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Liberté N° 2069 du 12/11/2015

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Togo: 5,5 milliards de FCFA pour la Sécurité maritime et zéro franc pour les hopitaux
Publié le vendredi 13 novembre 2015  |  Liberté


© AFP par JEWEL SAMAD
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Après la première phase du boucan, la question de l’organisation du sommet sur la sécurité maritime revient au devant de la scène et les préparatifs ont repris. On en sait un peu plus sur la facture que devra coûter la tenue de cette rencontre au contribuable togolais. C’est une bonne demi-dizaine de milliards de FCFA qui seront investis dans ce machin truc par l’Etat togolais. Et pourtant les centres de santé manquent de matériels et les gouvernants évoquent l’argument d’absence de fonds pour ne pas les équiper !

Le sommet coûtera 5,5 milliards, le coût supporté par le Togo

Vendredi 6 novembre dernier, pendant que les populations de Mango étaient tuées par la soldatesque du pouvoir pour la cause des animaux, les députés étaient en séance plénière à l’Assemblée nationale. Un point fondamental était à l’ordre du jour, l’étude et l’adoption de la loi de finances rectificative gestion 2015. Plusieurs sujets concernés par cet ajustement ont été évoqués ; et parmi eux, le budget consacré à l’organisation du sommet du siècle sur la sécurité maritime et le développement au Togo prévu vaguement au premier trimestre de l’année prochaine, après le report de la rencontre préalablement prévue en ce mois de novembre. Et comme ministre interpellé pour répondre aux questions des élus du peuple, l’éternel titulaire du ministère de l’Economie, des Finances et de la Planification du Développement, Adji Otèth Ayassor.


Cette séance aura permis de savoir beaucoup de vérités cachées sur cette conférence voulue par Faure Gnassingbé, notamment lorsque le ministre a été appelé, entre autres questions, à s’expliquer sur l’augmentation du budget consacré à son organisation. Concernant justement cet aspect, on a toujours fait croire que c’est l’Union africaine qui assure la facture. En tout cas, c’est sous sa bannière que le sommet est placé – on parle de conférence de l’Union africaine sur la sécurité maritime et le développement à Lomé – et cet argument a été avancé au moment justement où la polémique montait sur le coût de l’organisation et le fait que c’est l’Etat togolais qui devrait le supporter, alors qu’il y a des urgences qui sont laissées de côté. Mais les propos d’Adji Otèth Ayassor ont été suffisamment édifiants.



On retiendra qu’au départ, c’est un budget de 500 millions de FCFA seulement (sic) qui a été prévu par le gouvernement pour l’organisation du sommet. Mais interpellé par un élu du groupe parlementaire ANC, Kpadénou Amoussouvi pour justifier l’augmentation du budget qui fait partie des motivations du collectif budgétaire devant être opéré sur la loi de finances gestion 2015, Ayassor a laissé entendre que le principe au niveau de l’Union africaine est que lorsqu’un pays organise un sommet de ce genre qui ne rentre pas dans le programme d’action de l’institution continentale, il en supporte seul les charges ; raison pour laquelle le Togo est obligé de revoir le budget à la hausse. A lire entre les lignes, la tenue de cette rencontre d’aussi grande ampleur n’était nullement à l’agenda de l’Ua, ce sont les dirigeants de notre pays qui lui ont forcé la main pour organiser ce sommet. On peut dès lors s’interroger sur la légitimité de cette rencontre voulue grandiose par Faure Gnassingbé et pour laquelle on met les petits plats dans les grands. Tout ce sacrifice est donc fait pour redorer son image.



De 500 millions préalablement prévu, le budget final de ce sommet s’établit à 5,5 milliards de FCFA. C’est donc ce pactole que coûtera au contribuable togolais l’organisation au premier trimestre de 2016 de ce sommet qui est loin de ses préoccupations. Et cela, c’est sans prendre en compte les frais connexes, comme par exemple le coût qu’engendrera l’accélération des travaux de rénovation de l’Hôtel 2 Février devant abriter la rencontre, des infrastructures routières, etc. A quelque chose, malheur est bon, dit-on. Il n’y aurait pas eu nécessité de collectif budgétaire que les Togolais ne sauront peut-être jamais l’ardoise que leur coûtera ce sommet.



Les hôpitaux publics pourtant abandonnés pour manque d’argent !



