novembre passés, les premières autorités ne cessent d’affluer ; après le passage des différentes délégations gouvernementales, des organismes des droits de l’homme et des ONGs, c’est le tour de la délégation du parti politique Alliance Nationale pour le Changement (ANC). Cette délégation a séjourné dans la ville de Mango du 09 au 11 novembre 2015.
Conduite par l’honorable Alphonse Kpogo, l’ANC a voulu constater les faits sur le terrain ; une occasion pour soutenir les blessés libérés suite à l’hospitalisation et encore hospitalisés.
La délégation a été reçue deux fois de suite par le préfet de l’Oti, le Colonel Hodabalo Awaté ; de la préfecture, la délégation a mis le cap sur Akpossou, un village situé à 07 km au nord de la ville de Mango. Ici, la délégation rencontre la famille SAYA qui a perdu leur fils Saya Abdou, une quarantaine, père de cinq enfants tué le 06 novembre ; la délégation après les salutations de compassion à toute la famille, s’est dirigée vers la tombe de ce dernier pour un recueillement.
Du village Akpossou, l’honorable Alphonse Kpogo et sa suite se sont dirigés vers la famille Nadjo en pleine ville de Mango. Le nommé Nadjo Alim Yao est la seconde victime ayant perdu sa vie le 06 novembre. A 18 ans, Nadjo Alim Yao est apprenti soudeur.
Les deux familles ont expliqué à la délégation de l’ANC, les conditions dans lesquelles sont morts leurs membres ; selon les deux familles, « tous les deux succombent suite à des tirs à balle réel au niveau du monument de la ville ».
Saya Abdou,a été inhumé le samedi 07 novembre en fin de matinée ; d’après son frère aîné, M. Saya Donzo, « l’enterrement de mon frère n’a pas été une chose facile. D’abord, le vendredi quand on a appelé pour m’informer de la mort de mon frère, je me suis rendu en ville pour vérifier l’information avec un autre frère. Nous sommes allés voir que le petit frère est couché mort, le sang partout, son second était aussi là bas. De là, nous sommes repartis et peu de temps après, le préfet m’a appelé de venir chercher le corps de mon frère et je lui ai dit que je ne suis pas seul membre de la famille, je vais contacter les autres frères pour la conduite à tenir. Il m’a dit que l’autre famille est déjà venue chercher leur corps. Je n’avais rien compris car on s’était entendu de ne pas enterré les corps, que ceux qui les ont tué les enterrent. Je me suis rendu à l’hôpital voir qu’effectivement, le second corps n’était pas là. J’ai saisi immédiatement la famille de l’autre décédé. Ils m’on t dit que c’est faux, qu’ils n’ont pas encore pris le corps de leur enfant. J’ai compris qu’il ya un petit jeu et je suis reparti.
Le préfet me rappel encore une fois de venir chercher le corps ; je me suis rendu et j’ai constaté que le corps de mon petit frère Abdou est en décomposition, on lui reconnait plus, il est enflé tellement que…et comme ce à pleurer. Dépassé, j’étais obligé de ramener le corps pour l’inhumation. Quand on est arrivé à la maison le samedi matin, les jeunes m’ont appelé que c’est comme ça ils ont appris que je suis allé chercher le corps du petit frère, j’ai dit oui, c’est vrai, on va l’enterré.
En ce moment on creusait la tombe ; ils m’ont dit de ne pas l’enterré, de ramener le corps en ville et que les deux corps être conduits chez le préfet. J’ai dit, moi je n’ai plus d’argent pour transporter de nouveau, le corps jusqu’en ville. Ils m’ont dit qu’ils vont arriver avec une voiture pour chercher le corps. Ils étaient en train de chercher un taxi pour venir chercher le petit frère quand la voiture des militaires a encore marché sur les autres. Ayant appris cela et comme le corps est en décomposition avancée, j’ai ordonné pour qu’on enterre le petit frère car je ne peux pas attendre voir mon frère pourrir. Et donc c’est comme on l’a enterré vers 11h ». Quant au papa de Alim Yao, M. Nadjo Ali, « nous étions tous dans la marche, arrivé au niveau du monument, les soldats ont commencé les tirs ; c’est là que mon garçon a trouvé la mort, il a reçu la balle au front. Comme on tirait les fusils, on a fuit d’abord et après j’apprends que mon enfant fait parti des deux morts. Je suis allé à l’hôpital où ils conduits. J’ai vu que mon enfant est vraiment mort avec du sang sur tout le corps.
On m’a demandé tous les renseignements d’identité sur l’enfant et moi-même. Je suis revenu à la maison et vers 22h, on a amené le corps de mon garçon en cachette ; bien avant ça, le préfet a appelé un de mes frères depuis Lomé dans le but de me dire pour chercher le corps mais nous avons refusé. Je ne sais comment ils ont fait, ils ont ramené le corps et quand les autres jeunes ont appris qu’on veut enterrer leurs camarades en cachette, ils sont venus sortir le corps par force et le ramené déposé chez le préfet qui a finalement envoyé le corps à la morgue de Dapaong. Donc aujourd’hui, l’enterrement de mon enfant n’est plus mon problème, mais le problème de toute la population ».
Suite à ces explications, la délégation a voulu comprendre concrètement, les vraies causes de ces manifestations ; toutes les deux familles ont déclaré que « depuis la création de la faune, celle-ci a constitué une menace perpétuelle pour les populations. Du temps du commandant Djoua Yoma, préfet à l’époque, les parents ont été bastonnés, menacés et même tués. La destruction des maisons dans le village de Napougou le 23 mai 2015 vient aggraver la situation. A cette date, les militaires ont fait une descente brusque et brutale pour détruire toutes les maisons dans ce village.
Au total, 14 familles ont été sa ns abri, 38 cases brûlées, 10 bergeries et 07 poulaillers ont été détruits. Ailleurs, d’autres ont vu leurs pièces d’identité consumées par le feu, et même des vivres pour certains sont partis en cendre. S’il faut perdre les vies pour sauver la vie des animaux, on préfère qu’elle n’ait pas vie. Nous connaissons parfaitement le bien fondé de la faune, mais le sort que vit la population de la préfecture de l’Oti ne nous donne pas une fierté d’aimer encore la faune chez nous ». De là, la délégation a continué ses visites avec celle d’une vieille de presque 75 ans, victime de bastonnade par les militaires lors de leur chasse à la sorcière le 06 novembre passé ; l’honorable et sa suite ont foncé jusqu’à Napougou pour constater la destruction des maisons dont ont relaté les familles Saya et Nadjo.
Désolation, désespoir et tristesse dans les visages s des populations de ce village qui ont refait leur toiture et continuent leurs activités agricoles. Interrogées, ces populations demandent où aller ; on ne nous pas montrer où nous pouvons aller rester alors que nous sommes des cultivateurs. Si non nous avait dit où aller, on se transporterait pour s’y installer là bas, donc nous demandons une clémence à nos dirigeants, de nous trouver un endroit sûr pour continuer nos travaux. La dernière étape des visites est celle des malades encore hospitalisés à l’hôpital Esperance de Mango ; deux hommes et deux femmes sont encore sous traitement. La délégation a transmit les souhaits de prompte rétablissement du président national de l’ANC Jean Pierre Fabre.