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Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies: le Togo souille son entrée par les massacres de Mango
Publié le dimanche 15 novembre 2015  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait
Séance de questions orales autour du drame de WACEM, à Tabligbo
Lomé, le 22 octobre 2015. Parlement. Les ministres Bawara et Bidamon, épaulés par leur collègue Pius Agbetomey ont répondu à la question suivante de Jean Kissi : «Dans quelles conditions le drame de WACEM s’est-il produit, les mesures d’aide aux victimes, des éclaircissements sur le type de contrats liant l’Etat togolais et les industries minières… ».


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5 morts et plusieurs blessés. C’est le bilan macabre des événements survenus les 6 et 7 novembre à Mango dans la préfecture de l’Oti située au nord du Togo. La gâchette des forces de l’ordre a réprimé la manifestation de la population hostile à la réhabilitation de la faune et de la flore par le gouvernement. Une répression qui souille l’élection du Togo au Conseil des Nations unies.

Comme si le Togo venait de recevoir la palme des droits de l’Homme. 189 voix sur 192 votants. C’est le score réalisé par le Togo le 28 octobre dernier lors de l’Assemblée générale des Nations unies qui a élu 18 membres au Conseil des droits de l’Homme. L’admission a été célébrée avec un grand boucan médiatique. Mais à peine deux semaines après, la réalité a mis a nu le pouvoir en place qui ne s’embarrasse pas de fouler aux pieds les dispositions nationales et internationales en matière de respect de la vie humaine auxquelles il a souscrit.

Le drame intervenu à Mango est assez illustratif des actes de ce régime qui n’hésite pas à tirer
à balles réelles sur ses propres citoyens. Anselme Sinandaré et Douti Sinanlengue, deux jeunes élèves abattus froidement par les forces de l’ordre à Dapaong en 2012, le jeune menuisier tué à Aného dans la répression sanglante des vendeurs du carburant illicite cette année, les récentes tueries de Gléi sont des exemples parmi tant d’autres.


Ce qui s’est passé ce week-end à Mango met en exergue les récurrentes violations des droits de l’Homme au Togo et contredit tout le tambour autour de la reconnaissance des Nations unies. Pour avoir manifesté sa désapprobation du projet de réhabilitation de la faune et de la flore, Mango doit encore payer son « tribut » qui est celui d’enterrer ses fils au nom des animaux ! Une tragédie qui rappelle un passé douloureux et dont les plaies ne sont pas encore cicatrisées.

En effet, au temps fort de la dictature de Gnassingbé Eyadéma, la préfecture de l’Oti était assujettie à son sport favori, la chasse. Il y avait aménagé des réserves d’animaux et imposé des mesures draconiennes. Et parmi ces mesures, interdiction était faite à la population de troubler le repos des animaux et d’en consommer la viande.

C’est le Colonel Djoua de triste réputation qui se chargeait de mener les expéditions punitives. Dans son zèle inouï, beaucoup ont laissé leurs vies. Pendant ce temps, l’ex-chef d’Etat chassait par hélicoptère, gênait le pays voisin le Bénin et a failli engendrer un incident diplomatique, a rapporté Andoch Bonin dans son livre « Le Togo du Sergent au Général ».

Ce sont ces tristes souvenirs, avec en toile de fond la délocalisation qui ont amené la population de Mango à descendre dans la rue. En face, elle n’a rencontré que l’artillerie lourde des militaires convoyés du camp de Nipourma. Une violente répression qui contraste avec l’élection du Togo au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. De quoi s’interroger sur la crédibilité d’un tel choix.

Admission au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, du pur formalisme ?

Pour qui vit la réalité du respect des droits de l’Homme au Togo, cette élection est un mépris aux victimes de leur violation. Il est connu de tous que l’impunité est érigée en règle et que le Togo ne fait pas figure de bon élève au regard des nombreuses violations. C’est pourquoi, on en vient à se demander si ces élections ne cachent par des enjeux qui dépassent les populations soumises aux différentes formes de transgression de leurs droits.

Une certaine hypocrisie entoure l’ONU et ses institutions qui se discréditent davantage aux yeux des populations qu’elles prétendent assister. Cela se voit aussi par certaines de ses missions expresses où deux jours ou deux semaines suffisent à ses émissaires pour publier des rapports sur des pays. Des missions qui s’appuient généralement sur des données statistiques alors qu’entre les chiffres et la réalité, il y a un fossé. On en veut pour preuve les chiffres sur la croissance, mais qui n’ont pas d’incidence sur le panier de la ménagère.

Mais pour des pays comme le Togo où des droits de l’Homme sont foulés aux pieds, le formalisme d’une élection au Conseil des Nations unies pour les droits de l’Homme est exhibé comme une avancée. Heureusement que les faits sont têtus. Et le triste cas de Mango est une preuve irréfutable de la réalité des droits de l’Homme sous Faure Gnassingbé.

Anani GALLEY (L’ALTERNATIVE)

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