BOBIGNY, Un homme de 28 ans a comparu mardi devant la
cour d’assises de Bobigny pour des viols et violences commis sur trois
adolescentes, avec le consentement de leur mère, lors de séances d’exorcisme
destinées à les "désenvoûter".
"J’ai commis quelque chose qui n’est pas bon", a confié à l’ouverture des
débats le jeune homme, pull bleu marine et visage grave, assurant avoir agi
sous l’influence d’"esprits vaudous".
"Pour moi, ça a été un soulagement que toute cette histoire s’arrête", a
ajouté ce père de deux enfants, de nationalité togolaise mais installé en
France depuis 1999, qui affirme à présent "rejeter" la pratique de la religion
vaudou.
Incarcéré depuis les faits, le jeune homme, qui encourt 20 ans de prison,
est accusé d’avoir violé à plusieurs reprises la nièce de sa concubine, alors
âgée de 14 ans, et d’avoir imposé des violences sexuelles à ses deux soeurs
aînées, entre 2010 et 2011.
Lors de cérémonies religieuses, il leur aurait imposé des lavements
génitaux et leur aurait entaillé les mains et les pieds avec une lame de
rasoir, avant d’insérer dans les plaies une poudre noire considérée comme
magique.
La mère des trois adolescentes, âgée de 41 ans, comparaît de son côté pour
"complicité". Elle est accusée d’avoir fourni des préservatifs au violeur
présumé afin qu’il "désenvoûte" sa fille cadette et d’avoir cautionné les
violences exercées lors des séances d’exorcisme.
"C’est le procès de l’obscurantisme et de la crédulité", a souligné en
marge de l’audience Me Daniel Merchat, avocat des parties civiles, mettant en
avant le "climat de superstition" aux conséquences "criminelles".
A la demande des trois soeurs, qui souhaitaient que leurs proches puissent
assister aux débats, le tribunal a décidé de ne pas prononcer le huis clos,
qui aurait été possible en raison de l’âge de la plus jeune d’entre elles.
Cette dernière, à l’époque des faits, vivait au domicile de sa tante à
Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), où elle avait emménagé après avoir
redoublé sa classe de collège pour suivre des études dans un établissement
jugé plus strict par sa mère.
C’est dans une chambre de cet appartement, situé dans la Cité des
Joncherolles, qu’elle aurait été violée par l’accusé, alors concubin de sa
tante, à cinq ou six reprises.
Dénoncé par son beau-frère, lui-même alerté par les soeurs de
l’adolescente, l’accusé avait finalement été interpellé le 24 février 2011,
moins d’une heure après un dernier viol sur sa victime.
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