mois, et en 2012, si mes souvenirs sont bons, les centrales syndicales ont participé à plusieurs activités pour l’unité d’action syndicale. Donc moi, je pense sincèrement que, ce n’est pas une nouvelle confédération que les centrales sont entrain de mettre en place. Il faut distinguer entre une confédération unitaire, et une unité d’action qui regroupent les centrales pour un objectif bien précis et laissent aussi les autres centrales de faire ce qu’elles veulent.



Qu’est-ce qui, à votre avis pourra changer s’ils arrivent à mettre en place cette unité d’ action ?

Moi je pense qu’il faut poser cette question aux centrales syndicales. C’est elles qui définissent leur vision, leurs objectifs. Nous ne faisons qu’accompagner. Qu’est-ce qui pouvaient changer ? C’est aux centrales syndicales de le savoir, et de le poser comme problème pour mériter encore une fois la confiance que leurs mandants ont placé en elles, c’est tout.



Mais vous avez toujours encouragé ces genres d’union, pas seulement au Togo. Ici c’est parce que vous êtes au Togo que nous vous posons la question. Dans d’autres pays, la CSI a toujours encouragé que les différentes centrales syndicales puissent exister et se retrouver dans un cadre pour parler d’une même voix face au patronnât ou à l’employeur. C’est dans ce sens que nous posons la question. En tant que quelqu’un qui connait la matière, qu’est-ce qui pourrait éventuellement être positif dans une unité d’action, une nouvelle union de toutes ces centrales syndicales ?

Je voudrais insister là-dessus. Lorsque en 2005, il s’était agit de voir que les deux confédérations internationales parlent d’une voix discordante, ni la Banque Mondiale, ni le Fond Monétaire Internationale, ni l’OMC, ni l’Union Européenne ne s’occupaient tellement pas de leurs propositions. Parce qu’on ne savait laquelle des propositions il faut prendre. Mais aujourd’hui, lors que ces deux confédérations internationales se sont mises d’accord pour se mettre ensemble et posent leurs revendications, vous allez constater que, dans les grands foras aujourd’hui, le monde syndical est toujours présent en tant qu’acteur de développement aujourd’hui, ce n’est pas seulement en tant que organisation syndicale qui revendique, pour vous assurer que la feuille de route de l’Union Européenne implique d’avantage les organisations syndicales. Donc la CSI-Afrique accompagne les organisations dans les pays qui veulent faire de l’unité d’action syndicale leur leitmotiv, peser dans les discussions, peser dans les débats et faire des propositions qui puissent être prises en compte lors des discussions pour la mise en place des programmes. Donc je pense que, nous ne poussons pas comme vous semblez le dire, mais nous accompagnons, et nous apportons notre contribution également pour que cela puisse réussir. Et c’est notre rôle. Le rôle de la CSI c’est d’accompagner, de coordonner, ce n’est pas de remplacer les organisations sur le terrain. Maintenant si les organisations font appel aux compétences de la CSI, à l’accompagnement de la CSI, la CSI étant leur organisation chapeau, est prête toujours à accompagner.



Quel genre d’accompagnement vous donnez aux organisations syndicales nationales ?

Vous allez constater au dernier congrès, nous avons fait un plan stratégique adopté par tous les congressistes, et ce plan stratégique se présente en cinq axes. Les droits humains et les droits syndicaux, l’égalité des chances, le travail décent, le travail des jeunes, le chômage de jeunes d’une manière ou d’une autre, et également le VIH/SIDA et l’environnement. C’est les trucs clés aujourd’hui de notre monde. Donc, ces activités comme nous venons de le faire au Togo, c’est le renforcement des capacités, le plaidoyer des organisations syndicales, pour que dans tout programme, qu’il soit pris en compte, le travail décent, la protection sociales, un bon salaire pour que les travailleurs ne soient pas des laissés pour compte du développement. Donc, voila ce que nous faisons comme accompagnement. Maintenant, nous le disons, nous définissons un cadre, mais chaque pays et chaque organisation affiliée est libre de définir son cadre que nous pouvons accompagner et ça permet de faire une évolution dans le pays.



A la fin de cet entretien, un message à l’endroit des jeunes, qui aujourd’hui ont envi de rentrer dans les mouvements syndicaux, mais qui n’ont pas vraiment confiance.

Je ne sais pas si les jeunes ont conscience, mais les jeunes aujourd’hui sont confrontés à beaucoup de problème et à beaucoup de défis. Il y a de cela trente ans, trouver un job n’était pas si difficile. Aujourd’hui, quelque soit le diplôme que vous avez, pour trouver un travail, c’est très très difficile. Le syndicalisme ne donne pas de travail, c’est vrai, mais elle permet de protéger le travailleur, de protéger le travail dans l’entreprise. Donc, je pense que les jeunes doivent comprendre que le monde syndical n’est pas là pour seulement faire des cotisations, mais le mouvement syndical est là pour accompagner, pour les former, pour les éduquer, pour que les revendications qu’ils vont faire dans les entreprises, soient des revendications qui puissent permettre à l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Ca, c’est un. De deux, je reconnais aujourd’hui que, beaucoup de gens se posent des questions sur le rôle des syndicats. Quand vous faites un clin d’œil à ce qui se passe au Togo, je comprends, mais je me dis également, le monde syndical n’est pas seulement fait de grève. Le monde syndical est fait aussi de proposition, d’accompagnement, et également de justice sociale qui permette également à ce que les revenus soient bien distribués dans le pays. Donc, je pense que les jeunes doivent aujourd’hui se syndiquer comme nos grands frères l’ont fait, comme nous l’avons fait nous aussi, pour pouvoir bénéficier de cet accompagnement là, et être dans l’entreprise en paix. Ce n’est pas lorsqu’on a des problèmes qu’on cherche à voir les syndicats. C’est quand on milite, quand on participe aux activités de syndicat, c’est en ce moment qu’on est syndicaliste, on est travailleur, et lorsqu’il y a un problème, le syndicat peut venir à l’appui.



Monsieur Adrien Béléki Akouété, merci

C’est à moi de vous remercier.

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