Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Togo    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Autre presse N° 001 du

Voir la Titrologie

  Sondage

Le
© aLome.com par Parfait

Grand
© aLome.com par Parfait



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Société

Dossier : La croissance démographique en Afrique, frein ou moteur de croissance économique ?
Publié le jeudi 12 novembre 2015  |  togotopnews


© aLome.com par Parfait
Infrastructures d`accueil du Grand marché de Hédzranawoé, à Lomé.


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Les questions de développement ou de croissance économique sont au cœur des préoccupations de tous les pays du monde surtout ceux en développement. En adoptant en septembre dernier aux Nations Unies, les Objectifs de Développement Durables (ODD) pour les 15 prochaines années, les dirigeants du monde sont conscients du fait que ce sont les jeunes qui sont au cœur de l’avenir de ce développement durable tant souhaité par tous.


Cependant, un regard sur la croissance démographique des pays les moins avancés notamment ceux d’Afrique, en rapport avec les efforts encore largement insuffisants en termes de développement, il y a lieu d’installer un réel débat sur deux principaux faits : les enjeux entre les questions de population et de développement et surtout comment transformer cette croissance démographique en atouts de croissance économique.

« Les jeunes : des chiffres énormes, des défis de taille, des possibilités considérables » : tel est le titre principal du premier chapitre du rapport 2014 du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) sur l’état de la population mondiale. Le rapport poursuit en précisant qu’environ neuf (09) jeunes de 10 à 24 ans sur 10 vivent dans les pays les moins développés. Ce qui illustre clairement l’enjeu entre la population et le développement et la nécessité de trouver des moyens pour mieux exploiter le potentiel des jeunes dans les politiques et programmes de réduction de la pauvreté.

Si dans les pays développés, l’on est arrivé à maîtriser la démographie, ce n’est pas pour le moment le cas dans les pays du Sud. La plus part des pays en développement à l’image du Togo ont une population jeune, ce qui, à en croire les spécialistes, constituent à la fois un défit et des opportunités. Au Togo par exemple, les statistiques nationales indiquent que 60 % de la population a moins de 25 ans avec les adolescents de 10 à 24 ans représentent 31 % de la population, soit deux (02) millions de personnes. De plus, l’Indice Synthétique de Fécondité (ISF) est légèrement supérieur à cinq (05) enfants par femmes avec un taux de grossesses précoces (avant l’âge de 18 ans) qui est de 17, 3 % et un taux de mariage précoce en milieu rural qui est de 36,8 % pour 19,5 % en milieu urbain.

Les défis de la croissance démographique

Dans ce contexte, le constat est que cette extrême jeunesse de la population ne cesse de poser d’énormes défis, d’où la nécessité de renverser cette tendance pour prétendre atteindre les objectifs de développement. En termes de défis, cette catégorie de la population que représentent les jeunes, nécessite d’énormes investissements pour répondre à ses besoins. Dans de nombreux pays, des efforts sont fait que ce soit dans les domaines de l’éducation, de l’amélioration de la santé maternelle et infantile, de la lutte contre le chômage des jeunes et la malnutrition. Au Togo, la mise en œuvre du programme du volontariat national au Togo, du Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) et du Fonds d’Appui aux Initiatives Economiques des Jeunes (FAIEJ) ont permis à de milliers de jeunes d’améliorer leur condition de vie. De plus, les efforts dans le secteur éducatif avec un taux brut de scolarisation qui s’élève à environ 112 % sont louables de même que ceux de la relance du secteur agricole avec la mise en œuvre du PNIASA qui ont permis de lutter considérablement contre la faim et la malnutrition.

Mais malgré ces efforts, les Gouvernements ne parviennent toujours pas à être à la hauteur des attentes bien légitimes de la population. En début octobre 2015, le Rapport de suivi mondial 2015/2016 publié par la Banque mondiale évaluait le nombre actuel de personnes vivant dans une situation de pauvreté extrême en Afrique subsaharienne à 347 millions alors qu’on en recensait 284 millions en 1990. Ce qui va sans dire que le pourcentage d’africains vivants dans la pauvreté diminue mais leur nombre augmente du fait de l’accroissement démographique.

Le Rapport sur la pauvreté en Afrique, publié le 16 octobre 2015 par le Groupe de la Banque mondiale, constate que dans de nombreux pays, les taux élevés de croissance économique enregistrés au cours de ces vingt dernières années ont fortement contribué certes, à réduire la pauvreté et à améliorer les conditions de vie de la population dans les domaines de la santé et de l’éducation. Mais cette étude exhaustive souligne toutefois que le continent compte davantage de personnes dans une situation de pauvreté extrême du fait de la croissance démographique galopante dans de nombreux pays.

