Dakar - Face au déclin de la croissance en Afrique subsaharienne - 3,8 % prévus cette année et 4,3 % en 2016, contre 5 % en 2014
- le Fonds monétaire international (FMI) prône la réduction des inégalités et met en garde contre l’interventionnisme monétaire, dans son rapport régional semestriel publié mardi à Dakar.
Dans ce document intitulé "Faire face à un environnement qui se dégrade", le FMI énumère trois facteurs de "la croissance vigoureuse de la région au cours de la dernière décennie": "amélioration considérable du climat des affaires et de l’environnement macroéconomique", niveau élevé des cours des matières premières et "conditions financières mondiales particulièrement favorables".
Le fléchissement de ces deux derniers facteurs - chute du prix des matières premières et "resserrement financier, ce qui veut dire que le financement sur les marchés internationaux sera plus difficile pour les pays africains" - impose aux Etats de rechercher de nouveaux gisements de croissance, a expliqué Roger Nord, directeur adjoint du département Afrique du FMI.
"Les perspectives à moyen terme demeurent solides. Mais il faut s’attaquer à deux grands défis. Le premier défi, c’est de renforcer la compétitivité des économies africaines, notamment l’intégration dans le commerce international, l’intégration dans les chaînes de valeur", a-t-il déclaré à l’AFP à Dakar.
Le responsable du FMI a incriminé "l’électricité trop chère, les coûts de transport élevés, les coûts de communication qui sont encore élevés", conseillant d’"améliorer cette compétitivité" pour "s’assurer que l’Afrique subsaharienne puisse garder les taux de croissance élevés des derniers 15, voire 20 ans".
"Et deuxièmement, il faut réduire les inégalités, de revenus aussi bien que de genre", a poursuivi M. Nord.
Selon le rapport, "l’Afrique subsaharienne est l’une des régions du monde où les inégalités - de revenu et entre femmes et hommes - sont parmi les plus fortes, même en tenant compte de ses niveaux plus faibles de revenu par habitant".
Leur réduction pourrait générer une croissance supplémentaire de "près d’un point de pourcentage par an si l’inégalité était ramenée aux niveaux observés dans certains pays émergents dynamiques d’Asie", estime l’institution financière.
Elle conseille à l’Afrique subsaharienne de "préserver la stabilité macroéconomique, y compris permettre aux taux de change de se déprécier pour amortir les chocs de termes de l’échange, investir dans les infrastructures qui améliorent la productivité tout en veillant à la viabilité de la dette", ainsi que de lever les obstacles au commerce et d’améliorer encore le climat des affaires.
Sur le plan monétaire, "les interventions devraient être limitées aux épisodes de mouvements désordonnés des taux de change", plaide le FMI.
En revanche, il table sur une baisse "sans doute durable de la demande mondiale de matière premières", notamment de pétrole, en raison du ralentissement de l’économie chinoise.
La chute des cours frappe les huit pays exportateurs de pétrole de la région "qui contribuent environ pour moitié au PIB de l’Afrique subsaharienne et dont font partie les deux plus grands producteurs, le Nigeria et l’Angola", mais aussi ceux de "métaux durs (comme l’Afrique du Sud, la Guinée, la Sierra Leone et la Zambie)", précise-t-il.
"Outre le pétrole, les principaux produits d’exportation de la région sont, entre autres, le cuivre (République démocratique du Congo et Zambie), le minerai de fer (Liberia et Sierra Leone), le charbon (Afrique du Sud et Mozambique), l’or (Afrique du Sud, Burkina Faso, Ghana, Mali et Tanzanie) et le platine (Afrique du Sud)", rappelle l’institution financière.
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