Maître Ata Zeus AJAVON
Coordinateur Général
Collectif Sauvons le Togo (CST)
LOME
Lomé, le 15 Novembre 2013
Monsieur le Coordonnateur Général du CST,
Nous avons lu avec beaucoup d’intérêt et une attention soutenue le rapport d’enquête relativement aux incendies de Lomé et de Kara rendu public le 13 novembre 2013 par le Collectif Sauvons le Togo, au cours de sa conférence de presse au Centre Communautaire de Bè, sous votre présidence effective.
Le Bureau Politique de OBUTS constate non sans étonnement que notre formation politique n’a été nullement associée ni à la résolution du Collectif Sauvons le Togo, tendant à entreprendre des investigations sur la cabale politico-judiciaire dont les leaders de notre Mouvement citoyen sont victimes. Elle n’a été non plus associée à aucune des étapes relatives à la collecte des informations ayant conduit à la production du rapport et à sa publication.
Le caractère délicat de cette mission voudrait qu’en amont soit pris en compte le rôle et la position de notre formation politique au sein de notre Mouvement citoyen afin de requérir sa pleine adhésion au travail d’investigation visant à situer les responsabilités dans cet important traumatisme national.
Pire ce n’est qu’à cinq minutes avant l’ouverture de la conférence de presse que les émissaires de la formation politique OBUTS ont été informés du contenu du rapport rendu public. Jugez-en par vous-même !
Il faut utilement rappeler que dans ce procès en sorcellerie, qui les priva de liberté pendant plusieurs mois, dans des conditions inhumaines et dégradantes, décriées par les organisations internationales de droits de l’homme, les procédures d’interpellation des deux premiers responsables de OBUTS furent rocambolesques, et contraires aux dispositions du code de procédure pénale.
S’agissant de l’ancien Premier Ministre, Président National de OBUTS, la procédure de levée de son immunité parlementaire liée à son statut d’ancien Président de l’Assemblée nationale, a été pour le moins cocasse, en ce que le mis en cause ne fut ni entendu par la commission parlementaire, sur les présumées charges qui lui sont reprochées, et que la notification de la délibération de l’Assemblée nationale, ne lui fut pas signifiée avant son enlèvement à son domicile, en violation de la procédure établie en la matière et consignée dans le règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
De plus les éléments du service de renseignements et d’investigation, qui ont illégalement investi son domicile pour l’extraire de force furent dépourvus, de mandat d’amener et d’avis de perquisition du siège du parti, et de son domicile d’où ils emportèrent son matériel informatique qui est toujours séquestré dans les locaux de la gendarmerie jusqu’à ce jour.
Pourtant un mandat de dépôt sera délivré contre sa personne par le Doyen des Juges d’instruction pour présomption de complicité de destruction de biens publics, pour des faits qui lui sont totalement étrangers. Il passera quarante (40) jours dans l’univers carcéral dans des conditions inhumaines et dégradantes que la pudeur interdit de décrire dans le menu détail.
Quant au Premier Vice-Président, il fut enlevé à sa sortie de messe le dimanche 13 Janvier 2013, alors qu’il était en compagnie de ses enfants, au lendemain du décret créant la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur cette tragédie. Plus cocasse son enlèvement intervint au moment même où le Procureur de la République, n’avait pas encore émis aucun avis d’interpellation, dans le cadre de ce dossier. Il passera six (6) mois de détention à la gendarmerie nationale, et ne sera libéré qu’à la veille du scrutin législatif du 25 juillet 2013, auquel il prit part.
De ce qui précède il appert que la formation politique OBUTS a payé un lourd tribut dans cette cabale politico-judiciaire qui marqua d’un sceau particulier la volonté du régime en place de réduire l’opposition démocratique au silence, et la tenir à l’écart du dernier scrutin législatif.
Au regard du lynchage médiatique et de l’acharnement politico-judiciaire qu’elle a subie, la formation politique OBUTS ne peut que légitimement s’interroger sur les raisons pour lesquelles elle ne fut pas associée au travail d’investigation, de compilation et de publication des résultats de l’enquête dont s’agit. Elle aurait pu faire des observations utiles pour renforcer le travail d’investigation visant à éclairer l’opinion publique nationale et internationale.
Dans le contexte actuel, le Bureau Politique de OBUTS ne peut que s’étonner qu’on fasse d’elle la signataire d’un rapport dont elle ignore les tenants et les aboutissants car personne n’a sollicité ni son avis, ni son consentement avant de lui conférer subitement le statut de co-auteur de cet important rapport.
Il importe donc qu’une mise au point soit faite pour relever le caractère discourtois et illégal de cette démarche contraire aux principes et aux valeurs qui ont structuré jusque dans un passé récent le fonctionnement de notre Mouvement citoyen.
Le Bureau Politique de OBUTS tout en saluant l’idée d’apporter un autre éclairage sur la crise du feu au cours de laquelle les marchés de Kara et de Lomé ont été détruits en janvier 2013, demande qu’il y ait plus de communication interne sur des initiatives d’une telle portée qui requièrent un respect scrupuleux de la procédure. Il y va de notre commune crédibilité et de la qualité de notre dynamique de groupe !
Assuré de votre compréhension et dans l’attente des explications qui fondent une telle entorse aux principes élémentaires de droit de votre part, je vous prie d’agréer, Monsieur le Coordonnateur Général du CST, l’expression de nos sentiments citoyens et républicains.
Le Président national
Agbéyomé KODJO
Copies :
Chancelleries
Avocats