Lorsque nous avions écrit que la préfecture du Golfe s’apparente à une « sous préfecture autonome », nous ne croyions pas si bien dire. Il existerait une administration parallèle à celle établie par les autorités et qui leurs échapperait. Dans ce qu’il faut appeler une administration bis, les affaires se font sur le dos du citoyen. Et ce sont les Comités villageois de développement (CVD) et les associations qui en font les frais.
Les sommes prélevées pour les déclarations des CVD et des attestations de reconnaissance d’associations iraient dans une caisse noire. La préfecture disposerait d’un cachet pour deux caisses donc. Une qui collecte les recettes déclarées, et l’autre pour les frais non déclarés. Et c’est cette dernière qui alimente les poches de certains responsables de la préfecture qui se la coulent douce. La pratique, selon les pièces dont la Rédaction de l’ALTERNATIVE a eu copie, date de plusieurs années.
Ainsi en septembre 2012, un reçu provisoire a été délivré en guise d’attestation de reconnaissance d’association contre une somme de 3000FCFA. Le plus récent des reçus date de l’année dernière. Tous ces détails illustrent la gestion de la Préfecture du Golfe. Certains cadres, en vertu des pouvoirs dont ils disposent et de leurs accointances avec le parti UNIR au pouvoir, ont mis en place ce système de détournement et de prévarication.
Tout se passerait dans une opacité totale. Mais depuis peu, les langues se délient et lèvent le voile sur ces détournements opérés sur le dos de l’Etat et des citoyens victimes de ces individus véreux flanqués d’attributs administratifs. A priori, ces faits d’incivisme devraient étonner. Mais comme ici c’est Togo, ces pratiques sont à ranger dans les faits divers puisque leurs auteurs ne sont généralement inquiétés de rien. Ils sont au contraire galvanisés dans leurs actes et n’hésitent pas à narguer leurs collaborateurs accusés à tort ou à raison d’ébruiter leurs mauvaises pratiques.
On arrive à comprendre pourquoi il est toujours dit que les mairies et les préfectures ne font pas assez de recettes. De telles caisses noires ne peuvent constituer que des gouffres pour l’Etat qui n’est pas non plus à excuser, étant en partie responsable. Non seulement il y a absence d’un véritable contrôle, mais aussi les hommes qu’il place à la tête de ces entités territoriales sont peu recommandables.
Pour preuve, il y a très longtemps que la préfecture du Golfe est prise en otage par deux personnes. Le préfet Koffi Mélébou dont les frasques se ramassent à la pelle et le président de la Délégation spéciale Kossi Aboka le « démolisseur ». Les deux ne se supportent pas et les actes qu’ils posent ternissent l’image de la préfecture, et par ricochet du ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales dont ils dépendent; mais ils sont confortés à leur poste pour le grand malheur des citoyens.
C’est sous la tutelle de ces deux autorités que s’opèrent ces détournements. De 2012 jusqu’à ce jour, on peut aisément se faire une idée de ce qui va dans les poches de ces prévaricateurs. 10.000FCFA pour une déclaration de CVD, 3000FCFA pour celle d’association suffisent à se faire une idée sur le pactole que génère la caisse noire de la préfecture.
Pendant combien de temps cette caisse noire continuera-t-elle à alimenter les poches des prévaricateurs de la République ? Bien malin qui le saura, l’impunité a le vent en poupe au Togo.