Le rapport (2007) sur le profil de la pauvreté et de la vulnérabilité au Togo élaboré sous la direction d’Abdou Abdallah, dans le cadre d’une mission d’appui à l’analyse de la pauvreté dans le pays, indique que « les caractéristiques socio démographiques du ménage agissent dans le même sens tant sur le statut de pauvreté monétaire que celui de la vulnérabilité à la pauvreté ». « La taille du ménage, (ndlr) est sans doute la variable qui contribue le plus à la pauvreté et à la vulnérabilité du ménage (…) ; Le niveau d’éducation du chef de ménage agit sur le statut de pauvreté et de vulnérabilité des personnes », poursuit le rapport.

C’est donc dire que pour une véritable lutte contre la pauvreté, il va falloir trouver une solution à la gestion de la fécondité afin de dégager une structure par âge de la population favorable à un développement durable.

Le dividende démographique et son importance

De l’avis des experts en questions de démographie et de développement, il y a un avantage à tirer de cette dynamique de la population. Ceci, à une seule condition : réaliser d’importants investissements stratégiques à l’endroit des jeunes. Ce qui permettra d’accélérer le dividende démographique.

Le dividende démographique est l’accélération de la croissance économique qui peut résulter d’une évolution de la structure par âge de la population, accompagnée d’investissements stratégiques dans la santé, l’éducation, la politique économique et la gouvernance. A en croire les spécialistes, le point de départ est la structure par âge de la population et le nombre d’enfant à charge par rapport à la population plus âgée en âge de travailler. Ce qu’il faut comprendre est que la diminution du nombre de naissance annuel s’accompagne de la diminution de la jeune population dépendante par rapport à la population en âge de travailler. Le fondement du dividende démographique traduit le fait que quand le nombre de travailleurs augmente et que le nombre de jeunes dépendants diminue, un pays dispose d’opportunités qui favorisent l’accélération de la croissance économique.

Les clés de l’exploitation du dividende démographique

Pour réaliser le dividende démographique, trois investissements clés sont nécessaires : D’abord l’amélioration de la survie des enfants car dans de nombreux pays africains, plus d’un enfant sur 10 décèdent avant leur cinquième anniversaire. L’amélioration des services de santé infantile permet à beaucoup d’enfants de survivre, ce qui peut amener les populations à avoir des familles moins nombreuses. Deuxièmement, l’espacement des naissances et la prévention des grossesses non désirées. L’accroissement des investissements dans les politiques de planification familiale permettra d’éviter les grossesses non désirées et d’entrainer la diminution du nombre de naissance par femme.

Et enfin troisièmement, l’amélioration de l’éducation des filles. Quand les filles sont scolarisées surtout au niveau du secondaire, elles sont susceptibles de retarder l’âge du mariage, les grossesses précoces, et d’avoir plus tard, une famille en meilleure santé. Les Gouvernements sont très encouragés dans ce sens à élargir l’accès à l’éducation avec des systèmes éducatifs adaptés aux besoins en main d’œuvre d’une économie en expansion. Pour le moment en Afrique de l’ouest selon les statistiques, seulement 27 % des filles et 37 % des garçons en âge d’être scolarisés dans le secondaire sont inscrit à l’école.

Il faut cependant noter que ces investissements dans la santé et l’éducation ne seront bénéfiques que s’ils sont accompagnés d’une politique économique favorable à la création d’emploi pour une meilleure exploitation du potentiel des jeunes. Avec moins d’enfants et des niveaux plus élevés d’éducation, davantage de femmes auront par exemple des emplois rémunérés et de meilleures compétences. Les Gouvernements sont ainsi encouragés par les institutions internationales à modifier les priorités économiques dans les secteurs qui peuvent absorber les jeunes d’aujourd’hui notamment la production, les services et la technologie.

Par ailleurs, les politiques économiques saines permettent de promouvoir le libre-échange et l’ouverture des marchés, d’attirer les investissements et d’aider à la croissance du secteur privé. Les bonnes pratiques en matière de gouvernance, y compris l’état de droit, la stabilité et la sécurité, l’efficacité et la reddition de compte ainsi que des institutions fortes et transparentes, sont des éléments essentiels pour exploiter le dividende démographique.

En définitive l’émergence économique que les pays africains appellent de tous les vœux ne pourra se réaliser que si les dirigeants des pays installent progressivement une modification qualitative de la structure par âge des populations par des investissements stratégiques simultanés dans les domaines sus mentionnés afin de permettre à ce que la dynamique de la population puisse être un réel facteur de croissance économique.

Au Togo, le concept du dividende démographique semble être très vite perçu si l’on jette un regard sur les nombreux programmes d’amélioration du climat des affaires, de la promotion du secteur privé, d’incitation à l’entreprenariat, au volontariat et au renforcement des travaux à haute intensité de main d’œuvre. Malgré tout, de nombreux défis restent encore à relever pour améliorer la santé maternelle et réduire davantage la mortalité néonatale et infanto juvénile.

Vivement que les efforts se poursuivent pour l’atteinte des objectifs de développement durable pour le bien de tous.

David Soklou

 Commentaires