Le désordre, la négligence, le manque de professionnalisme, la maltraitance des étudiants… rien ne peut décrire la situation dans les universités du Togo. En dépit de manque cruel d’infrastructures didactiques, du refus de délivrer les relevés de notes et toutes les autres cruautés sous le regard complice de de l’Etat togolais, c’est la surcharge dans les bus qu’ont choisie les autorités du campus pour montrer au grand public le grand bazar qui règne au sein du campus universitaire.
« Les sardines », c’est le sobriquet attribué aux étudiants dans les bus universitaires chaque matin et soir pendant leur passage dans les artères de la ville. Pour plus de 50 000 étudiants, moins d’une dizaine de bus avaient été attribués à l’Université de Lomé. Des bus qui n’ont pas pu résister à la maltraitance et à la surcharge. Aujourd’hui, c’est une partie des bus de la Sotral qui est sollicitée.
Des bus de 60 places qui prennent souvent trois à quatre fois au-delà de leur plafond. Un usage abusif auquel les bus n’ont pu résister.
Aujourd’hui, une partie des bus de la Sotral est mobilisé pour pallier au déficit des bus de transport à l’Université de Lomé. Notons que le ticket de transport est de 100F cfa, un quota qui peut largement contribuer à la gestion des bus et même au renouvellement des équipements de transport. Et pourtant…
La surcharge en milieu universitaire ; n’est-ce pas un mauvais exemple pour la relève de demain ? En effet, cette attitude a plusieurs conséquences directes ou indirectes tant sur la santé que sur la psychologie des étudiants.
Plusieurs personnes ont fait des crises d’asphyxie au cours des transports. Les étudiants ont rapporté avoir fait l’objet de harcèlement dans les bus, puisque trop serrés entre filles et garçons, certains individus malintentionnés n’ont pu s’empêcher de profiter (saisir ou caresser) de leurs camarades.
Faute de moyens, les étudiants sont obligés de "faire avec" ce calvaire. "Quand on doit dépenser 2 000F cfa au quotidien, rien que pour le transport alors qu’on n’a aucun soutien, on est obligé de se contenter de ces bus", nous a confié Iréné en 2ème année en Gestion des ressources humaines à l’université de Lomé.
« Être étudiant dans les universités publiques du Togo, je ne le souhaiterai même pas à mon ennemie », a déclaré Cinna hier soir à 19 heures alors qu’elle attendait le bus depuis 16 heures du soir.
Passer des heures à attendre le bus alors qu’on n’a rien mangé depuis le matin, voilà une des multitudes épreuves journalières pour les étudiants. Et quand les bus arrivent, on doit encore combattre l'étouffement et autres désagréments liés à la surcharge dans les bus.
Une fois en ville, comme pour rire de leur malheur, les étudiants attirent l’attention des agents de la police dans la circulation sur l’état de surcharge du bus. Ces derniers constatent l'infraction, mais restent impuissants devant cette réalité.
Bref, dans les universités du Togo, on reçoit les cours théoriques mais pratiquement, les étudiants sont initiés à la mauvaises gestion, au mensonge quand on est à des postes de responsabilités, des abus et violations des droits humains de tout genre et on attend d’eux, des attitudes exemplaires à la fin de leur formation. Paradoxal!
Malgré les conditions robots exigées pour avoir accès aux allocations de survie et aux bourses selon les promesses du gouvernement, les étudiants en règle reçoivent difficilement ces maigres ressources. Le gouvernement a toujours besoin d’une forte pression de la part des étudiants avant de bouger le petit doigt.