Togo - A Utrecht aux Pays- Bas, un rendez-vous est donné dans un ancien moulin miraculeusement préservé au centre-ville, à proximité des hangars de l’ultra moderne foire internationale « Jaarbeurs ». Des chercheurs, porteurs de projets culturels, artistes, journalistes, et autres amis de l’Afrique s’y sont donné rendez-vous pour un « Café Voodoo », pour y reconnaître dans le brouillard du Nord de l’Europe la naissance d’une nébuleuse culturelle. Parmi les musiciens, togocultures.com est frappé par une saxophoniste, ténor et baryton, d’origine togolaise à l’accent entièrement parisien. Elle est la seule femme dans ce groupe musical. Le groupe joue à intervalles réguliers dans ce Moulin où le public est convié pour le lancement d’un Voodoo Festival.
Nathalie Ahadji dessine ses notes élégamment. Elles sont inscrites dans une histoire de naissance entre la France, sa culture et son pays de naissance, et son ailleurs, le Togo, pays d’où sont originaires ses parents. Les notes crépitent, elles portent les marques du jazz et des rythmes traditionnels africains. Le saxo ne représente-il pas le jazz dans les pictogrammes ? Nathalie optait pour le violon mais c’est le saxo qui, en la faisant vibrer, l’a choisie. Elle adorait jouer par-dessus les disques de Nat King Cole, écouter Charlie Parker et finalement les sons graves l’ont attiré vers John Coltrane, Dexter Gordon et Lester Young. Cette « sidewoman » trouve toute sa jouissance dans l’improvisation.
L’histoire de Nathalie Ahadji, c’est d’abord l’histoire d’un h qui s’amuït dans la prononciation de son nom de famille (Ahadji > Aadji) et sa quête permanente de parler la langue du pays d’origine de ses parents dont elle connait quelques sonorités, des rythmes, quelques mots et pas plus. Et très tôt, à l’école puis au Conservatoire de Musique, elle a adopté l’instrument de Coltrane. Le saxophone, c’est d’abord son origine et la musique des noirs américains. Nathalie Ahadji a été habitée dès sa naissance par le jazz. Les vibrations qu’elle ressent à l’écoute du jazz remontent à sa naissance. Elle a été nourrie aux jazz par ses parents. Et depuis quelques années, elle jazze sa vie à la rencontre des artistes togolais, béninois, nigérians, congolais, ghanéens installés en France, Belgique et aux Pays-Bas. Ses notes font palpiter les cœurs. Ses rythmes et son sourire aspirent le public vers les étoiles et la beauté. La beauté des sonorités, la joie de vivre. Le bonheur d’être au diapason tout simplement d’une bonne musique. 90 dates en moyenne s’affichent chaque année au compteur de ses concerts donnés avec d’autres groupes en France, au canada, aux USA et dans bien d’autres pays européens.
Le temps joue pour et contre elle. Aussi paradoxal que cela pouvait l’être, elle est partagée entre son métier et sa vie familiale. Et il faut concilier les deux, trouver les bons créneaux, les bons tempos pour ne pas sonner comme une fausse note dans la symphonie humaine.