Au niveau du gouvernement, on ne tarit pas d’arguments pour vanter les mérites de l’organisation de ce sommet par le Togo. Il est mis en avant les retombées économiques à tirer par les hôtels, l’image du pays qui serait redorée. La présidente de la Commission des Finances de l’Assemblée, Mme Demba Ayawavi Tignokpa l’a presque confirmé. Mais en réalité, c’est un homme qui cherche à se faire plaisir : Faure Gnassingbé. Et lorsqu’on sait qu’il y a des urgences qui sont laissées de côté par les gouvernants sous l’argument massue du manque d’argent, notamment le besoin d’équipement des hôpitaux publics, on a des raisons d’être estomaqué par ce pactole décaissé pour la cause.



C’est un secret de Polichinelle, le secteur de la santé est sinistré, les centres de soins publics manquent de tout. Le CHU Sylvanus Olympio qui est le centre de référence n’existe que de nom. Le Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo (Synphot) a dépeint la situation au lendemain de l’adoption du budget 2015 pour exposer les difficultés du secteur public de santé. L’ensemble de la chaine logistique souffre d’insuffisances, toutes les structures sanitaires, tous les départements, toutes les spécialités sont sinistrés, a relevé ce syndicat, et de flasher en guise d’illustrations sur des départements comme la réanimation ou les urgences, les services d’aide au diagnostic et les services de soins.



Les médecins parlent, concernant la réanimation, d’un « dénuement extrême », avec l’absence d’appareil de monitoring des malades, d’électrocardiogramme pour explorer la fonction cardiaque, d’oxymètre pour apprécier la saturation en oxygène, d’appareil de dialyse ; les centrales d’oxygène ne fonctionnent pas, les médicaments de première nécessité font défaut. Aux urgences, il n’y a pas de gant pour examiner les blessés, et dans le cas des fractures, on utilise souvent des attelles de fortune confectionnées avec du carton pour contenir les membres fracturés.



Le CHU Sylvanus Olympio ne dispose d’un scanner que de nom. A en croire le Synphot, il n’a fonctionné que durant six mois en 2013, quatre en 2014, et Dieu seul sait s’il a servi une seule fois en 2015. Les appareils d’échographie sont constamment en panne, le laboratoire d’anatomie pathologique dans le dénuement total. Dans certaines unités de soins, il n’y a plus de brancards ni de fauteuils roulants ; en hospitalisation, les matelas sont pouilleux, déchirés et parfois malodorants, les sanitaires dans un état d’insalubrité indescriptible.



En gynécologie, en médecine, en chirurgie, en pédiatrie, rares sont les salles d’hospitalisation comportant des sanitaires. Dans les salles communes, les besoins sont faits dans des seaux en plastique, au milieu des malades et de leurs accompagnants. « Les blocs opératoires sont dans un état déplorable : insalubrité, portes défaillantes permettant l’accès aux mouches et autres insectes jusque dans les salles opératoires, pinces et ciseaux émoussés, lavage chirurgical des mains avec des sachets de « pure water » etc… Opérer un seul malade devient un parcours du combattant (…) En gynécologie, les nouveau-nés et leurs mères vivent dans des conditions d’insalubrité indescriptible. Les femmes sont parfois couchées à même le sol, les murs des salles sont décrépis, couverts de moisissures. Le risque d’infection néo-natale contractée dans nos structures insalubres est réel », a relevé le Synphot.



Nous rapportions récemment le cas de la Maternité, photos à l’appui, avec des femmes qui accouchent au sol. « Horreur, désolation, détresse, souffrance, épuisement… Les mots pour qualifier ce qu’est aujourd’hui le Centre hospitalier universitaire Sylvanus Olympio (Chu-So) nous échappent. Et il faut être une personne avec un cœur en fer pour ne pas être ému par la situation que vivent patients et personnel soignant. A la maternité du Centre Hospitalier Universitaire Sylvanus Olympio à Lomé, les femmes enceintes à terme sont obligées d’accoucher par terre, faute de lits (…) », écrivions-nous dans une parution en octobre.



On peut continuer la description de la situation calamiteuse des centres de santé publics du Togo. Cet état entraine souvent la mort des patients et fait du CHU Sylvanus un mouroir. Tous ces problèmes posent simplement la question de l’équipement des hôpitaux. Mais les gouvernants ne s’émeuvent guère. Pour toute réponse aux revendications légitimes des personnels soignants, le pouvoir a toujours opposé un prétexte de manque d’argent pour se débiner. Mais on trouve jusqu’à 5,5 milliards pour satisfaire les lubies d’un seul homme…Ici c’est Togo, dira-t-on.



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