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Les Togolais veulent un discours alternatif
Publié le mardi 19 novembre 2013  |  afriquinfos.com




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LOME – Directrice de Publication du « Consommateur Averti» et Chargée de Programme « Communication et Droits Humains » à l’APED (Association des Praticiens de l'Education au Développement née en avril 2003), Vicentia Djigbodi Adjima, fait le tour des énormes défis à relever dans le domaine de l’éducation citoyenne au Togo, après les législatives du 25 juillet 2013.

Quelle lecture faites-vous des résultats des dernières élections législatives, d’une manière générale ?

Les résultats des dernières élections ont une fois encore confirmé la bipolarisation de la vie politique au Togo. Deux tendances, deux blocs politiques, le parti au pouvoir et l’opposition, le CST et UNIR, se sont démarqués du lot. Nous estimons que les acteurs politiques devraient en tirer un bon parti pour se réorganiser, les partis satellites, les partis charnière se ranger sur l’un ou l’autre pour faire avancer le débat.

Durant plusieurs mois avant ces législatives, vous n’avez eu de cesse d’interpeler les Togolais sur le retour à une conscience citoyenne dans leurs faits et gestes de tous les jours.

Sur la base des scores obtenus par les uns et les autres, et du taux de participation à ce scrutin, quel bilan dressez-vous de vos sensibilisations via les médias?

Nous nous réjouissons de la manière dont le processus électoral s’est déroulé. Notre campagne médiatique a porté des fruits. Notre message portait essentiellement sur la participation des populations au processus de l’enrôlement sur la liste électorale, au vote ; il s’agit d’un appel à l’action citoyenne.

Les élections sont un des moyens constitutionnels pour le citoyen de participer à la gestion de la chose publique. Pendant que les acteurs politiques discutent des conditions de l’organisation du scrutin, nous OSC (Société civile) nous faisions cette sensibilisation. Aujourd’hui, nous pouvons dire que sur ce plan, nous avons gagné le pari.

Vous appelez les nouveaux députés togolais à ouvrir dans leurs circonscriptions électorales des permanences pour être plus proches des populations qui les ont élus! La législature sortante a été marquée par zéro proposition de loi provenant aussi bien des parlementaires du parti au pouvoir comme ceux de l’Opposition. Votre cri du cœur (appel) n’est-il pas dans un tel contexte un prêche dans le désert, même si ce désert est fait de nouvelles têtes?

Un travail en amont a été fait pour que ce message atteigne les nouveaux élus du peuple. Mais ce n’est pas suffisant, la répétition n’est-elle pas l’art de la pédagogie ? Nous allons continuer et réitérer cet appel pour que les nouveaux entrants au Parlement se mettent dans cette dynamique de la proximité avec les populations.

Faire autrement les choses pour voir les choses changer. Si vous continuez de faire ce que vous avez toujours fait, vous obtiendrez toujours ce que vous avez toujours obtenu! APED-TOGO s’inscrit dans la culture de l’excellence et son souhait est que tous les Togolais, en commençant par les députés (représentants du peuple), aussi s’inscrivent dans ce schéma. La Nation s’en sortirait gagnante.

Brandie avant le scrutin du 25 juillet 2013 comme ce qui sera une avancée dans l’actuelle législature, la parité hommes-femmes n’est pas pour l’heure une réalité au Parlement togolais. Qu’est-ce qui explique cette donne, et plus généralement la faible représentativité des femmes dans le microcosme politique local, alors qu’elle sont estimées à 52% de la population togolaise ?

Les femmes sont une fois encore moins représentées dans la nouvelle législature. Et c’est un fait qui ne nous a pas surpris personnellement. Avant le scrutin, notre analyse de la représentativité des femmes au sein des équipes dirigeantes des partis politiques et leur positionnement sur les listes électorales auguraient ce mauvais score que les candidates ont obtenu, alors que les femmes représentent 51% de la population.

C’est un paradoxe social. La parité homme-femme devrait faire l’objet d’une Politique nationale du genre. C’est une question d’équité et de justice sociale et non un opportunisme, une décision propagandiste et électoraliste.

Les législatives de 2013 ont été marquées par un grand début de désamour des Togolais vis-à-vis du débat politique voire électoral. Comment doit-on remédier urgemment à ce mal grandissant au regard du taux de participation à la présidentielle de 2010 ?

