Togo - La cinquantaine révolue, Sokey Édorh et Mèdjèva Ayéva font partie des artistes plasticiens qui comptent dans le panorama de l’art plastique togolais. À la veille de l’exposition qu’ils animeront en compagnie de jeunes artistes plasticiens du septentrion - généralement abandonnés à eux-mêmes -, ils ont bien voulu répondre aux questions de la rédaction du Service Presse & Communication de Togo Culture Plus.
Question : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs
Sokey Édorh : Je suis Sokey Édorh, né en 1955 à Tsévié, et artiste plasticien depuis des années. Mais j’ai fait des études de philosophie à l’Université du Benin à Lomé de 1984 à 1986. Puis de 1989 à 1990, j’ai fréquenté l’école des Beaux-Arts de Bordeaux en France. Entre temps, déjà en 1988, j’avais été choisi pour représenter le Togo à l’exposition « Bordeaux Porte de l’Afrique ». J’ai remporté plusieurs prix lors de différentes
expositions en Afrique et dans le monde.
Question : Comment et depuis quand pratiquez-vous votre art ?
Sokey Édorh : Pratiquement depuis que j’ai su distinguer les choses entourant le quotidien de mon enfance. Pour le reste en plus de mon talent naturel, j’y ai ajouté ma formation académique et mon expérience.
Sokey Édorh : Je citerai de mémoire : Mèdjèva Ayéva , Assou Kossi, Cham Eric, Amouzou Glikpa, El Loko, William Wilson, Afi Nayo, Azankpo, feu Paul Ahyi, etc... Et la nouvelle génération montante
Question: Vous voulez dire que chaque artiste peintre se débrouille. D’où tirez-vous la force de créer ?
Sokey Édorh : Il faut se donner les moyens d’exister et de créer puis de s’imposer sur la scène nationale et internationale de l’art. Pour y arriver, je me suis exilé à 100 kilomètres de Lomé en allant à Kpalimé, aux pieds du mont Agou. J’ai très tôt compris que les vacarmes et la pollution de la capitale Lomé ne sont pas féconds pour la création. J’ai donc installé mon atelier de résidence dans ces lieux où je puise l’inspiration. Faites en un tour et vous y serez accueillis par mes créations et bien sûr par la fraîcheur et l’air pur de la montagne.
Question : L’État togolais vous encourage-t-il ? Si oui, pouvez-vous nous dire en quoi ce soutien consiste-t-il ? Si non, que devrait-il faire pour vous soutenir et susciter d’autres vocations ?
Sokey Édorh : L’État ne fait pas grand-chose pour l’art dans notre pays. Mais depuis quelques temps, on commence à noter des gestes symboliques.
Tandis qu’au Benin voisin par exemple, le Président attribuerait deux milliards de francs Cfa aux artistes plasticiens, (peintres et sculpteurs), au Togo, le gouvernement crée un fonds de soutien à la Culture doté de 175 millions de francs Cfa. 175 millions pour tous les artistes confondus : musiciens, plasticiens et autres sur présentation de projets en plus !,
Au Togo, on note une hésitation dans la volonté du pouvoir de promouvoir réellement la culture.
Question : Quelle est, selon vous, la place de l’art plastique togolais en Afrique et dans le monde ?
Sokey Édorh : Il y a des créations d’artistes togolais exposées dans les musées les plus prestigieux de la planète. C’est dire que les artistes togolais parviennent par la pluralité et la richesse de leurs œuvres à s’afficher aux côtés des artistes plasticiens de renom. L’art plastique togolais aurait pu être mieux placé et mieux connu si en plus du talent et des efforts des artistes, l’État les avait soutenus par un travail de promotion.
Question : Vous exposerez au cours du festival FESTÉKPÉ les 06, 07 et 08 décembre 2013 à Sokodé. Croyez-vous qu’il y a un sens à votre démarche ? en d’autres termes, qu’est-ce que l’art dans un pays qui a faim ? A quel public vous attendez vous ?
Sokey Édorh : Notre art doit être popularisé. Il ne doit pas seulement être réservé à des connaisseurs, à des touristes. Puisque l’État ne fait presque rien pour faire connaître ses artistes et susciter des motivations, il nous appartient, à nous artistes, de le faire. Nous devons offrir aux populations de l’intérieur la possibilité de découvrir ces artistes et aux jeunes ainsi qu’aux élèves d’avoir une source de motivation.
Chez nous on n’a pas faim que de pain, mais aussi de culture. Nous devons donc nous battre
Question : Votre mot de fin
Sokey Édorh : je vous remercie de m’avoir donné cette occasion pour parler de mon art. Je remercie Togo Culture Plus de nous offrir l’occasion d’exposer à l’interieur du pays pratiquement une première
Entretien réalisé par le service presse et communication de Togo-Culture Plus