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Café Voodoo To Go pour la valorisation des arts et cultures ancestraux
Publié le mardi 19 novembre 2013  |  Togocultures.com


© Autre presse
Le Togolais Ekué Léopold Messan-Ativodou du Voodoo Festival aux Pays-Bas


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Togo - C’est dans l’idée de faire connaître et de divulguer les ambiances, les rythmes musicaux et les divers écrits sur le vodou que le Togolais Ekué Léopold Messan-Ativodou a organisé à Utrecht aux Pays-Bas une première rencontre dénommée : « Cafe Voodoo To Go ».
…Un « Voodoo Cafe » en Europe !!??? On croit rêver !!! Le vaudou n’est-il toujours pas en occident cette pratique des sorciers noirs piqueurs de poupées ? Plusieurs clichés des films d’Hollywood défilent dans la tête des Européens et Américains et les glacent d’effroi, juste à l’évocation de ce nom. Pourtant depuis quelques années, on retrouve un réel engouement en Europe autour de cette religion pratiquée au Bénin, Ghana, Nigéria et au Togo en Afrique de l’Ouest, en Haïti et au Brésil. L’orthographe de ce mot varie d’ailleurs, vaudou ou vodou. La graphie vaudou renverrait aux cultes haïtiens et Vodou à l’origine de cette religion ouest-africaine.

La Ville aux églises médiévales, Utrecht est situé est au centre des Pays Bas. Il est la 4e ville après Amsterdam, La Haye et Rotterdam. C’est cette ville que l’organisation a choisie pour son Cafe Voodoo. A Molen De Strer, à une dizaine de minutes de marche de la Gare d’Utrecht, une cinquantaine de personnes était réuni autour du directeur du Cafe Voodoo To Go. Composition hétéroclite de la soirée : Repas, musique, exposés - débats. Une cuisine exquise togolaise composée de « Koliko » et d’ « amanda » (frites d’igname et de banane plantain), du riz, haricot vert, pinon (sorte de pate de gari préparée dans une sauce tomate), du poulet frit et surtout lanmoumou dessi (sauce de poissons) a été proposée aux participants composés de photographes, journalistes, universitaires, musiciens et des passionnés de l’Afrique. La finesse des mets aurait à elle seule justifié le déplacement ?

Pour le directeur du futur Festival Voodoo Ekue Léopold Messan-Ativodou qui dirigeait la soirée, l’idée première est de lever toute ambiguïté autour de la notion Vodou et de lancer la première édition du Voodoo Festival. Elle aura lieu en août 2014 dans une Eglise à Utrecht et réunira des chercheurs, des musiciens, des hommes de théâtre et des journalistes d’Europe, d’Afrique et d’Amérique. Voodoo Festival mettra en avant la philosophie, les arts et culture auxquels renvoie le concept Vodou.

Du Musée Vodou aux arts vodou

Durant la soirée du 26 octobre 2013 à Utrecht, Léopold Ekué a fait appel au chercheur Surinamien Kwasi Koorndijk qui a ouvert le débat sur la question d’influence historique du Vodou dans la Bible qui, selon lui, s’en inspirerait (titre de l’intervention : « Winti in the daily life of Afro-Surinam people »).

Ce fut le tour de l’ethnologue et directeur du Musée Vodou de Strasbourg, Bernard Müller, de prendre la parole pour présenter ce nouveau musée qui ouvrira ses portes le 28 novembre 2013. Son intervention a suscité une vive discussion sur la question de la légitimité d’un tel musée en Alsace plutôt qu’au Togo ou au Bénin, initiative d’Européenne alors que - selon certains - ce sont les Africains qui devraient en avoir la charge. En réponse à ces remarques, Bernard Müller rappelle qu’il envisage le musée comme une « zone de contact » (cf. James Clifford), c’est-à-dire comme un espace de discussion, décloisonné et interculturel, permettant l’invention du musée de demain, dépassant les rapports de forces d’hier pour inscrire l’objet muséal dans une perspective nouvelle, cette démarche ne peut bien entendu se faire sans les personnes concernées. La soirée s’est close par un autre orateur le journaliste Leendert van der Valk a instruit l’auditoire en retraçant depuis l’Amérique du nord vers l’Afrique le parcours des musiques vodous.

L’ambiance a été entretenue par le Groupe Défi Djembé de Koko Lawson. C’est un groupe composé de six Togolais et Béninois de France, de Belgique et des Pays-Bas. Des chansons du terroir qu’accompagnait une bonne orchestration musicale ont convaincu le public présent à la soirée. On retrouve dans ce groupe le batteur de King Mensah, JB Gbadoé et la saxophoniste française d’origine togolaise Nathalie Ahadji. Ils ont exécuté 5 morceaux et ont fait vibrer le public sur une danse du masque Guèlèdè.

