Jamais dans les annales du droit et dans l’histoire de la justice même des pays réputés despotiques, une décision n’a été rendue sans que l’on ne s’appuie sur un texte de loi, sur une béquille juridique. Pour la première fois donc et au mépris de tout, Abdoulaye Yaya, le président de la chambre judiciaire de la cour suprême et ses collègues, viennent de rendre une décision historique et plutôt hallucinante.Ils ont rendu un arrêt ce jour, dans le dossier Bodjona qui rejette tous les moyens de droits soulevés par les avocats et ce sans se fonder sur un seul texte de loi. Abdoulaye Yaya, ce juge qui avait été radié de la liste des magistrats du Togo pour cause de corruption, et qui a été ramené dans le circuit par des démarches politiques, vient donc de ravaler tout ce qu’il avait vomis, le 17 octobre dernier à travers un rapport exemplaire, illustré par des références du code de procédure pénale.Oui, c’est Abdoulaye Yaya, le président de la chambre judiciaire qui s’était chargé de dresser le rapport sur le pourvoi interjeté par les avocats du ministre Bodjona contre l’arrêt rendu le 24 janvier par la chambre d’accusation tendant à annuler son audition sous la foi scellée et sacrée du serment.Et il l’avait bien fait, vraiment bien fait.Il avait appuyé son rapport de plusieurs articles du code de procédure pénale et a même qualifié l’acte posé par cette chambre « d’errements juridiques » ou même de « turpitude » par endroit.Mieux, il a été suivi dans ce rapport par le parquet général qui, dans ses réquisitions bien écrites, avait adopté trois des quatre moyens soulevés par les conseils du Ministre Bodjona.Sans doute qu’à l’époque tous ces magistrats jouissaient réellement de toutes leurs facultés et étaient animés par un esprit de droiture et de justice.
Mais c’était sans compter avec toute la perversité des fauves qui sont au pouvoir et qui sont prêts à se ridiculiser à l’extrême pour leur survie politique. Ah oui ! Un mois à suffi à Faure Gnassingbé et à ses affidés d’entreprendre une démarche vile et vilaine pour changer du tout au tout. C’est hallucinant et ahurissant ! Depuis des semaines nous faisions état des pressions monstres qui étaient exercées sur tous ces magistrats pour les contraindre à se dédire et à monter un arrêt pour le moins scandaleux.Beaucoup ont tenté de résister mais pas jusqu’au bout. Finalement, l’argent et les menaces ont fini par avoir raison du droit, de la morale et du bon sens dans ce dossier.Oui, il ne reste plus rien du droit au Togo.Célébrons ensemble, à compter de ce jour, le deuil de la justice togolaise comme le dit si bien Maître Kpandé Adjaré, le Président de la ligue togolaise des droits de l’homme et un des conseils du ministre Bodjona. Tout est donc par terre au Togo, et dans la tête de Faure Gnassingbé, tout se résume désormais en sa survie politique après 2015. Quelle obsession !!!Le pouvoir est tellement obsédé par cette question de 2015 qu’il est prêt à frapper droit au cœur de tout ce qui est susceptible à tort ou à raison de lui résister par rapport à cette perspective.Nous sommes donc bien en face des gens aux réactions instinctives, bestiales par nature. Par la force brute, ils narguent tout le peuple et piétinent tout sans vergogne ni retenue.Ainsi donc, la hallucinante décision que vient de rendre la cour suprême ce jour est un boulevard ouvert pour une nouvelle inculpation de l’ancien directeur de cabinet de Faure Gnassingbé, exactement ce que l’on recherchait depuis le premier septembre 2012 où il a été enlevé de son domicile sur instruction directe de celui que tout le monde connait. Mais que de douleurs !!! Que de bassesses !!! Que d’immoralité pour enfin arriver à un résultat aussi vil que vilain juste parce que l’on redoute un honnête citoyen !!!Dans tous les cas, nous sommes convaincus de mener le bon combat, celui d’œuvrer pour l’avènement d’un Etat de droit au Togo.Certes, en l’état actuel des choses, l’on est bien loin de rêver à un changement de mentalité, mais jamais l’on ne saurait baisser les bras.
C’est le moment où jamais de déployer tous les moyens dont l’on dispose pour enfin forcer la matérialisation effective de ce rêve.Le peuple a trop souffert pour mériter encore ces attitudes primaires au sommet de l’Etat.En ce 21 ème, seules la raison, les valeurs, les qualités que manifeste un chef peuvent justifier que l’on le suive ou pas. Toute autre attitude brute ne saurait prospérer surtout dans une République.Il est désormais clair et définitivement établi que le dossier Bodjona est un dossier purement et simplement politique que ne saurait résoudre la justice.Et en tant que tel, il appartient à Pascal Bodjona lui-même de l’assumer comme tel en sa qualité d’homme politique.
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