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Vie chère, insécurité grandissante, tirs à bout portant sur les populations par des militaires… bienvenu dans le « Mandat social » de Faure Gnassingbé
Publié le vendredi 13 novembre 2015  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait
Le Chef de l’Etat Faure GNASSINGBE a assisté á la grande prière de Ramadan sur le terrain de Kégué.


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Vous avez dit « mandat social » ? Alors bienvenu au Togo sous Faure Gnassingbé. Ici, le mandat est effectivement social, à la différence que c’est à la togolaise. Et tout le monde peut comprendre ce qu’est un « mandat social » du Prince dans un contexte dans lequel ce dernier sait pertinemment que les Togolais, fatigués de son régime, n’ont pas voté pour lui. La triste scène offerte par le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Taffa Tabiou, le 28 avril 2015 en direct sur la télévision nationale en dit long. N’est-ce qu’il faut le laisser faire son mandat social pour le malheur, pardon, pour le bonheur des Togolais ? Pour cela, il faut s’offrir en spectacle aux yeux du monde entier. L’acteur principal, Taffa Tabiou a si bien joué son rôle.


Le mandat est social, c’est pourquoi depuis la proclamation de Faure Gnassingbé comme vainqueur de cette élection par Taffa Tabiou, la misère des Togolais s’est plus accentuée avec la flambée des prix des produits de première nécessité sur le marché. Un peu partout dans le pays, c’est le cri de détresse, tant chez les travailleurs que chez les commerçants au marché. Le prix du principal produit alimentaire de base, le maïs, ne cesse de grimper. Pendant ce temps, l’Agence nationale de la sécurité alimentaire au Togo (Ansat) que dirige le Colonel Ouro-Koura Agadazi, poste qu’il cumule avec son titre de ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Hydraulique villageoise, se préoccupe de ravitailler d’abord les pays voisins.

Le stock de céréales déversé sur le marché n’a en aucun cas effet. Dans les marchés, revendeuses et clients se tiennent la tête. Certains n’hésitent pas (surtout ceux qui en ont l’occasion) à crier leur ras-le-bol sur les médias et interpeller les autorités, surtout celles qui ont promis un mandat social au peuple. Mais les cris, les alertes et les interpellations semblent tomber dans des oreilles de sourd. D’ailleurs, le « promoteur du mandat social » est rarement trouvable sur le territoire. On a l’impression qu’il est loin des réalités du pays qu’il dirige depuis plus de 10 ans. C’est en tout cas ce que ça donne quand on préfère rester plus dans les airs que sur terre, auprès de ses gouvernés.

Point n’est besoin de dire aujourd’hui que le panier de la ménagère est vide. Cependant, on se permet chaque jour de lancer des projets dits de lutte contre la pauvreté. Ces millions débloqués par les partenaires en développement ne servent qu’à couvrir la java de certaines personnes hautement placées. Les populations au nom desquelles on reçoit ces fonds continuent de tirer le diable par la queue.

Il y a mandat social ici, c’est pourquoi l’Office togolais des recettes (Otr) peut traquer les opérateurs économiques qui, lassés, finissent par fermer les portes de leurs entreprises. Le redressement fiscal et autres impôts auxquels sont soumis ces opérateurs pénalisent indirectement les populations, obligées de constater chaque jour l’augmentation des prix des produits sur le marché. Les opérateurs économiques se disent fatigués des méthodes de l’Otr. Au Port autonome de Lomé, ce sont les transitaires et alliés qui voient leurs pains tomber de la bouche.

« Nous allons quitter ce pays pour aller nous installer au Ghana ou au Bénin là où les conditions sont plus souples », « C’est quel pays ça ? ». Ce sont là, les propos de quelques transitaires. Propos recueillis la semaine dernière lors d’une réunion initiée par l’Office togolais des recettes, le Port autonome de Lomé (PAL) et la Société d’exploitation du guichet unique pour le commerce extérieur (SEGUCE) à la Chambre de commerce et d’industrie du Togo (CCIT). Un de nos interlocuteurs (transitaire) nous avait même proposé : « Si vous voulez, je vais vous amener faire un tour au port. Les navires n’accostent plus comme avant. Ils quittent notre port pour celui du Bénin et du Ghana ».

Le mandat social est effectif au Togo, c’est pourquoi les populations sont à la merci des gangs organisés qui, de jour comme de nuit, peuvent tuer, mutiler, voler, violer et narguer les paisibles populations qui sont déjà prises en otage par la faim. Même les hommes en uniforme passent sous la machette de ces brigands. Le problème d’insécurité est très préoccupant aujourd’hui au Togo, surtout à Lomé où chaque jour qui passe, on signale des braquages ici et là. La délicatesse de la situation fait que les populations ont le sentiment de ne plus être protégées.

Les forces de l’ordre préfèrent s’éloigner des zones susceptibles d’être des nids de ces malfrats qui sèment la terreur dans le pays. C’est seulement vendredi dernier que le Premier ministre, sur instructions de Faure Gnassingbé, dit-on, a eu une réunion avec les corps chargés de la sécurité de la population. Ceci, après l’assassinat de plusieurs personnes par ces individus sans foi ni loi et la vindicte populaire érigée en système par la population, obligée de se faire justice devant cette démission des autorités.

Et le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Yark Damehame de dire, sans sourciller, que ce sont des prisonniers qui ont été relâchés ces derniers temps qui seraient à l’origine de ces actes barbares. Ces prisonniers qui ont commis ces mêmes actes qui les ont conduits en prison, récidivent donc après avoir purgé leurs peines, selon le Colonel. Ce qui amène des observateurs à dire que ce sont les autorités elles-mêmes qui relâchent ces « hors-la-loi » aux trousses des paisibles populations.

Le Togo est sous mandat social, c’est pourquoi il faut tuer les hommes pour donner leur place aux animaux. Et quand les hommes décident de ne pas se laisser faire, la solution est de tirer sur eux à bout portant, de les écraser avec des blindés quand ils se réunissent pour manifester. Mango est devenue aujourd’hui un cas d’école de ce type de mandat social. A peine ce mandat commence, on ne cesse de dénombrer des gens affamés par la vie chère, des jeunes revendeurs de carburant illicite traqués jusqu’à leur dernier retranchement et jetés en prison, des personnes mortes, assassinées par les malfrats, des morts sous les balles des forces de l’ordre censées protéger les populations, etc. Que ne dira-t-on pas concernant ce mandat ?

On se rappelle encore Faure Gnassingbé devant les populations lors de la campagne électorale en avril dernier. Ces populations qui, malgré tout, ont cru à un moment donné en cette promesse. Aujourd’hui, personne ne semble se gêner pour elles. On nous dira peut-être que c’est ça le mandat social. Pas étonnant. Dans tous les cas, ici, c’est Togo.

Kokou Mitimi (L’ALTERNATIVE)

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