La soirée a duré 4h, dans une ambiance empreinte de bonheur et de gaité. La collecte des fonds a démarré ce samedi 26 octobre, des sociétés se positionnent pour le futur Voodoo Festival.

Gaëtan Noussouglo ©Togocultures

Cinq Questions à Léopold Ekué Messan-Ativodou du Voodoo Festival aux Pays-Bas

A Paris en France, puis à Utrecht aux Pays-Bas, l’équipe de Togocultures a rencontré Ekué Léopold Messan-Ativodou. Il cherche des partenariats pour son Voodoo Festival qui se tiendra en été 2014 à Utrecht. Ce grand jeune homme ouvert d’esprit et dynamique a le contact très facile. Il est conscient qu’il chemine sur un terrain très glissant. Il connaît les dangers et les malentendus que le Vodou peut engendrer. Il affûte ses armes culturelles et intellectuelles pour relever son défi, avec le soutien inconditionnel de sa compagne hollandaise Josefien De Kwaadsteniet. www.togocultures.com l’a rencontré au Voodoo Café et lui a posé quelques questions.

Togocultures : Léopold Ekué Messan-Ativodou pourriez-vous vous présenter brièvement aux lecteurs de Togocultures ?

Léopold Ekué Messan-Ativodou : Mon nom est Ekue Léopold MESSAN-ATIVODOU et au titre de prince héritier du Royaume Guin d’Aklakou, j’ai été associé dès mon plus jeune âge à la gestion des affaires de la communauté. De là, j’ai appris l’importance de la protection du patrimoine immatériel, du respect de nos valeurs traditionnelles et le grand intérêt du culte vodou dans la vie de notre communauté. Ces différentes expériences m’ont permis de devenir aujourd’hui une sorte d’activiste culturel.

Togocultures : D’où vient votre idée de Voodoo Festival ?

Léopold Ekué Messan-Ativodou : Depuis 13 ans j’avais immigré du Togo pour les Pays-Bas, où j’ai étudié l’économie et en même temps je travaillais comme Sales Assistant dans une société d’exportation de produits laitiers. Je n’ai jamais renoncé à mes racines. Par la force des choses, j’ai été amené à assister un professeur anthropologue pour des présentations sur la culture africaine aux étudiants en anthropologie culturelle. Pendant ces exposés et surtout en parlant de nos traditions ancestrales, de nos sociétés initiatiques, nous nous sommes rendu compte que l’Afrique regorge de patrimoines à conserver. L’idée de créer Voodoo Festival est née de ces expériences. Pendant ce Festival, les valeurs artistiques, et culturelles du vodou seront mises en valeur : musique, danse, conférences-débats, expositions, ateliers, etc. Cela nous permettra évidemment d’expliquer plus facilement ce que c’est que la religion vodou et ses différents cultes.

Togocultures : Où et quand aura lieu le festival ?

Léopold Ekué Messan-Ativodou : Ce festival aura lieu pour la première fois au mois d’aout 2014 au Julianapark à Utrecht aux Pays-Bas. La précision de la date sera communiquée dès que les moyens nous le permettront.

Togocultures : Quelle est la ligne directrice du Festival ?

Léopold Ekué Messan-Ativodou : La ligne directrice de notre festival est de faire la lumière sur le Vodou et de provoquer le débat dans la société occidentale. Ce faisant, nous pourrions être amenés à balayer les clichés véhiculés dans les films d’Hollywood. Ce festival identitaire rapprochera certainement les peuples. Ce qui est typique dans notre programmation est que tous les artistes invités doivent avoir directement ou indirectement un lien avec le Vodou. Qu’ils soient pratiquants ou non. Ils doivent tirer leurs inspirations de ces cultes des ancêtres, de ses rythmes et chants. Voodoo Festival sera également un moyen de promouvoir des artistes de la côte de l’esclavage qui font de la musique et qui ne sont pas connus en occident.

Togocultures : Quels sont les artistes et autres conférenciers attendus.

Léopold Ekué Messan-Ativodou : Plusieurs artistes de la diaspora africaine sont attendus : Cuba, Brésil, Haïti, Togo, Benin, un groupe français qui fait de l’Afrobeat et deux autres groupes des Pays-Bas. Les noms vous seront communiqués au moins quatre mois avant le début du Festival. Pour les conférenciers nous travaillons avec des universités hollandaises, des écrivains qui ont tiré leurs inspirations du vodou et des documentaristes. Nous travaillons pour un partenariat aussi avec le Musée Vodou qui ouvre ses portes à la fin novembre dans la ville de Strasbourg en France et surtout avec le Festival des Divinités Noires de Tété Wilson à Aného au Togo.

Interview réalisée par Gaëtan Noussouglo ©Togocultures

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