Les Togolais veulent un discours alternatif, un nouveau son de cloche qui mettent les choses à l’endroit. Il semble qu’ils sont las d’entendre depuis deux décennies les mêmes litanies. Bon nombre d’entre eux sont désillusionnés par les politiques qui n’ont pas jusqu’alors trouvé la bonne formule pour le problème togolais. D’un côté comme de l’autre, on a l’impression que pouvoir et Opposition manquent d’inspiration.

Personne n’a jusqu’alors réussi à se mettre en phase avec les aspirations des populations. Il est nécessaire que les acteurs politiques prennent la mesure de la situation pour innover. Et pour la Plateforme des OSC, l’innovation, c’est faire en sorte que le débat politique quitte le sommet pour la base, l’aboutissement du processus de la décentralisation à travers l’organisation des élections locales.

Le régime démocratique décentralisé est une option constitutionnelle. Le débat et la vie politiques ne seraient plus animés à la tête, mais ce débat intéresserait les populations puisque c’est d’elles qu’il s’agit. Le débat serait celui du développement local, de la participation et de la responsabilisation citoyennes.

Le Togo est l’un des rares Etats francophones dans lequel l’application de la décentralisation a accusé un immense retard. Depuis 26 ans, la République togolaise n’a pas organisé d’élections locales. Peut-on sincèrement combattre l’incivisme dans un Etat dans lequel les élections locales sont reportées sans cesse aux calendes grecques ?

J’allais en venir! Une des causes de l’incivisme dans nos rues, des crises politiques à répétition, c’est la gouvernance jacobine, la gouvernance centralisée qui ne favorise pas la participation du citoyen à la gestion de la cité et la valorisation du potentiel humain.

Puisque tout le monde est préoccupé par l’incivisme grandissant dans la société togolaise, alors autant commencer par faire ce qu’il faut faire, créer l’espace d’éclosion et d’expression des talents, rendre la décentralisation effective par les élections locales.

Est-il aisé de lutter contre l’incivisme dans un Etat dans lequel « une minorité s’accapare les richesses nationales au détriment de la majorité » ?

L’accaparement des richesses nationales par une minorité a été plusieurs fois dénoncé par le Chef de l’Etat. C’est dire que c’est un problème national qui interpelle les plus hauts responsables du pays. La répartition équitable des ressources du pays, la gestion saine de la chose publique apporteraient une réponse à cette situation où la majorité, se sentant lésée, exprime son mal être en posant des actes inciviques.

Que devient la Plate-forme des OSC togolaises que vous avez contribué à porter sur les fonts baptismaux ? Quelles sont les actions majeures à mettre à l’actif de cette Plate-forme ?

La « Plateforme Citoyenne pour les élections locales et l’enracinement de la démocratie à la base » est une initiative mise en place par des OSC pour corriger une situation : la non-effectivité de la décentralisation.

Notre objectif est d’amener le gouvernement à organiser les élections locales. Et tant que cet objectif n’est pas atteint, la Plateforme poursuit ses actions pour que la décentralisation devienne une réalité au Togo. Les actions majeures à l’actif de cette Plateforme sont de deux ordres : la mobilisation des acteurs de la société civile (ONGs et Médias) à cette cause et l’intérêt du public et des décideurs sur les enjeux de la décentralisation au Togo.

Quels sont les chantiers urgents et nécessaires que l’exécutif togolais (gouvernement et Présidence) doit ouvrir en matière de rééducation/éducation à la citoyenneté au Togo ?

Le gouvernement togolais est en train d’élaborer une « Politique nationale d’éducation citoyenne ». Le document d’avant-projet de cette Politique a fait tout récemment l’objet d’un atelier.

Notre souhait est que ce document soit finalisé, validé, et adopté pour qu’il soit mis en œuvre. L’éducation citoyenne doit être promue dans tous les secteurs de l’éducation et dans tous les domaines de la vie publique.

Le Togo est un pays essentiellement jeune. En parlant toujours de cette urgence, quelles parts d’actions doit-on consacrer à la jeunesse, dans le cadre de cette rééducation ?

Les jeunes constitueraient le premier champ d’application de cette Politique. C’est la cible à privilégier dans ce travail d’éducation et de formation citoyennes. Transmettre des valeurs aux enfants, aux jeunes devrait être une priorité des éducateurs de tous ordres ; la jeunesse n’est-elle pas la relève de demain ?

Interview réalisée par Edem Gadegbeku

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